Serbie : l'ultranationaliste Nikolic en tête

Publié le 21 janvier 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Le premier volet de la présidentielle annonce un second tour crucial pour le devenir européen de la SERBIE.
Ce n'est pas vraiment une surprise, mais c'est un résultat qui inquiètent celles et ceux qui font le pari d'une Serbie durablement démocratique et susceptible d'intégrer à terme l'Union européenne avec des Balkans enfin pacifiés. Le candidat ultranationaliste Tomislav Nikolic a pris une légère option sur la présidence serbe en remportant, dimanche 20 janvier, le premier tour de l'élection, avec quatre points d'avance sur le chef d'Etat sortant, Boris Tadic.

Le candidat du Parti radical de Serbie (SRS) est arrivé en tête avec 39,6 % des suffrages exprimés, selon les résultats diffusés dans la nuit par la commission des élections. Il devance Boris Tadic, crédité de 35,5 %. Le second tour, le 3 février, est présenté comme crucial pour l'avenir de la Serbie et de ses relations avec l'Ouest. Le candidat du Parti radical serbe (SRS) était déjà arrivé en tête du premier tour en 2004, avant d'être battu au second tour par M. Tadic.

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Mettant en garde contre les risques de retour à l'époque Milosevic en cas d'élection de son rival, le président sortant a appelé les Serbes à se mobiliser en masse au deuxième tour "pour démontrer que la Serbie ne renonce nullement à son cap européen, la voie qu'elle a ouverte en 2000" [année de la chute de Slobodan Milosevic].

KOSTUNICA EN ARBITRE

Les reports de voix seront cruciaux pour l'issue d'un scrutin organisé dans le contexte d'une déclaration imminente de l'indépendance du Kosovo. Les deux candidats sont hostiles à cette issue, mais M. Nikolic y ajoute une certaine forme d'euroscepticisme tandis que M. Tadic est l'avocat d'une adhésion à l'UE.

Selon le Centre pour les élections libres et la démocratie (Cesid), Velimir Ilic, candidat soutenu par le premier ministre serbe, Vojislav Kostunica, obtient quelque 7,6 % des voix et se retrouve en position d'arbitre du second tour. "Une fois de plus, Kostunica est en position de décider le sort de ce pays", commente l'analyste politique Milan Nikolic.

Pour les deux autres candidats non marginaux éliminés au premier tour, les reports de voix devraient bénéficier de manière symétrique aux deux finalistes du scrutin. Milutin Mrkonjic, du Parti socialiste héritier de feu Slobodan Milosevic, est crédité de 6 % des voix. Son électorat devrait se reporter sur M. Nikolic le 3 février. Cedomir Jovanovic, du Parti libéral, a obtenu, lui, 5,6 % des voix, qui devraient aller majoritairement à M. Tadic au second tour.

INCERTITUDE

"J'y réfléchirais à deux fois avant de dire qui est le favori", a déclaré l'analyste politique Djordje Vukadinovic. "Ce résultat annonce un duel très imprévisible au second tour."

Les électeurs se sont mobilisés en masse pour ce premier tour, marqué par une participation record de 61 %. Les analystes y voient le reflet de la crainte de certains électeurs peu engagés politiquement mais qui redoutent qu'une victoire de M. Nikolic retarde les réformes et plombe les perspectives d'adhésion de la Serbie à l'Union européenne. "Les gens ont réalisé qu'il s'agissait d'une élection très importante et que, en fonction de qui l'emportera, la Serbie décidera de sa future orientation, vers l'UE ou la Russie", explique Djordje Vukovic, de la cellule de réflexion du Cesid.

M. Nikolic, dont le Parti radical a repris à son compte les politiques de Slobodan Milosevic, table sur la Russie et le non-alignement, tendance ancienne dans l'ex-Yougoslavie. Il a tempéré son discours nationaliste pour séduire les modérés et les laissés-pour-compte de la transition post-communiste qui regrettent la couverture sociale offerte du temps de la Yougoslavie. Mais il refuse tout compromis sur la province sécessionniste du Kosovo et souhaite que la Serbie trouve un équilibre dans ses relations avec l'Est et l'Ouest.

La perspective de la perte, dans les prochaines semaines ou les prochains mois, du Kosovo, considéré par les Serbes comme le berceau de leur culture, risque d'envenimer les relations avec l'Union européenne et, à ce sujet, le prochain président sera soumis à des pressions tant intérieures qu'extérieures.

M. Tadic est, lui aussi, opposé à l'indépendance du Kosovo, mais il plaide néanmoins pour la signature d'un Accord de stabilisation et d'association (ASA) avec l'UE, considéré comme un premier pas sur la voie d'une adhésion au bloc communautaire. "Je ne permettrai pas que nous replongions vers les années 1990. Je ne renoncerai pas à la lutte pour le Kosovo, pas plus qu'à la lutte pour un avenir européen", a-t-il dit dimanche.(sources; AFP, Reuters)