Nele NEUHAUS - Schneewittchen muss sterben : 9-/10

Par Eden2010

Nele NEUHAUS – Schneewittchen muss sterben : 9-/10

Pour l’instant, ce livre est encore inédit en France. Le titre (bien choisi) se traduirait par “Blanche-Neige doit mourir”. J’espère qu’un éditeur français s’intéressera bientôt aux livres de Nele Neuhaus !!

Quelle est donc l’histoire de « Blanche-Neige doit mourir » ?

Le roman commence de façon presque classique et on se prépare donc mentalement à subir tous les stéréotypes du genre : après avoir purgé une peine de prison de dix ans, Tobias Sartorius revient dans son village de naissance, situé près de Francfort.

Condamné en 1998 pour le double meurtre de deux jeunes filles du même village alors qu’il n’avait pas encore vingt ans, il n’a aujourd’hui pas d’autre choix que de revenir sur les lieux des crimes.

Les victimes lui étaient proches toutes deux, il s’agissait de son ex-petite-amie Laura et de sa petite-amie, Stefanie, dite « Blanche-Neige ». Ces crimes avaient alors secoué le village et détruit plus d’une famille.

Lorsqu’il revient, Tobias découvre les ruines de l’existence de sa famille : ses parents ont divorcé, l’affaire de son père a fait faillite et ce dernier ne fait que survivre au cœur d’un village empli de préjugés à son égard en attendant le retour de son fils.

Et une vague de haine s’abat alors sur Tobias. On l’insulte, les murs de la maison sont couverts de graffitis malveillants. Son retour à une vie normale, qu’il espérait peut-être, s’avère totalement impossible.

Ce qui et d’autant plus dur pour Tobias qu’en fait lui-même ne sait pas ce qui s’est passé il y a de cela onze ans. S’il est certain d’être innocent, un petit doute le tiraille tout de même.

Le jour fatidique du 6 septembre 1997, il avait bu lors d’une fête de village, s’était disputé avec sa petite amie Stefanie - et le lendemain celle-ci ainsi que Laura avaient été portées disparues. Tobias ne se souvenait d’absolument rien.

La police avait alors découvert des traces de sang de Laura dans sa voiture, son sac à dos dans sa chambre et l’arme supposée du crime couverte du sang de Stefanie dans la fosse septique de sa propriété.

Sur le fondement de ces indices, il avait été condamné au maximum de la peine applicable aux mineurs.

Son retour ne se passe donc pas dans le calme, d’autant plus qu’à cet instant, lors de travaux de construction sur un terrain non loin du village, on découvre les restes de Laura, ce qui relance encore une fois les sentiments haineux des familles. Et les interrogations ….

Tout revient à la surface, le village déborde d’émotions, au point que la mère même de Tobias est agressée et poussée d’un pont.

L’affaire concernant l’agression de la mère de Tobias ainsi que celle portant sur la découverte des restes de la première victime sont confiées à Pia Kirchhoff et Oliver Bodenstein. Pia a très vite l’impression que, peut-être, l’enquête de 1997 avait été bâclée, que Tobias Sortorius pourrait être innocent. Son collègue n’y croit absolument pas.

Dans ce petit village, ou tout le monde connaît tout le monde, ou chacun connaît le secret de l’autre, ou les générations se suivent et se ressemblent, serait-il possible que l’un de ces voisins soit en fait le véritable meurtrier et qu’il doit maintenant craindre que l’affaire soit rouverte ?

Lorsqu’une autre jeune fille disparaît, le volcan qui bouillait au sein de cette communauté explose. La fille disparue ressemblait en effet étrangement à Stefanie, avait le même âge que celle-ci et avait été vue en compagnie de Tobias …

L’histoire semble se répéter, et encore une fois tous les soupçons se portent sur Tobias.

Sur le fond de cette intrigue plutôt classique, Nele Neuhaus construit un livre policier palpitant. Elle parvient à nous plonger dans le cœur de ce petit village avec son ambiance de traditions, ses rumeurs, ses non-dits, ses secrets. Ayant moi-même grandie dans un petit village, j’ai bien reconnu cette omniprésence silencieuse des villageois, curieux de tout, qui propagent avec délice des rumeurs et s’enivrent avec plaisir des malheurs des autres tout en affichant une mine compatissante. Qui est un ami, qui ne l’est pas ? Difficile à dire dans ces conditions.

L’auteur nous présente avec adresse les différents villageois et acteurs de l’histoire, ce qui nous permet de nous faire une idée de plus en plus précise de la situation et de voir se dessiner, doucement, les contours de l’histoire.

Bien que l’intrigue même du livre ne soit pas réellement novatrice, l’auteur parvient à naviguer entre les clichés et à slalomer entre les obstacles qui auraient pu précipiter ce livre dans les abîmes des platitudes propres à un « meurtre-au-sein-du-village-de-campagne ».

Et elle évite, de justesse tout de même, un autre piège, dangereux, celui-là, celui des caractères multiples et indifférenciables (tiens, est-ce que c’est un mot ???) : malgré le nombre relativement élevé de personnages, principaux et secondaires, leur présentation est amenée graduellement ce qui nous permet de distinguer les uns des autres.

On se prend au jeu, on se méfie de tout le monde. Si certaines choses sont prévisibles, d’autres le sont moins. Les indices sont révélés au fur et à mesure du livre ce qui fait que le roman se termine sur une solution logique à laquelle on était parvenue avec quelques pages d’avance sur les policiers.

Ce livre est le quatrième d’une série lancée par Nele Neuhaus centrée sur le duo Kirchhoff/Bodenstein. Pour moi, c’était le tout premier livre que j’ai lu d’elle et je suis tiens à souligner qu’à aucun moment, strictement aucun, on n’a une référence aux précédentes enquêtes ce qui permet de débuter, sans la moindre difficulté ni le moindre malaise, avec cette quatrième enquête, qui ne sera certainement pas la dernière que je lirai !

Les enquêteurs Pia Kirchhoff et Oliver Bodenstein sont décrits avec talent, leurs caractères et vies respectives sont adroitement intégrés dans l’histoire, ce qui leur donne suffisamment de relief pour que nous nous intéressions à eux sans que cela devienne trop lassant.

C’est tout simplement un excellent policier, une intrigue parfaitement bien ficelée, des personnages parfaitement dépeints.

Si la fin est peut-être un peu lisse et sans surprises, cela n’empêche pas que j’ai dévoré ce roman de 532 pages en moins de trois jours.

J’invite donc les éditeurs français à lire et traduire les livres de Nele Neuhaus afin que ses romans puissent franchir la frontière !

Pour simple information je précise que ses précédents livres du même duo d’enquêteurs portent les titres suivants :

-  « Eine unbeliebte Frau »

-  « Mordsfreunde »

-  « Tiefe Wunden ».

-  Et donc finalement « Schneewittchen muss sterben »

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