Benfluorex et médecine d'état

Publié le 25 janvier 2011 par Thegap

Malheureusement cette retentissante mise à l'écart des anorexigènes ne permettra pas aux français de comprendre la pharmacologie! La dénomination commune internationale des médicaments est une nouvelle fois ignorée au bénéfice du nom de marque! On parle du Médiator au lieu de parler du benfluorex, ainsi on oublie Benfluorex Mylan et Qualimed qui sont du benfluorex!
Le benfluorex donc est au banc des accusés! Soit mais qui a autorisé sa mise sur le marché et son remboursement?
L'état!
Car la médecine française est une médecine d'état, une médecine qui ne décide de rien et encore moins de la façon de traiter les gens. Certains bureaucrates s'étouffent de plaisir, les médecins sont tellement nuls disent ils en privé! Oui mais qui forme les médecins? L'état bien sur et les facultés de médecine française sont financées, dirigées et contrôlées par l'état.
Mais des patients sont morts après avoir ingéré du benfluorex...
Le premier cas d'atteinte valvulaire a été décrit par des barcelonais en 2003.
http://www.revespcardiol.org/watermark/ctl_servlet?_f=10&pident_articulo=13047681&pident_usuario=0&pident_revista=255&fichero=255v56n02a13047681pdf001.pdf&ty=39&accion=S&origen=cardioeng&web=www.revespcardiol.org&lan=en
Ensuite en 2006 une équipe toulousaine décrit un autre cas.
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1472-8206.2006.00441.x/abstract
Combien sont morts on ne le sait pas vraiment. En revanche ce que l'on devrait savoir avec une plus grande précision c'est qui a prescrit et dans quelles indications, AMM ou hors AMM.
Pour pallier ces situations où des effets secondaires graves sont imputables à une molécule déjà autorisé il y la pharmacovigilance. Une autre officine d'état. il y a aussi des agences AFSSAPS, HAS qui ont aussi pour mission de lire la presse médicale internationale.
Pour faire la lumière en urgence sur cette affaire vieille de plusieurs années, qui a-t-on appelé? Une autre officine d'état qui jusque là était bien silencieuse, il est vrai que je n'ai pas vérifié mais l'IGAS ne peut pas s'autosaisir, prudence!
Devant les différentes lenteurs, faillites et autres silences inexplicables cet organisme d'état l'IGAS veut nous vendre une vérité bien équilibrée, oui les agences ont été lentes mais Servier est un épouvantable vampire assoiffé de profit. Le médecin jospinien qui a trouvé refuge à l'IGAS et qui a coécrit ce rapport connaît bien la politique et il flatte ainsi le sentiment bien répandu dans l'opinion de gauche et du centre selon lequel le profit, l'argent sont finalement les vrais coupables. C'est finalement une autre version du même leit motiv entendu à propos de la crise financière (les spéculateurs au pilori mais motus sur la dette colossale des états) ou bien des pays "pauvres" (taxe Tobin devenue Sarkozy pour le dernier G20 alors que c'est de libre entreprise et de démocratie qu'ils ont besoin). la réponse à ces litanies marxistes est simple, il est infondé d'accuser Servier car dans tous les autres pays le benfluorex a été retiré du marché avant la France. Il ne s'agit donc pas d'un problème de profit, de capitalisme ou de d'entreprise privée mais bien d'une faillite du régulateur étatique français.
Dans le même temps il est bon de rappeler quelques points de bon sens.
La vérité est toute simple aucun médicament n'est exempt d'effets secondaires immédiats ou retardés. Xavier Bertrand aurait du le rappeler aux français qui sont pour certains d'énormes consommateurs.
Les agences d'évaluation doivent être indépendantes de l'état et des laboratoires phamaceutiques et l'EMEA suffit ce qui contribuera à diminuer les dépenses publiques françaises.
S'agissant des patients atteints de valvulopathies ou d'HTAP (hypertension artérielle pulmonaire) il est évident que chaque cas doit être examiné et que les statistiques actuelles sont imprécises car notre sécu est incapable de fournir des statistiques précises depuis toujours...
S'agissant de la responsabilité des uns et des autres je note que si le Benfluorex a été prescrit chez des diabétiques type 2 après échec d'un régime (donc dans l'indication qui a conduit à l'AMM) l'état est bien sur responsable quitte à se retourner ensuite contre Servier ce qui ne manquera pas de déclencher des pressions politiques et syndicales sur le risque de perte d'emplois. En revanche si la prescription a été faite hors AMM pour perdre du poids chez un individu non diabétique type 2 il n'y a aucune raison pour que l'état soit responsable de prescriptions qui ne relèvent pas de l'AMM, la sécu pourrait demander le remboursement des actes et des médicaments et la responsabilité professionnelle du praticien pourrait être appelée par ce dernier en garantie. Sauf à considérer que cette pratique est pénale ou bien que la compagnie d'assurance refuse de se porter garante du praticien en question dans ces circonstances... Le premier cas serait largement minoritaire dans les prescriptions...
La bataille juridique ne fait que commencer. Dans le premier cas ce sera une indemnisation par un fond c'est à dire en général assez peu; dans le second cas il y a place pour un bonus.
Référence
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/grande-consommation/actu/0201096594134-servier-pret-a-participer-au-fonds-d-indemnisation.htm
Suite du feuilleton on apprend:
1/ que des études sur le Benfluorex probablement réalisées avec de l'argent public ont été réalisées en 2009:

