Chroniques de lecture - 4

Par Hervé Bienvault

«La Maison du Chat-qui-pelote»
de Balzac

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Baudelaire affirmait : «Chacun, chez Balzac, même les portières, a du génie.»
«La Maison du Chat-qui-pelote» (quel beau titre !) est une des six nouvelles parues en 1830 dans les «Scènes de la vie privée» qui débutent l’immense oeuvre «La Comédie Humaine». Elle serait inspirée par la vie d’une des soeurs de Balzac.
La vie de la famille Guillaume, drapier à Paris à «La Maison du Chat-qui-pelote» (nom de l’enseigne du magasin) s’écoule comme un ennuyeux fleuve tranquille. Peu d’événements viennent troubler ou même égayer cette paisible et économe famille de commerçants... sinon l’inventaire du magasin... une fois l’an !
Les Guillaume veulent marier Virginie, leur fille aînée à Joseph Lebas, le premier commis de la petite entreprise, promis à la succession de l’affaire. Oui, mais voilà, ce Joseph là est bien amoureux, mais d’Augustine la plus jeune.
Oui, mais voilà, cette Augustine là est bien amoureuse mais de Théodore de Sommervieux, un jeune aristocrate artiste peintre.
«Il est des mésalliances d’esprit aussi bien que des mésalliances de moeurs et de rang.» prévient Madame Guillaume, la mère d’Augustine.
Cette phrase résume le thème de cette nouvelle : la lutte des classes et l’ amour comme étude des moeurs.
J’ai noté pour vous quelques répliques amusantes des personnages «balzaciens».
«Est-ce donc bien amusant de voir en peinture ce qu’on rencontre tous les jours dans notre rue !»
«Nai-je pas entendu dire ce soir à ce jeune écervelé que si l’argent était rond, c’était pour rouler ! S’il est rond pour les gens prodigues, il est plat pour les gens économes qui l’empilent et l’amassent.»
Ou bien, «Un homme à talent rendra sa femme malheureuse.»
Cette courte nouvelle d’une cinquantaine de pages sera une entrée encourageante à lire Balzac.
Présentation de l'éditeur
Ce récit écrit en 1829 sera placé, plus tard, par Balzac en ouverture de la "Comédie Humaine". On y retrouve la trame de ce que seront les romans la composant et l'on y croise déjà les héros d'autres épisodes.
Tout y préfigure la grande oeuvre de Balzac. C'est en ces quelques pages une miniature parfaite de tout ce qui suivra.
La Maison du chat qui pelote, titre définitif que l'auteur donna à cette ouvrage, avait à l'origine été intitulé "Gloire et Malheur". Il s'y joue le destin d'une femme que tout favorise. Mais l'amour peut-il résister au fil des ans, à la différence des classes ?
Questions actuelles que Balzac, comme toujours avec son génie, pose et auxquelles il répond, nous montrant que finalement, aujourd'hui rien n'a changé.
La première phrase
«Au milieu de la rue Saint-Denis, presque au coin de la rue du Petit-Lion, existait naguère une de ces maisons précieuses qui donnent aux historiens la facilité de reconstruire par analogie l’ancien Paris.»

T.C.