Question d’initiative

Publié le 14 février 2011 par Alteroueb

Je suis allé bosser ce matin le coeur un peu plus léger que d’habitude, et ce n’est pas le fait de la très mercantile St-Valentin. Il faut dire que parmi mes collègues, on dénombre pas mal de stéphanois et quelques sympathisants, tous nostalgiques inconsolables de la grande époque des verts. L’actualité «football» alimente invariablement nombre de conversations. Autant dire que les lendemains de derbys, l’ambiance est un peu particulière.

J’ai encore en mémoire la matinée du lundi 27 septembre 2010. La veille, l’AS Saint-Etienne mettait fin lors du 100ème derby de l’Histoire, à 16 années de disette, d’invincibilité rhodanienne. Les railleries et quolibets allaient évidemment bon train. Côté lyonnais, on encaissait piteusement, oubliant vite qu’on s’était trouvé très longtemps en situation de force, à chambrer sans relâche sa lointaine banlieue footballistique… On a donc repris avec entrain nos bonnes habitudes : les stéphanois sont condamnés à payer l’apéro à midi…

Il est cependant un terrain ou l’OL n’est pas loin d’être relégable, et risque de perdre très gros. Il s’agit de son projet de stade dans la banlieue de Lyon, à Décines. Le projet, retardé plusieurs fois, attend avec impatience la signature de la déclaration d’intérêt général par le Premier-Ministre… Le stade provisoirement nommé «Stade des Lumières» étant retenu pour accueillir le Coupe d’Europe de Nations en 2016, tout nouveau retard risque bien de sonner le glas du projet.
En première ligne des opposants, on trouve la puissance de feu des notables locaux de l’UMP, avec des arguments passablement spécieux : l’accessibilité, les transports, les nuisances sont des problèmes réels, mais qui trouvent des solutions si l’on agit un tant soit peu avec bonne foi. On ne peut indéfiniment clamer «qu’il n’y a que l’initiative privée qui fonctionne», et mettre autant de bâtons dans les roues d’un projet sans aucun financement public, quasi indispensable pour l’agglomération lyonnaise, mené par Jean-Michel Aulas, homme d’affaires qu’on ne peut pas franchement classer à gauche… Se faire flinguer par son propre camp, c’est classe.

Cette bataille ressemble de plus en plus à un combat politique. J’en arrive à me demander si l’UMP locale toute entière, avec l’aide des instances nationales pour retarder les signatures qui vont bien, ne cherche pas par son opposition systématique à faire capoter le projet, en faisant endosser la responsabilité du possible échec au Président PS du Grand-Lyon et Maire de Lyon. Pour rallier à sa cause le footeux moyen par ailleurs électeur, l’UMP locale aurait alors beau jeu de mettre en avant l’incapacité des dirigeants actuels à gérer ce genre de projet. En parvenant aux affaires, elle en sortirait alors un autre, qui ressemblerait à s’y méprendre à l’ancien… Mais trop tard pour l’Euro 2016, car le stade de remplacement n’est pas celui de Gerland mais Geoffroy-Guichard à Saint-Etienne.

Pendant ces joutes, les protagonistes ont totalement oublié l’intérêt général. Les puissants ferraillent pour leur blason et leur gloriole. Un stade reste un instrument qui concours en l’occurrence à donner au peuple «du pain et des jeux», à masquer de réelles souffrances et la misère sociale… Alors, besoin ou non, je n’ai plus trop d’avis. A vrai dire, je m’en fiche un peu. Longtemps abonné à l’OL, j’ai rendu ma carte car c’est dans le domaine des loisirs et de la culture que les premières coupes ont été opérées dans le budget familial en baisse. Il y a peut-être besoin d’un stade. Il me semble qu’il y a besoin de beaucoup d’autres choses élémentaires avant un stade, fut-il privé, et dont ne profitera qu’une infime poignée de privilégiés, en super costard ou en short…

J’aimerai bien savoir ce qu’en pense Romain Blachier, élu local et blogueur lyonnais patenté….