CISIH-SUD Clinical Research Department, Pôle Oncologie Spécialités Médicales et Chirurgicales, CHU Sainte-Marguerite, APHM, Marseille, France. isabelle.poizot@mail.ap-hm.fr

Abstract

PURPOSE: We previously reported a beneficial effect of benfluorex (BFL) on oral glucose tolerance test (OGTT) and visceral fat mass in an open-label study conducted in 60 HIV-infected patients. The objective of this study was to assess whether administration of BFL compared to placebo (PBO) improves insulin resistance (IR) in HIV+ patients with HAART- induced lipodystrophy.
METHOD: 22 HIV-infected patients with IR or impaired glucose tolerance were double-blind randomly assigned to receive BFL 3 tablets/day or PBO for 24 weeks. Efficacy assessments included OGTT, abdominal computed tomography, and the measurement of fasting lipids.
RESULTS: Change of median insulin AUC was -53.0 microIU/mL (IQR, -126.0 to -12.7) in the BFL group vs. +33.6 microIU/mL (IQR, 7.0 to 115.6) (p = .01) in PBO group. Weight decreased significantly in the BFL group (-2 kg +/- 2.6; IQR, -6.8 to 2.0) compared to the PBO group (0.8 kg +/- 1.7; IQR, -2.0 to 0.5) (p = .02). No significant changes in visceral or subcutaneous fat mass and plasma lipid level were observed between the two groups.
CONCLUSION: Added to antiretroviral therapy, a 6-month therapy with BFL improved insulin sensitivity but is not sufficient to reduce significantly visceral fat mass.

PMID: 19362994 [PubMed - indexed for MEDLINE]
2/ que le benfluorex est aussi utilisé comme dopant! Si bien qu'une technique de dosage a été validée dans cette publication:

Institute of Biochemistry-Center for Preventive Doping Research, German Sport University Cologne, Am Sportpark Müngersdorf 6, 50933, Cologne, Germany, m.thevis@biochem.dshs-koeln.de.

Abstract

Benfluorex [1-(m-trifluoromethylphenyl)-2-(β-benzoyloxyethyl)aminopropane] has been widely used for the treatment of atherogenic metabolic disorders and impaired carbohydrate metabolism (particularly in obese type-II diabetic patients) as well as an anorectic drug. Due to its potentially performance-enhancing properties, benfluorex has been added to the list of prohibited compounds and methods of doping by the World Anti-Doping Agency (WADA) in 2010, necessitating the implementation of the drug as well as its major metabolites into routine doping control procedures. In the present study, human urinary metabolites of benfluorex were characterized by gas chromatography-electron ionization-mass spectrometry (GC-EI-MS) as well as liquid chromatography-electrospray ionization-high resolution/high accuracy tandem mass spectrometry (LC-ESI-MS/MS). Commonly employed sports drug testing approaches consisting of liquid-liquid extraction followed by GC-MS or urine dilution and immediate LC-MS/MS analysis were expanded and validated with regard to specificity, recovery (48-54%, GC-MS only), intra- and interday precision (<25%), limits of detection (5-8 ng/mL for LC-MS/MS and 80 ng/mL for GC-MS), and ion suppression (for LC-ESI-MS/MS only) to allow the detection of benfluorex metabolites 1-(m-trifluoromethylphenyl)-2-(2-hydroxyethyl)aminopropane (M1), 1-(m-trifluoromethylphenyl)-2-(2-carboxymethyl)aminopropane (M2), and 1-(m-trifluoromethylphenyl)-2-aminopropane (M3) as well as the glucuronic acid conjugate of M1.

