Anne Wolf trio à Flagey (Studio 1), Ixelles, le 26 janvier 2011

Publié le 26 janvier 2011 par Concerts-Review

Dans le cadre du Winterjazz Festival Marni/Flagey , un récital de la pianiste  Anne Wolf (Django d'Or Jeune Talent en 2002), venue présenter son dernier effort discographique: Anne Wolf Trio + Voices 'Moon @ Noon' ', Cd sorti il y a quelques mois chez Mognomusic, le label cher à Henri Greindl.
Comme toutes les salles de l'ancien INR, le  Studio 1 jouit d'une acoustique impeccable.

A 20 h20, un public, venu en masse dans l'auditoire, attend le bon vouloir des artistes.
Du fond des coulisses, une voix humaine contrefait quelques craquements ou gazouillements amazoniens pour planter le décor. Un à un, les musiciens pénètrent dans l'amphithéâtre.
Anne Wolf s'installe derrière l'imposant piano pour amorcer une romance délicate, le slagwerkspecialist d'Utrecht, Janco van der Kaaden (Perron 19), la suit de près, secoue quelques clochettes, un signal pour l'entrée en scène du formidable bassiste acoustique (5 cordes), Theo de Jong. Cet autre originaire d'Utrecht a accompagné la crème jazzy: Dee Dee Bridgewater, Philip Catherine, Toots Thielemans, Marcia Maria, Ed Thigpen, Maurane... une pointure!
En coulisse, la voix s'est dédoublée et le duo Christa Jérôme, alias Kiu, ( 1060, Mongoose, Marc Moulin...) et l'élégant Mizzy ( Quentin) en beatboxer poids welter quittent la forêt tropicale pour nous chanter une lente et profonde mélopée noire.
Un instant de magie pour débuter le set, they put a spell on us avec 'Le chemin de pierre' titre clôturant le CD.
Disparition des voices pour 'Bernie's tune' un standard (Bernie Miller) au répertoire de Gerry Mulligan, ou Art Blakey.
Une version sensuelle et racée, colorée Brazilian jazz, une première envolée de la louve, digne d'Eliane Elias, la basse mélodique cède le témoin à Janco pour un petit assaut percussif.
Anne dompte le fauve et reprend le thème cher à Bernie.
'D'août' longue plage lyrique et estivale, joli travail Jaco Pastorius à la basse.
Un second classique, ' The Dolphin' , Toots l'a enregistré avec Kenny Werner.
La pianiste en solitaire pour un prélude romantique à la Debussy, basse et percussions s'invitent à la bal(l)ade.
Un jeu d'une limpidité fluide, une brise légère te caressant le visage pendant que tu contemples le mammifère marin bondir et rebondir sans troubler la sérénité des flots.
Béatitude!
Beau comme du Michel Legrand.
'Babu, Buba & Seedy', des babouins sans doute!
Direction le continent noir avec le retour de Christa et Mizzy.
Une pirogue sur le fleuve Congo, une séquence d'African jazz épicé et charnel, tout Flagey battant des mains pour accompagner les guides de ce voyage d'un exotisme fort éloigné du pseudo dépaysement proposé par le Club Med.
'12 to 14' une romance sophistiquée aux touches afro et sud américaines: Sergio Mendes versus Myriam Makeba, avec un superbe travail des vocalistes.
En trio 'Renouveau' une renaissance Sandro Botticelli délicate.
Pour Choupinette (? , c'est pas sa 2 C V!), la ritournelle enjouée, ' Choro para nao chorar'.
Vivace, ce rondo!
Registre différent avec 'Moon at noon' , du late night melancholic jazz soyeux.
Une troisième chanteuse monte sur le podium, la frêle et mignonne portugaise, Magda Mendes ( membre de Maracujazz, comme Anne et Theo) : 'Misterios do coraçao' , une romance troublante, chantée d'un timbre chaud, parfumé de fragrances Nara Leao ou Maria Bethania.
Un chef d'oeuvre de sensibilité, accentué par les vocalises de Christa et Mizzy en fin de plage.
'Oceano' toujours Magda et ses caresses vocales, l'Océan Atlantique aux marées pacifiques et sereines.
Après les mers, le désert, en trio, une époustouflante relecture de 'Caravan'.
Pas d'arnaques avec l'agence de voyage Wolf & Co , un jazz Lawrence d'Arabie précieux et secouant à la fois.
Point d'orgue d'un concert éblouissant. (90')

Public aux anges et un bis, en hommage à Pierre Van Dormael, son ' Light in your eyes' , retravaillé par Stéphane Galland sous le titre de 'Lobby', une ballade romantique croonée par Miss Jérôme, que le brave Mizzy vient seconder pour achever la mélodie en duo velouté.
Nouvelle ovation et un second rappel non prévu: un autre grand disparu, Michel Petrucciani!
Une petite chanson, 'Cantabile', du jazz syncopé et groovy .
Ite missa est!

PS: les clichés ont été pris lors du soundcheck, le concert étant filmé, no pictures, please!