Album : Iron & Wine - Kiss Each Other Clean (2011)

Publié le 23 janvier 2011 par Wyngaal
A paraitre le 25 janvier 2011 chez 4AD, Kiss Each Other Clean est le quatrième album de Sam Beam, sous son pseudonyme Iron & Wine.
Cet album est le premier depuis son départ de Sub Pop, une voie que de plus en plus de groupes choisissent (The Thermals, Band of Horses etc..) car l'impact de Sub Pop en Europe est très marginal.
D'ailleurs, je suis assez surpris d'apprendre l'existence d'Iron & Wine à quasiment tout le monde, je croyais qu'il était assez connu, mais il n'en est rien. En France, personne ne le connait à part les quelques folkeux avertis qui se reconnaitront.
Sa voix, son fingerpicking, et l'importance qu'il consacre tant aux mélodies qu'aux paroles font que Sam Beam est un personnage qui compte dans le monde du songwriting américain depuis les années 2000 : Chaque nouvel album est une chose que je suis de très près.

Tracklist :
1. Walking Far From Home
2. Me And Lazarus
3. Tree By The River
4. Monkeys Uptown
5. Half Moon
6. Rabbit Will Run
7. Godless Brother In Love
8. Big Burned Hand
9. Glad Man Singing
10. Your Fake Name Is Good Enough For Me
Comme pour chaque singer-songwriter, ne faire que de la musique de base (mais où l'on excelle) lasse assez vite. Sam Beam essaye donc au fil des années de créer des nouvelles chansons, en y rajoutant des arrangements pour donner une ambiance particulière.
En ce moment, la grosse mode est à l'électro, tous les singer-songwriters font dans ce genre là (Sufjan Stevens, Destroyer).
On voyait mal comment Sam Beam, avec son The Creek Drank The Saddle aux sonorités très folk-alt country aurait pu toucher à l'électro un jour. Au fil du temps, la musique de Sam Beam a évolué avec la sortie de l'excellent The Shepherd's Dog en 2007, possédant une teinte africaine et une toute autre ambiance.
Car Sam Beam ne s'est pas arrêté en si bon chemin. Avec Kiss Each Other Clean, il nous montre clairement, à travers l'ouverture Walking Far From Home, qu'il souhaite partir vers un horizon pourvu de synthétiseurs et de nouvelles sonorités.
En revanche, on est toujours pas dépaysé par sa douce voix, ses belles harmonies et une fin à couper le souffle.

Là où j'ai vraiment du mal à accrocher, c'est sur les morceaux très monotones comme Me & Lazarus, Big Burned Hands ou Monkeys Uptown qui possède des arrangements superflus qui cachent le manque d'intérêt des chansons elles-mêmes.
On notera encore la présence du saxophone, la grande mode en ce début d'année 2011! Sam, tu m'as habitué à bien mieux...
Par contre, je pense sincèrement que ces chansons seraient beaucoup mieux passées chez moi s'il avait gardé les arrangements afrobeat que les synthétiseurs.
Fort heureusement, je reconnais l'Iron & Wine que j'aime avec des merveilles comme Tree By The River ou Half Moon, qui a énormément d'arrangements (xylophone, chœurs, synthétiseurs, et... basse! très rare chez Iron & Wine).

Half Moon (Live on Jimmy Fallon)
Le coté mielleux et calme d'Our Endless Numbered Days ressort ici avec Godless Brother In Love, une chanson douce et mielleuse possédant des très beaux arrangements au piano pour le coup.
Avec Sam, j'étais habitué a des fins d'albums sublimes (Flightless Bird, American Mouth ou encore Passing Afternoon) et les 2 dernières sont probablement les meilleures de cet album.
Glad Man Singing est une grosse démonstration du potentiel vocal du célèbre barbu, avec une intensité telle que je suis resté 5 minutes avant de reprendre mes esprits lors de sa Daytrotter session. Les arrangements sont aussi très beaux, hats off Sam!
La chanson fleuve de l'album, Your Fake Name Is Good Enough For Me est une chanson démontrant qu'Iron & Wine est toujours l'un des plus grands singer-songwriters de notre époque. Un condensé des sonorités de l'album à travers le saxophone omniprésent et une chanson en 2 parties : upbeat puis un gros decrescendo où Sam chante en boucle d'une façon hypnotique et interminable, un peu comme The Trapeze Swinger.
A écouter : Walking Far From Home, Tree By The River, Half Moon, Godless Brother In Love, Glad Man Singing, Your Fake Name Is Good Enough For Me.
Verdict :
Kiss Each Other Clean continue l'ouverture de The Shepherd's Dog avec un album aux sonorités un peu plus recherchée mais que je trouve quand même assez décevant sur certaines chansons.
On peut se demander si ça vallait vraiment le coup d'être toujours à la recherche constante d'arrangements pour ses chansons, surtout quand on sait ce qu'il vaut seul à la guitare acoustique.
Je préfère personnellement Sam seul avec sa guitare, l'ambiance boisée qui s'en dégage mais aussi l'intensité de son chant. En rajoutant des arrangements en surnombre, je trouve que les chansons perdent de leur magie.
Cet album reste néanmoins très largement au dessus de la moyenne, je ne l'apprécie pas autant que The Shepherd's Dog ou Our Endless Numbered Days mais la qualité est bien présente. Sam reste quand même l'un des chanteurs les plus talentueux sur qui l'Amérique peut compter.
Il sera à l'Alhambra le 17 février, je le répête mais c'est immanquable, surtout que ses venues sont assez rares à Paris.

8/10