PMID: 21116611 [PubMed - as supplied by publisher]

En réalité c'est bien plus intéressant que ne le raconte la presse mais sur le dopage, l'amaigrissement pour convenance motus! C'est tellement plus simple de schématiser et d'opposer les victimes innocentes et les laboratoires peu scrupuleux...

2/ Que la liste des patients s'allonge car des patients HIV + se sont vus prescrire du benfluorex pour la lipodystrophies induites par les traitements antiviraux:
http://www.123people.fr/ext/frm?ti=person%20finder&search_term=isabelle%20poizot&search_country=FR&st=person%20finder&target_url=http%3A%2F%2Fosi.bouake.free.fr%2F%3FMediator-le-VIH-entre-dans-la&section=blog&wrt_id=272

3/ Que comme nous l'avions annoncé mais pas pour le même motif des médecins vont être mis en cause directement par des patients. le but étant de récupérer leur dossier médical... Ce serait tellement plus simple que la Sécu envoit à chaque patient ayant eu un remboursement de benfluorex (j'insiste quelle que soit la marque) une copie des éléments de prescription... Pour autant les médecins ont tort de ne pas fournir le dossier sauf à considérer que la révélation d'informations contenues dans ce dernier serait de nature à aggraver leur responsabilité. Enfin dans cet article on apprend que le représenatnt de l'UFC que choisir prend partie contre Servier alors que je le répète c'est probablement une très mauvaise tactique à conseiller. Soit l'état est responsable comme auteur de l'AMM soit le médecin est responsable pour avoir prescrit hors AMM!
http://www.francesoir.fr/actualite/sante/mediator-certains-patients-malades-vont-poursuivre-leur-medecin-92158.html

4/ L'Ordre et la réalité
"Invité sur Europe 1 vendredi, Nicolas Godefroy, responsable juridique à l'UFC-Que Choisir, en charge notamment du dossier Médiator, a indiqué que son association souhaitait "très clairement engager la responsabilité de Servier", pas forcément celle des médecins généralistes qui ont prescrit le médicament. Des patients menacent en effet d'attaquer leur médecin généraliste en justice. Une première plainte pourrait être déposée mardi dans le Var. Néanmoins, Nicolas Godefroy "peut difficilement comprendre la position de certains médecins", qui ne fournissent pas à leurs patients leur ancienne prescription de Mediator. "Le Conseil de l'Ordre a dit qu'il fallait garder les ordonnances 20 ans", a-t-il affirmé."
http://www.europe1.fr/France/Mediator-responsabilite-de-Servier-E1-500457/
Bien sur toutes les prescriptions sont gardées 20 ans, dans un coffre scellé et sécurisé, anti feu et avec une photocopieuse branchée pour fournir tout tout de suite et bien sur gratis! Ce pays est merveilleux il crée ses propres problèmes en l'occurrence l'Ordre des médecins et les contemple comme des merveilles que le monde nous envie. Et bien on va s'apercevoir que rares sont les médecins qui conservent les prescriptions pendant 20 ans.
5/ http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/infos-generales/medecine-sante/afp_00340704-xavier-bertrand-le-dossier-mediator-n-est-pas-derriere-nous-.htm
X. Bertrand préfère agir plutôt que subir et il dégage la patate chaude sur Servier, l'état n'est ni responsable ni coupable...
6/ X. Bertrand au déminage l'état ne veut pas payer...
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/05/08/97002-20110508FILWWW00071-mediator-les-medecins-s-insurgent.php
7/ Preuves?
http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/mediator-etude-anglais-1993.pdf
8/ Suites des affaires tel que prévu dans ce blog...
http://www.lefigaro.fr/sante/2011/07/19/01004-20110719ARTFIG00443-les-medecins-mis-en-cause-dans-le-scandale-du-mediator.php