Après la Tunisie, l’Egypte

Publié le 13 février 2011 par Vindex @BloggActualite
-Le drapeau Egyptien-

Après la Tunisie le 14 janvier, voilà que l’Egypte vient de faire tomber son président dictateur mettant fin à trente ans d’un règne sans partage.Hosni Moubarak a quitté le pouvoir vendredi 11 février sous la pression de la rue. Le Raïs avait pourtant annoncé la veille qu’il déléguait une partie de ses pouvoirs à son vice-président Omar Souleiman, nommé le 29 janvier mais qu’il restait président de la république jusqu’aux élections de septembre 2011. Mais comme en Tunisie, le peuple décida qu’il était temps d’en finir. L’annonce de sa démission a été accueillie par des cris de joie dans toute l’Egypte et surtout sur la place Tahrir au Caire. En effet, des millions de personnes se sont regroupées ce jour là comme depuis tous les jours depuis le 25 janvier pour demander son départ définitif.

L’origine de ces manifestations s’explique par l'exaspération de la population contre les abus des forces de police égyptiennes, la corruption, mais aussi contre à l'état d'urgence permanent qui permettait l'usage de procédures expéditives. Dernièrement, le chômage, le manque de logements, l'augmentation des prix des denrées alimentaires ont porté le coup fatal. Le cas Tunisien fut également l’exemple qui a catalysé les évènements en Egypte.

Pourtant, l’Egypte n’est pas la Tunisie. Si Ben Ali a fui, c’est parce qu’il a été lâché par l’armée. Or c’est elle qui dirige sur les bords du Nil. Moubarak est un ancien pilote d’avion ayant progressé dans la hiérarchie militaire.Il est devenu Vice-président de la République arabe d'Égypte de 1975 à 1981. A cette date,le président de la République Anouar el-Sadate, est assassiné par les Jihad islamiques égyptiens dont les Frères Musulmans sont les successeurs. Il lui succède alors au poste de chef de l'État et se présente à la présidence de la République, élection qu'il remporte le 14 octobre 1981. Souleiman fut pendant vingt ans le chef des services de renseignement avant d’être nommé vice-président le 29 janvier 2011 avecAhmed Chafik (chef de l’état major de l’armée de l’air) comme premier-ministre. Ces trois hommes se connaissent bien et sont de la même génération. Le peuple a peut-être fait tomber Moubarak mais il n’a pas fait tomber le régime. Gageons que ce dernier s’ouvre enfin et que la liberté règne en Egypte.

Les conséquences de la chute d’Hosni Moubarak sont bien plus importantes que celle de Ben Ali. Il faut rappeller que le Raïs est toujours en Egypte ; il est dans sa résidence privée à Charm el-Cheihk.

Premièrement, Israël qui l’a soutenu a du souci à se faire, surtout si ce sont les Frères Musulmans qui arrivent au pouvoir. Ils pourraient bien remettre en cause les accords de Camp David du17 septembre 1978, dans lesquels, Le Caire reconnaît l’existence d’Israël (seul pays arabe à l’avoir fait) et recommencer la guerre. Cela reste peu probable mais l’Egypte pourrait décider de ne plus être neutre et de favoriser les Palestiniens. Il serait aussi bon de rappeler que la situation des coptes pourrait s’aggraver en Egypte, si les Frères Musulmans, plus radicaux que les islamistes tunisiens, arrivaient au pouvoir. Néanmoins, une certaine frange des islamistes égyptiens, plus modérés, revendique le modèle turc.

Le jeu de dominos peut ensuite se répercuter dans d’autres pays et provoquer un véritable changement dans le monde arabe (Algérie et Yémen surtout), voire au-delà en touchant d’autres dictatures (en Afrique ou même la Chine qui soutenait Moubarak).

Il faut aussi évoquer le cas de l’UPM (L’Union Pour la Méditerranée), chère à notre président, dont Moubarak était le vice-président et dont on ne sait pas ce qu’elle va devenir. A moins que l’Union Européenne l’utilise pour aider à la transition démocratique. Mais il est encore trop tôt pour le savoir.

La diplomatie va elle aussi changer. Les pays européens peuvent-ils continuer à soutenir des dictatures au nom de la stabilité et accueillir ces « chefs d’état » comme des amis, juste pour des raisons économiques ? Tout cela c’est l’avenir qui le dira et l’évolution de la situation dans les semaines à venir.

Florian Thomas.