Sarkozy : un président élimé

Publié le 11 février 2011 par Hmoreigne

Aprés Ben Ali et Moubarak, Sarkozy on tivi. Notre président n’a rien d’un dictateur mais aurait bien aimé se refaire la cerise, renouer avec l’opinion par le biais d’une séquence tv taillée sur mesure. C’est raté. On retiendra une prestation de médiocre qualité avec un disque rayé et des ficelles trop apparentes. Sarko le magicien appartient au passé. Le président semble incapable de se renouveler. Ne reste qu’un bateleur de foire qui à défaut de vendre du rêve comme en 2007 se limite au service après-vente de la RGPP.

A souverain d’opérette, décors et contradicteurs en carton-pâte. On n’est jamais mieux servis que par soi même. L’Elysée a tout choisi. La chaîne de l’ami Bouygues pour tenter de bénéficier d’une audience béton, un panel de neuf bon français anonymes promis à 90 minutes de notoriété et bien sûr, Jean-Pierre Pernaut pour des questions arrangeantes et un passage de plats au tempo parfait.

Même chez Endémol on ne voudrait pas d’un concept aussi ringard mais dans la France de 2011, on ne refuse rien au petit locataire nerveux de l’Elysée. Si le grand Woody Allen a dû prendre la calamiteuse Carla Bruni comme figurante dans son dernier film Midnight in Paris, les Français peuvent bien regarder leur président dans Paroles de Français.

Pas très reluisant pour notre démocratie mais révélateur de cette fascination des Français depuis Napoléon à Sarkozy en passant par Pétain et De Gaulle, pour l’homme providentiel omnipotent.

L’avantage de ce genre d’émission, comme le rappelle Ségolène Royal, c’est qu’on peut promettre à peu près tout et ne rien tenir , comme la baisse du chômage en 2010, on n’est jamais contredit mais toujours ré-invité.

En résumé sur le plateau, il y avait tout ce qu’il faut : Sarko, Pernaut, mensonges et un peu de mélo avec la question de la dépendance. Notre président satisfait de son bilan en termes de sécurité a bien concédé quelques carences mais pour mieux promettre d’y remédier, comme à l’accoutumée, par des nouveaux textes toujours plus sévères notamment à l’égard des jeunes.

Le cow-boy d’Argenteuil à la rancune tenace contre les indiens des banlieues mais il a aussi de bons conseils. Lassé de déverser en vain des milliards dans la rénovation urbaine, Nicolas Sarkozy les invite à méditer le proverbe “Aide-toi et le ciel t’aidera”.

Dans sa conception de justice du far-west le président n’envisage pas de passer au goudron et aux plumes François Fillon et MAM puisque ceux-ci “n’ont pas détourné un euro d’argent public“. On le comprend puisque lui même s’est rendu dernièrement avec les moyens de la République pour un très discret séjour à New-York.

En revanche, dans la perspective de réhabiliter peut être un jour le lynchage, Sarkozy toujours en guerre contre les juges continue à dénigrer leur travail et leur supposé laxisme en promettant d’instaurer avant l’été des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels.

Pour les difficultés matérielles de fonctionnement, le Président les reconnaît mais pour mieux souligner l’effort financier accompli et pour rappeler que dans ce domaine comme dans d’autres “tout n’est pas question de moyens”.

D’ailleurs c’est bien simple, la faute à tout cela c’est bien sûr les 35 heures que le Président a indiqué avoir supprimé. Peu importe l’approximation, tout le monde (juges, enseignants, salariés) est invité à travailler plus et plus longtemps.

Face au chômage, le locataire de l’Elysée a décrété le “bonus malus sarkozus”. Une incitation forte à s’orienter vers l’apprentissage pour les jeunes, lla promesse pour tous les chômeurs de longue durée d’une formation et le grand retour des emplois aidés.

Sur les autres sujets on retiendra le très électoraliste appel du pied à l’égard des médecins et pharmaciens qui croulent sous les papiers, les louanges tressées à l’égard de ce capitalisme familial aux antipodes de son cousin financier et,  l’habituelle fermeté face à l’immigration irrégulière et aux sans papiers.

Rien de neuf somme toute sous le soleil du roi Sarkozy si ce n’est peut être, ce sentiment diffus que le moment du crépuscule se rapproche inexorablement.

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