Exterminons le curator et réhabilitons le documentaliste !

Publié le 17 février 2011 par Tradonline

Ca fait le buzz en ce moment , découvrez un faux nouveau concept : le curator (parfois traduit par curateur), ou comment en reprenant un nouveau mot on pense avoir trouvé un nouveau métier.

Ceci est un billet d'humeur, chose rare sur ce blog mais ce sujet me touche particulièrement car il concerne un métier que j'ai pratiqué et aime toujours autant : la documentation.

Mais tout d'abord, qu'est-ce qu'un curator ? Il y a tellement pléthore d'articles sur le sujet que je vous renvoie vers quelques-uns d'entre eux : 

  • sur Techcrunch L’ère des “curators” aurait-elle sonné?
  • sur ReadWriteWeb Débat: La curation, avenir du Web?
  • sur le blog de Vincent Abry Curation et Curator, la nouvelle tendance du Web Social

En gros, pour faire simple, et reprendre une définition trouvée sur le billet de TechCrunch

Le “Content Curator” est quelqu’un qui continuellement trouve, regroupe, organise et partage le contenu en ligne le meilleur et le plus pertinent sur un sujet spécifique.

Alors là excusez-moi, mais les bras m'en tombent. Car que fait un documentaliste ? Voyons la définition de l'ADBS (association de référence des professionnels de l'information en France)

Spécialiste de l'information et documentation dont la fonction est de mettre à la disposition des demandeurs d'informations ou des utilisateurs potentiels (sur leur demande ou de sa propre initiative) les documents, extraits de documents et/ou données conceptuelles ou factuelles satisfaisant leurs besoins d'information. 

En gros, le curator est un genre de "sous-documentaliste" qui ne se limite qu'au web là où le documentaliste cherche dans tous types de ressources (car un document n'est pas que matériel, les documents immatériels dont les ressources web sont aussi utilisés).

La fonction documentaire suppose une chaîne d'activité allant de la collecte à la diffusion de l'information, en passant par un classement de celle-ci. L'information collectée est ciblée sur un sujet spécifique car elle s'adresse à un public donné. Elle est de nature diverse, mais a été organisée par une personne humaine. Elle a été analysée en toute objectivité pour être restituée dans un format exploitable par quelqu'un qui n'a pas le temps de faire ce travail (typiquement : une direction d'entreprise, un enseignant, un journaliste). 

De nouveaux mots apparaissent régulièrement dans notre langue et c'est une excellente chose, même si parfois on a tendance à utiliser l'anglais très présent dans les affaires pour des concepts qui existent et ont un terme en français : feedback, challenge, brainstorming, au lieu de retour, défi, réflexion. Qu'un mot vienne de l'étranger, pourquoi pas ? doppelganger, vuvuzela, crowdsourcing… n'ont pas d'équivalent dans notre langue. Mais qu'on ne présente pas un nouveau terme (très laid par ailleurs en français, mélange de "curer" et "Terminator") comme étant un nouveau métier quand il y a des gens qui exercent déjà cette activité et qui mériteraient – enfin – une reconnaissance.