Le silence, mes agneaux

Publié le 26 janvier 2011 par Didier Vincent

Une pub qui ne va pas faire de bruit

Insonorisé

Un titre façon Depeche Mode, une ode à un "matériau" devenu si rare : le silence. Cela me rappelle cette pub Perrier où seul, à contrepied, le mime Marceau parlait (crachait le Marceau). Nous conceptualisons le silence comme du non bruit ou de la non musique. L'état naturel de l'univers serait le silence sidéral hormis la musique des sphères des Grecs anciens. Notre époque est caractérisée par un palimpseste incessant de bruits entremêlés de bribes de musique ; notre journée se vit comme une rhapsodie sonore qui tapisse sans cesse nos oreilles tour à tour d'informations et de brouillages parasitaires. Le silence total ne se trouve plus qu'au fin fond d'obscures provinces abandonnées. La nuit noire aussi.

Nous sommes donc devenus désirants de ce que nous avons perdu : un paradis feutré. Nous dressons des cloisons étanches pour, sinon abolir, du moins filtrer l'océan des bruits hétéroclites. Isolation phonique. Mais l'écueil de trop isoler est l'autisme, le coté monade ermite qui déambule (déambulle ?) avec un casque, média asocial s'il en fut.

Le silence n'existe pas, sans doute car notre conscience bruit tout le temps, notre être de parole est en éternelle quête de voix, de musiques, de chants. Le silence : une idée aussi absurde que le vide, absurde car insaisissable, inaudible, j'allais dire (ou écrire). Aussi futile et ingénue que le bonheur.

VW nous vend ici un îlot silencieux, doucement feutré, jalousement irréel : un cocon sourd qui développe bien l'idée de l'autisme automobile, le syndrome de "lost", seul au monde.