Grand Paradis, de Angélique Villeneuve

Par Benard

Dominique, à l'aube de la cinquantaine mène une petite vie sans grand intérêt, fleuriste dans une station balnéaire où elle a toujours habité. Sa soeur aînée, Marie, qui a sombré depuis longtemps dans l'alcoolisme et la marginalité lui restitue soudainement les quelques affaires héritées de leur mère, Louise.

Dans ces maigres souvenirs, Dominique trouve trois photos où elle croit reconnaître son arrière grand-mère Léontine. Etrangement troublée et fascinée par ces clichés, elle se met en quête de l'aïeule, persuadée qu'elle va y trouver la clé de son sentiment d'être toujours “à côté” de son existence.

Louise, Marie, Dominique, trois femmes engluées dans une sorte de paralysie, aussi paumées les unes que les autres depuis le départ brutal et sans explication de l'homme de la maison. Marie a toujours jeté méchamment à la face de sa jeune soeur qu'elle était responsable de ce départ.

Le père a fui, à New-York croit Louise, sans plus de preuves. Louise s'est absentée à elle-même. Marie a fui dans l'alcool et Dominique a fui dans la nature, établissant avec elle une relation intime et toute personnelle. Les photos permettent à Dominique de bouger enfin et sachant que Léontine a été hospitalisée à la Pitié Salpêtrière pour des symptômes hystériques, elle s'y rend pour retrouver des traces de sa vie.

Je suis un peu partagée sur cette lecture, sans doute parce que je m'en étais fait une autre idée. La partie la plus passionnante à mes yeux est la recherche dans les archives de la Salpêtrière où sont détaillées les terribles traitements infligés aux femmes sous couvert de science et de soins. Mais ce n'est pas le thème le plus développé, j'aurais aimé que Dominique creuse beaucoup plus cette veine-là.

En effet, c'est plutôt la quête des origines, le poids des générations qui nous ont précédées, les secrets de famille, les relations inter-familiales qui font la trame du roman. Je me suis sentie dans une histoire assez banale jusqu'au dernier quart du livre, où j'avoue ne pas avoir vu venir la fin. Là, le récit trouve une force qu'il n'avait pas avant et qui prend à la gorge.

L'écriture est très sensible, la description de la nature étrange et captivante. Même si je n'ai pas été complètement convaincue par l'histoire, je n'hésiterai pas à relire l'auteur, dont le monde intérieur est prometteur.

Ma lecture a été accompagnée (parasitée ?) par un souvenir marquant, celui du livre de Makhi Xenakis, “les folles d'enfer de la Salpêtrière” témoignage brut sur les femmes enfermées là sous des prétextes divers. J'en parlerai peut-être un jour. Au vu des premiers commentaires, je précise que c'est un document, pas un roman.

MerciClara

L'avis deCathuluGwenaëlleLouMathilde

Angélique Villeneuve - Grand paradis - 167 pages
Editions Phébus - 2010

Posté par aifelle1 à 06:28

Source : http://legoutdeslivres.canalblog.com/archives/2011/02/09/20341532.html