Tunisie : le loupé de la diplomatie sarkozienne.

Publié le 22 janvier 2011 par Radicallibre77

Dire que le gouvernement Sarkozy s'est loupé sur la Tunisie et la révolution du jasmin, est assez faible. Le Chef de l'Etat français et ses ministres se sont littéralement plantés.

Depuis le début du quinquennat, il était évident que l'Elysée et son locataire, avaient fait de la politique extérieure de la France, plus qu'un domaine réservé, une totale exclusivité. Faisant du ministre titulaire du poste, Bernard Kouchner, un simple porte-parole des conseillers élyséens, articulé comme un pantin de ventriloque.

L'arrivée, en novembre dernier, de Michèle Alliot-Marie, si elle ne laissait pas penser à un changement de gouvernance de la part de Nicolas Sarkozy, pouvait faire espérer, en un retour de professionnalisme, sinon diplomatique, au moins politique, au Quai d'Orsay. Les récents évènements ont bien démontré le contraire.

Tout d'abord, l'attitude du régime sarkozyste face à la dictature Ben Ali a été sans contestation, aucune, d'une rare complaisance, depuis le début du mandat.

Certes, tous les gouvernements français, de Gauche comme de Droite, ont toujours fermé les yeux sur la politique anti-démocratique du Président tunisien. Cela relève de la doctrine qui veut que dans une région instable, rien de vaut une bonne vieille dictature pour assurer la pérennité de la présence française et des investissements des entreprises hexagonales. Ce qui est vrai en Afrique sub-saharienne, l'est tout aussi, dans le Maghreb.

Mais nos gouvernants actuels, ont fait preuve d'un autisme coupable, alors que la dictature Ben Ali violait les droits de l'Homme, d'une manière à chaque fois plus violente et féroce. Il est vrai, que nul ne peut reprocher à Nicolas Sarkozy d'être un “droit de l'Hommiste”. Bien au contraire, il a nous démontré, depuis son investiture, qu'il préférait la compagnie des puissants qu'apporter son soutien aux peuples en souffrance, broyés par les dictatures.

Dans le cas, de l'Afrique du nord, et particulièrement, de la Tunisie, il est facile de constater que la politique sarkozienne est basée sur deux axes principaux.

La lutte contre le terrorisme islamique. C'est au nom de cette lutte, que la France soutenait depuis 23 ans, Ben Ali et sa clique d'affairistes familiaux. Et Sarkozy plus que tout autre, pariait sur le fait que seule la dictature de Tunis était un rempart à l'islamisme, alors qu'au contraire, elle pouvait en être le terreau, comme l'Algérie et l'Egypte en sont les exemples régionaux. L'obsession anti-islamiste aura laissé le champ libre à une dictature parmi les plus répressives, qui aura, en 3 semaines, causé la mort de plusieurs dizaines de manifestants.

Une lutte anti-terroriste qui n'aura pas empêché l'administration Obama, de percevoir rapidement les enjeux de la révolution de jasmin, en ce plaçant du bon coté de la rue. Celui où se trouvaient les combattants de la Liberté. Au coté du peuple.

Alors que le Gouvernement Sarkozy proposait à Ben Ali de l'aider, en envoyant des policiers spécialistes des émeutes, pour mater la population de Tunis. Au moment, où la police tunisienne tirait à balles réelles sur les manifestants. Sans doute, un réflexe sécuritaire bien ancré, aujourd'hui, dans toutes politiques de l'UMP. Il aurait, certainement, été plus conforme, à la tradition française, d'exiger la cessation immédiate de ces tirs. Mais, ces gens là, ne se referont pas…

Le deuxième axe est le soutien recherché, au joujou diplomatique de Nicolas Sarkozy : l'Union Pour la Méditerranée.

Une UPM qui a amené notre pays à courbé l'échine devant le colonel libyen, Khadafi.

Un projet, qui aurait pu permettre à la rive sud de la Méditerrané, de se frayer une voie vers la démocratie et le progrés social et économique, tout en favorisant une meilleure compréhension, entre les 2 cotés de la Grande Bleue. Une bonne idée en soi.

Mais pour le Chef de l'Etat, cette UPM, n'a été qu'une occasion de se faire mousser et de faire de somptueuses dépenses, sans aucune mesure, avec les résultats obtenus en 3 ans. Et pour arriver à ce triste résultat, Nicolas Sarkozy avait besoin du soutien des dirigeants d'Afrique du nord, dont Ben Ali.

Deux raisons, pour lesquelles, le peuple tunisien, à travers tout le pays, ne pouvait attendre un geste de soutien de la République française.

Aujourd'hui, la France est totalement discréditée, pour son soutien tardif à la révolution de jasmin. Par incompétence ou coupable calcul, Sarkozy, Fillon et Alliot-Marie, auront laissé le régime Ben Ali, avant de s'écrouler, faire couler le sang de ses compatriotes. Le sang de la jeunesse tunisienne et des militants de la démocratie.

Une population de Tunisie que bien des discours officiels tentaient de nous montrer combien, notre pays se sentait proche.

Sarkozy nous aura fait la démonstration qu'on peut être proche d'un dictateur d'un pays et très loin de son peuple.