Les maisons en coton

Par Choupanenette

L'Amérique est fertile en inventions extraordinaires. La plus récente et la plus curieuse est celle du coton à bâtir et des bois artificiels.
Il ne s'agit rien de moins que de bâtir des maisons en coton. Déjà la découverte du procédé a été patentée et essayée avec un succès complet. On se set du coton vert de qualité inférieure, des débris épars dans les champs, même des balayures de fabrique, enfin de tout ce qui est jeté comme rebut et que ne veulent pas prendre les papetiers. On en fait une pâte qui acquiert la solidité de la pierre.
Ce coton architectural est enduit, à l'extérieur, d'une substance qui le rend imperméable à la pluie. Il faudra désormais, pour construire de fond en comble une maison de coton, moitié moins de temps que pour ériger une maison en briques. Elle sera à l'épreuve du feu, tout aussi solide qu'une maison en pierre, et cela coûtera trois fois moins.
Les charpentes seront faites avec de la paille de blé. Ce bois artificiel, excessivement dur, est obtenu par les procédés suivants : la paille est d'abord transformée en feuilles de carton par les procédés ordinaires des papeteries, puis les feuilles empilées sont traitées par une solution qui durcit les fibres. Il suffit ensuite de quelques passages dans un train de laminoirs pour obtenir un produit ayant toutes les qualités du bois de construction. Le traitement chimique subi par la matière la rend imperméable et difficilement combustible.
La menuiserie est fabriquée au moyen d'un carton qui diffère peu du précédent. Il est seulement un peu moins dur. Il se prête à tous les ouvrages de menuiseries. Il se scie, se rabote ; on le cloue, on le colle, on le fend, et il reçoit des moulures absolument comme le bois naturel.
Chauffé devant le feu, on peut le cintrer et lui donner les formes les plus variées ; les couleurs et les vernis s'y appliquent parfaitement et sont plus durables que sur le bois. Le carton est insensible aux variations de la température, il peut être exposé au soleil ou à la pluie sans se fendre.

Article de 1880