Nicolas Hulot “plébiscité” : la tentation médiatique

Publié le 09 février 2011 par Alex75

    

Eva Joly qui est toujours candidate à l’investiture d’Europe Ecologie pour la présidentielle de 2012, demande à Nicolas Hulot de se positionner clairement et rapidement. Nicolas Hulot est en effet, plébiscité par 61 % des Français selon un sondage IFOP, venant détrôner l’ancienne juge d’instruction. Et l’ancien présentateur du magazine “Ushuaïa” est ainsi en train de s’imposer aux verts, de la même manière que Ségolène Royal s’imposa aux socialistes en 2006. 

Le couple magique ou diabolique sondages / télévision, s’avère le plus fort, allant jusqu’à faire céder l’appareil du parti. En 1981, Mitterrand est investi par le PS, alors que les sondages plébiscitaient plutôt Michel Rocard. En 1995, Jacques Chirac refusa de laisser passer Edouard Balladur. Mais un réel tournant a été marqué, en 2006, quand François Hollande - alors secrétaire général du PS -, s’est finalement effacé devant Ségolène Royal, présentée comme candidate favorite des Français. Chez les verts, Cécile Duflot avait adoubé Eva Joly, un sondage Ifop établissant alors, que 65 % des Français la considéraient comme une candidate sincère. Mais les gaffes de l’ancienne juge de fer ont tout emporté et inversé la donne, la versatilité étant aussi une des caractéristiques des sondages d’opinion. Et dans cette logique, même les communistes ne semblent résister à l’ouragan Mélenchon. C’est à gauche, où la tradition partisane est pourtant la plus ancienne, que l’on résiste le moins bien, au niveau de l’appareil des partis. A droite, on reste plus classique, plus conservateur. 

Jean-François Copé qui ne cache pas son ambition présidentielle, a fait des pieds et des mains, pour prendre la tête de l’UMP. Et Marine Le Pen s’est imposée une longue campagne pour conquérir le FN, face à Bruno Gollnisch. A droite, c’est un homme qui prend la tête d’un parti, pour assurer son destin, mais à gauche, c’est le parti qui cherche un homme pour diriger l’appareil. Les socialistes attendent “le sauveur de Washington”, les communistes doivent subir “le sauveur transfuge” du PS, les verts avaient bien “un sauveur venu d’Allemagne”, mais Daniel Cohn Bendit se refuse à toute compromission, alors qu’il est le seul dans son mouvement, à incarner une histoire, une vision de la société. 

L’avènement probable d’Hulot, signera encore, une nouvelle étape. Ou plutôt viendra la confirmer, si l’on peut dire, car ce n’est plus le politique qui se sert ainsi de la télévision, mais la télévision qui forge son politique, dans un mécanisme bien huilé. Le média ne se contente plus de sélectionner le candidat qu’on lui propose, mais l’invente. Et les outils d'autrefois du politique - sondages / télévision -, sont devenus les maîtres.

      J. D.