La marche du 12 février 2011 appartient au peuple algérien

Publié le 07 février 2011 par Amroune Layachi

La marche populaire et pacifique du 12 février 2011 appartient au peuple algérien qui veut être maître de son destin

L’accélération de l’histoire fait que cette marche pour le changement démocratique, qui est une revendication sur laquelle les Algériens et les Algériennes ne peuvent transiger, est une grande avancée politique et sociale, qui ne peut être annulée par les manœuvres du pouvoir qui cherche à isoler les marcheurs, à les diviser et les opposer. Quand on croit à son pays et à son destin, chacun et chacune se bat à la place qui lui revient, pour résister à toutes les anesthésies calculées du pouvoir.

Aux manipulations du pouvoir, la réponse des marcheurs sera toute de dignité. Le temps de ce pouvoir est révolu, il doit quitter la scène politique, c’est la principale exigence de la nation. La dictature, une fois créée et consolidée, se permet tout. Le colloque international préparé par 12 associations de femmes, le 25 novembre 2010, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, intitulé «Stop à la violence contre les femmes», a été interdit par le wali d’Alger à la veille de l’ouverture du colloque. C’est un droit à la dignité humaine qui a été bafoué.

Toute expression en dehors des associations créées par le pouvoir pour le servir est interdite. Les jeunes sont en rupture avec le pouvoir qui refuse de les intégrer en tant qu’acteurs de la vie politique, sociale, économique et culturelle, et fait d’eux non pas des citoyens, mais des mineurs immatures. Le divorce est entre le peuple, privé de ses droits, et le pouvoir qui est supposé le représenter et parler en son nom pour l’empêcher de parler.Le pouvoir actuel, qui a annoncé à l’avance, dès son arrivée à la direction du pays en avril 1999, l’avènement d’un régime politique autoritaire, totalitaire, dictatorial, doit faire son examen de conscience, définir ses remords, les retenir, les nommer et les déclarer.
La marche du 12 février 2011 s’inscrit dans la révolution lancée dans la rue, préconisée par le martyr Larbi Ben M’hidi, appartient au peuple et particulièrement à la jeunesse, garçons et filles à égalité, qui sont une espérance pour l’avenir, ou une explosion à venir.
Les jeunes sont la clé de la solution parce qu’ils veulent disposer d’une pleine liberté de conception, d’expression et d’initiative, et leur pensée politique est soucieuse de rigueur et de cohérence. Ils ont du caractère, du courage, des certitudes, une forte sensibilité pour la démocratie, la liberté, la justice, le pluralisme politique syndical et culturel, la solidarité et la justice sociale, sont le thermomètre de la température ambiante politique et sociale.

Chacun d’eux se sent concerné dans ce qu’il a de plus cher. La jeunesse, qui représente l’espérance, la vie, l’avenir, doit succéder à un pouvoir, dont presque tous les membres ont atteint l’âge de la retraite. Pour que naisse la liberté qui est le droit le plus fort et le plus constant, il faut accepter bien des risques. Toute cause suscite des martyrs qui utilisent cette arme ultime, leur vie, jusqu’au sacrifice suprême.
Le pouvoir, qui sait le nombre d’Algériens morts pour leur pays, ne peut faire mourir son pays pour lui. L’armée ne portera jamais l’infamante responsabilité de tirer sur les jeunes manifestants qui veulent rompre le silence des sourds et la nuit des aveugles, pour être écoutés et entendus.

Le pouvoir ne peut interdire la marche du 12 février 2011, parce que le monde entier pour qui la répression annihile la liberté le jugera comme le théoricien de la violence et le négateur du droit. Une révolution s’annonce et est en marche. Les jeunes et les moins jeunes descendront dans les rues et marcheront, parce que le sentiment d’injustice qui les fera crier vient des tréfonds de la nation. La diaspora algérienne doit être mobilisée et mobilisatrice pour la faire connaître au monde entier tous les événements qui se dérouleront dans leur patrie à partir du 12 février 2012.

Alger le 5 février 2011Ali Yahia Abdennour


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