Lucas Gillet et Elise Caron: Troisième!

Publié le 18 février 2011 par Assurbanipal

Lucas Gillet + Elise Caron

" A thin sea of flesh " (Dylan Thomas poems)

Paris. Studio de l'Ermitage.

Mercredi 16 février 2011. 20h30.

 

La photographie d'Elise Caron est l'oeuvre du Polyphonique Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

Lucas Gillet: claviers, composition

Elise Caron: chant

Fernando Rodriguez: guitare électrique

Jean Gillet: guitare basse électrique

Pascal Riou: batterie

Ce soir il n'y a piano, ni percussions (Thomas Ostrowiecki étant parti en tournée avec Bernard Lavilliers). Le format est plus Pop Music que le deuxième voire le premier concert  auxquels j'ai pu assister de ce groupe.

Après un début assez lourd, le batteur martèle plus légèrement. " In the beginning " le premier titre de l'album et du concert, en toute logique. Le son du Roland est toujours aussi agaçant. Ca sent l'homme des années 80, plutôt tendance A Ha que Prince. Heureusement il y a la voix d'Elise Caron au dessus de cette masse pop qui aurait déplu au défunt camarade Georges Marchais, grand amateur de Jazz en général et de Miles Davis en particulier. Le batteur a des airs de comptable et joue très pro comme un requin de studio.

Pascal Riou a même mis ses lunettes de comptable pour voir la partition. Gros son. " A thin sea of flesh ". Elise chante toujours aussi bien mais elle ne dialogue pas avec le public, ne plaisante pas, ne présente pas les morceaux à sa manière si particulière. Mauvais signe. Le batteur se tait pour le final. Ca soulage et ça allège.

Une belle ballade mais le batteur marque trop le tempo. Pourquoi jouer aussi fort une musique aussi délicate? Il y a erreur. Il joue très précis mais trop fort.

Les morceaux s'enchaînent sans temps mort, sans interaction avec le public non plus. " Foster the light ".  Ma deuxième chanson préférée sur cet album. Un pur bijou d'air et de lumière. Le batteur joue un peu moins fort mais martèle comme un forgeron là où il faudrait polir comme un ébéniste. La musique s'énerve avec toujours ce son agaçant du Roland, pire que l'olifant à Roncevaux. J'ai l'impression que ce batteur ignore l'existence des balais, de Denzil Best, Chico Hamilton, Vernell Fournier, Shelly Manne. Cela reste une très belle chanson même si l'ancrage trop pesant de la basse et de la batterie l'empêchent de décoller.

" Ce sont des poèmes en anglais " nous dit seulement Elise Caron. Il me semble que le public l'avait deviné mais je n'ai pas fait de sondage pour le vérifier. Duo chant/ Roland. Ca ne vaut pas un vrai piano. Ca fait jouet agaçant alors qu'Elise déclame, chante, dit, respire, sussure toujours aussi magiquement.

Ah, le batteur a pris des baguettes fines et colorées pour une chanson sublime. Ma préférée sur l'album " And death shall have no dominion ".  Enfin le batteur se met en harmonie avec la musique distillant et non plus martelant. Il était temps. Il peut le faire, Mesdames et Messieurs! La guitare verse des notes comme des gouttes de pluie. La basse tisse un tapis de velours. Même le clavier ne sonne plus agaçant. Quant à la voix d'Elise Caron, elle vous fait décoller vers des espaces inconnus où vous vous sentez bien.

Petite comptine entre chant et clavier. Guitare et basse les rejoignent en douceur, sans batteur. Ca berce bien agréablement.

Duo batteur/clavier en douceur. La voix d'Elise s'envole nous enjôle, nous cajole. Ca sent bon comme un pré fleuri au printemps. Ca accélère et le batteur se remet à frapper. Porca miseria! La vibration dégagée est tout de même bien meilleure qu'au début du concert. Elise est particulièrement belle ce soir. Solo de guitare bien funky poussé par la basse et la batterie alors que le clavier fait semblant de jouer. Ah, il se fait entendre avec des petits sons aigus et amusants! Retour au calme pour le chant.

Duo Lucas/Elise. Les autres musiciens sont sortis de la scène. C'est une ballade. La voix d'Elise est superbe et le son du clavier agaçant, décidément agaçant. La voix monte, descend, ondule comme " le serpent qui danse " de Charles Baudelaire.

Bon groove qui fait hocher la tête. Des phrases rock succèdent aux phrases funky. Evidemment, Elise est plus séduisante dans les passages funky. Funky rime avec sexy alors que rock rime avec roc. Forcément, ça ne fait pas le même effet.

Duo Elise/Lucas ludique et mystérieux. Le batteur me détrompe. Il est aux balais, en douceur, en souplesse. Ca m'apprendra à médire de mon prochain. Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt aussi?

Thomas de Pourquery est appelé à monter sur scène. Elle l'appelle comme un petit chien. Il fait wouf wouf et la suit docilement. C'est toujours mignon ce duo amoureux même si Thomas est saxophoniste, pas chanteur. Ce n'est pas toujours juste techniquement dans l'accord des voix mais émotionnellement ça l'est.  Le groupe les soutient bien. Ils s'amusent à faire des bruits de vent, de mer, de sirènes d'alarme. C'est très marin tout cela mais pas dans le genre " Alerte à Malibu ". Quoique avec le son de clavier années 80, on s'en approche un peu tout de même.

Elise est grand-mère depuis la veille du concert. Pour fêter cela, elle chante country. Ca aussi, elle sait le faire. Le groupe s'y met joyeusement. Elise fait les " Eh - Ouh- Whaoo " qu'il faut.

Reprise de " And death shall have no dominion ". C'est gentil de rejouer ma chanson préférée de l'album. Cette délicate attention me touche. Un délicat mélange de pop anglaise, de poésie galloise, de french flair, de feeling jazz et la voix d'une magnifique grand-mère pour habiller le tout.

C'était le troisième concert auquel j'assistais de ce groupe. Le batteur était le même et pourtant cette fois il m'a semblé qu'il mettait la moitié du concert à entrer dans l'ambiance de cette musique. Par ailleurs, la chanteuse m'a paru bridée, contrainte, pas à son aise. Et décidément je n'aime pas le son de synthé style années 80 sauf si c'est Prince qui en joue. En résumé ils s'en sont sortis mais c'était aussi serré que la victoire du XV de France en Irlande dans le Tournoi cette année. Espérons que le french flair reviendra en force au prochain concert de ce groupe.