Yves Laplace, Fils de perdition

Par Alain Bagnoud

Deux références évidentes dans ce roman polyphonique tissé de voix, d’incantations, d’anathèmes, de mélopées. La Bible, d’abord, à quoi le langage et l’intertextualité renvoie constamment. Thomas Berhard aussi, pour le flux, la phrase obsessive, le monologue hypnotique

C’est un quartier toujours en construction, qui a la forme d’une étoile. Des enfants y jouent, s’y confrontent, affrontent un monde désordonné, éventré, hostile, incomplet, inachevé. Le jardin d’Eden est loin déjà. Sylvain, dont le cerveau comprimé n’a pas reçu assez d’oxygène en naissant, ne va pas à l’école et devient le centre d’un réseau de pureté et de cruauté. C’est sa voix que l’on entend, avec celles de sa famille. Georges, charpentier au stade de foot. Suzanne, sa femme. Ariane, Thomas, Antoine.

Fils de perdition est un roman de violence et d’imprécations, porté par une langue qui touche au chant. Sa traversée est une expérience éprouvante et somptueuse.

Yves Laplace, Fils de perdition, L’Aire bleue