Anthologie permanente : Mathieu Bénézet

Par Florence Trocmé

l’ombre touchait les tempes 
 
le corps est l’ 
ombre d’une 
mère abîmée la 
bouche morte 
rincée par le vide 
elle ne parle plus 
 
tu n’as pas pu 
oublier les mots de la morte 
une seule et unique phrase qui 
cachait le monde, sais-tu 
hors de toi elle 
accompagnait le monde 
il ne faut pas pleurer 
tais-toi il ne faut pas pleurer 
 
|•| 
 
L’opéra de la bouche 
 
L’histoire dans un vêtement 
Comme tous les paysages 
Sans parler du bleu concevable de la mémoire 
Enfant une absence de lieu 
 
Notre corps aussi 
À considérer les fractures ou les choses 
Ou les fleuves 
Ne peut être vaincu que dans 
L’espace du tableau 
 
Notre corps d’audition 
 
|•| 
 
la pensée, figure du vivant, elle 
dort 
 
la bouche contre la vitre je ne vois rien 
nulle scène 
 
tue – elle n’est pas morte ni vivante 
puisque je parle 
 
tue contre la vitre du sommeil elle vit 
quand ma bouche affleure 
la figure affleure 
où je ne vois que du blanc 
 
morte contre la vitre du sommeil 
elle vit 
affleure à la bouche 
 
la pensée dans le blanc. Je dors de l’autre 
côté de la page. Où elle s’attarde, 
encore, contre la vitre, elle vit.  
 
Mathieu Bénézet, Il vient d’un enfant dans un autre livre, L’arachnoïde, 2010, pp. 58, 61 et 79.  
 
Mathieu Bénézet dans Poezibao : 
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, Mais une galaxie, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, lecture du Lundi des Poètes, La tête couchée de Brancusi (parution), La Terrasse de Leopardi (parution), extrait 7, Ne te confie qu’à moi, extrait 8, extrait 9, extrait 10, extrait 11, ext. 12 
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