Une brouille

Par Mafalda

Depuis quelque temps déjà, les familles Levraut et Pigeonnet, jadis très unies, n'avaient plus de relations. Tout cela pour une réflexion faite sans méchanceté par Mme Levraut devant Mme Pigeonnet, et que celle-ci avait mal prise. Un mot d'explication immédiate eût tout arrangé. Mais Mme Pigeonnet avait mieux aimé s'en aller, en faisant claquer les portes.
Et depuis, la brouille durait.
Cependant, si quelqu'un se fût chargé de réconcilier les deux familles, rien n'eût été plus facile, car tous regrettaient leur intimité perdue, mais personne n'osait s'aventurer à jouer le rôle d'intermédiaire, et les choses en restaient là.
Les Levraut avaient deux enfants, Amélie et Jean, respectivement âgés de neuf et sept ans. Le ménage Pigeonnet avait aussi une petite fille, Juliette, à peu près du même âge qu'Amélie, et un petit garçon, M. Bob, bien plus jeune que Jean, puisqu'il n'avait que trois ans et demi.
Bien entendu, dès le premier jour de la brouille, Mme Levraut avait défendu à Jean et Amélie de jouer avec Juliette et avec Bob ; de même que Mme Pigeonnet avait interdit à ses enfants de fréquenter ceux de Mme Levraut.
Mais ni l'une ni l'autre n'ayant réitéré cet ordre, les enfants avaient continué à se voir, en cachette, et c'est ainsi que le jour où commence cette histoire, et qui était un beau dimanche de septembre, une grande partie de plaisir avait été convenue entre eux.
Il s'agissait d'aller jouer dans un immense jardin où les maçons étaient entrain de construire une villa. La porte - Jean qui avait fait cette découverte - n'en était jamais fermée, sans doute pour faciliter les allées et venues des ouvriers, et on pouvait y entrer comme chez soi.
Donc, après le déjeuner, Amélie et Jean partirent d'un côté, Juliette et Bob ne tardèrent pas à les imiter, mais en prenant, on le comprend, un chemin différent, et bientôt tous se trouvèrent réunis dans ce jardin dont la porte, effectivment, était restée ouverte.
Pour comble de bonheur, les maçons avaient cessé leur travail ; nos amis étaient seuls !