Georges J. Arnaud – Hyacinthe et Narcisse Roquebère enquêtent

Par Pikkendorff

“C’est inadmissible qu’on ne prête pas assez d’attention au détail le plus intime, justement celui qui peut conduire à l’abîme.” 

Décembre 1829, Paris conspire ; un froid exceptionnel règne ajoutant les tensions sociales aux joutes politiques.  En seulement quarante ans, des hommes ont vu se succéder la monarchie, la révolution, le directoire, le consulat, l’empire, la restauration par deux fois… Avec une élégance discrète Georges Arnaud peint admirablement un arrière plan politique et social transportant son lecteur ravi au temps des fiacres, des barrières de Paris, du bagne, un régime une fois de plus à bout de souffle entre ses Ultras, les bonapartistes, les républicains, les conventionnels… Un temps que les moins de 200 ans ne peuvent pas connaître.

Approfondis à souhait, le lecteur s’attachera aux personnages de l’ancienne et respectée étude Roquebère.   Les avoués Hyacinthe, sérieux et curieux, et son jumeau Narcisse, joueur et viveur, prennent prétexte des affaires de leur industrie pour débusquer des criminels puissants et intouchables accompagnés de sicaires et tire-à-droite.  L’’équipe ne serait pas complète sans Séraphine, leur jeune saute-ruisseau, qui, entre exploits et placets, s’aventure nuitamment dans les maisons par les cheminées  et enquête dans les quartiers mal famés.

Malgré un style parfois un peu pesant avec des répétitions et des formules lourdes, le lecteur s’enthousiasmera à la lecture de ses 3 enquêtes : L’homme au fiacre, le Rat de la Conciergerie et la congrégation des assassins - aux scénarios bien pensés parfaitement intégrées à l a grande histoire.   

Les barrières de Paris et les propyléesde Ledoux

“Il n’était pas à son aise dans ce quartier mal fréquenté où, disait-on, la police ne se hasardait que rarement, laissant la place aux gendarmes d’au-delà les barrières ou encore à la troupe, quand le brigandage et les crimes se multipliaient. […] Dans cet apparent désert aux cahutes informes dispersées, aux buissons rachitiques, grouillaient dans une clandestinité entretenue avec soin les membres d’une famille effroyable, tous voleurs, assassins, dépeceurs, profanateurs. ”

Les bagnards et les tire-à-droite

“Une fois accouplés à leur compagnon d’infortune, les bagnards établissaient vite un statut quo de dominé et de dominant.  Celui qui acceptait l’autorité de l’autre portait la manicle à la cheville gauche, ce qui faisait des tire-à-droite des hommes redoutés.”


Un quinquet

“Voyez-vous cette lampe où, muni d’un cristal,

Brille un cercle de feu qu’anime l’air vital ?

Tranquille avec éclat, ardente sans fumée,

Argand la mit aujour, et Quinquet l’a nommée.”

Merci à la Librairie L’Atalante sise à Nantes pour cette excellente réédition de ses romans parus entre 1998 et 2000 en deux volumes de trois romans chacun, 20€ et 478 pages

Merci à Madame Charlotte pour cette recommandation de lecture.

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Lectori Salutem, Pikkendorff