Libyan Challenge, ou le voyage à Goussainville...

Publié le 20 février 2011 par Sylvainbazin
Voilà donc un voyage, prévu depuis pas mal de temps maintenant (enfin par rapport à ma moyenne), plutôt préparé au niveau entraînement et logistique et qui a... tourné court.
Bien entendu, ces dernières semaines, les évènements dans les pays voisins, la Tunisie et l'Egypte, pouvait nous inquiéter. La Libye, vu son régime politique, devait logiquement finir par bouger un peu aussi. Bon après, révolution ou pas, danger ou pas, jusqu'au dernier moment rien n'était sûr. C'est vrai que la situation commençait à devenir, apparemment, "chaude" cette toute dernière semaine. Mais bon, les évènements se passant tout au nord est du pays et la course étant quant à elle tout au sud ouest, cela semblait toujours possible. La veille du décollage, encore un message de l'organisation nous informait que tout était maintenu, la situation ne présentant pas de danger, ce qu'un message de l'ambassade de France en Libye confirmait.
Confiant mais tout de même pas encore totalement certain de l'issu du week-end, je me dirige donc vers la capitale vendredi matin, pour me rendre à Roissy, plus précisément à Goussainville, afin d'y passer une nuit à l'hôtel, près de l'aéroport pour prendre donc un avion le lendemain matin tôt vers Ghat, aux portes du désert de l'Akakus...
Donc voilà, après 3h de TGV, quelques kilomètres de ballades dans Paris, un petit tour en métro et 25 minutes de RER, je débarque à Goussainville. Goussainville, c'est un de ces joyaux de la banlieue parisienne comme seul (ou presque) le 9-3 peut nous offrir: une gare RER, quelques bars et Khebab devant, un peu plus loin des terrains vagues conduisant à une superbe zone Artisanale et commerciale, dotée d'un Carrefour et de nombreux hôtels de chaîne (bon je suis de mauvaise foi, je n'ai pas non plus parcouru entièrement la ville). On est tout près de l'aéroport, si l'on en juge aux avions qui semblent raser les toits. Un décor parfait, cependant, pour une courte escale avant de s'envoler loin...car ça donne vraiment envie de partir!
Je suis très bien accueilli par un personnel vraiment sympa à l'hôtel Confort, où je retrouve mon pote Mohamad Ahansal, venu du Maroc tout spécialement pour cette course dont il est l'un des principaux favoris. En pleine préparation du MDS, Mohamad n'est pas encore "à 100%" mais tout de même bien affûté. Il a d'ailleurs été faire des tours de stade pour se dégourdir les jambes et finaliser sa forme avant les 220 kilomètres de désert qui nous attendent.
Quelques coups de fils et un dîner à la pizzéria du coin (une pizzéria de chaîne bien entendu!) où on passe tout de même un moment sympa à discuter des courses, des projets, des gazelles... Nous nous apprêtons à nous coucher assez tôt pour être en forme pour le départ quand je jette un coup d'oeil sur mon blackberry: le dernier message s'intitule: Libyan Challenge- Annulation. Le contenu a été repris par les principaux sites spécialisés, il indique qu'en raison de l'évolution de la situation dans les toutes dernières heures les organisateurs ont été contraints à revoir leur position et, la mort dans l'âme, à annuler la course! Dire que ce message me surprends totalement, ce n'est bien sûr pas le cas, en fait, tant qu'on était pas sur la ligne de départ, je gardais quelques doutes sur l'évolution de la situation. Mais tout de même, aussi tard et déjà presque dans l'avion...
Enfin, c'est ainsi, les libyens ont certainement pleins de bonnes raisons d'entamer une révolution et l'annulation de notre course n'est vraiment qu'une petite anecdote dans le tourbillon qui secoue le monde arabe ces derniers temps... Mais bon tout de même, coup dur. Pour moi ce n'est pas bien grave, un déplacement sur Paris, quelques piges de perdues, un beau reportage et une course, un voyage de moins. Pour ceux qui, comme Momo, sont venus de plus loin, c'est déjà plus embêtant. Pour les organisateurs, qui voient leur course annulée pour la deuxième fois, c'est certainement terrible. J'espère sincèrement qu'ils s'en remettront et qu'une situation politique meilleure et plus stable permettra de faire de la Libye un pays où l'on peut courir et voyager plus sereinement. Le Libyan challenge avait tout pour ça et le potentiel reste, je pense, intact. On verra bien...
Les annulations font décidément partis de ma vie de voyageur: déjà l'an passé je me suis vu, au tout dernier moment, privé d'un vol (pour cause de grève bien française ce coup là!) pour aller courir en Italie, sur le Lavaredo. J'avais là aussi échouer dans l'une de ces improbables "zones hôtelières" proches de l'aéroport, où dans un hôtel surbooké j'avais partagé ma chambre avec un professeur de math de l'université de Melbourne, en transit entre deux congrès. Ca fait partie du jeu et des incertitudes, même si on s'en passerait bien. Des souvenirs de lecture, de l'idée fixe du savant Cosinus, où le pauvre savant (s'y prenant très mal il est vrai) n'arrive jamais à partir pour son tour du monde ou encore le plus récent voyage à Trulala où le héros se retrouve dans des lieux totalement différents d'où il avait prévu de se rendre, me reviennent à l'esprit le lendemain matin, où je me dis qu'effectivement mon voyage en Libye s'est arrêté à Goussainville...
Nous passons une curieuse matinée avec Mohamad à attendre un colis de Salomon qui devait arriver très tôt et qui n'arrivera pas... Pour ne pas être totalement venu pour rien et après moultes tergiversations Mohamad décide d'attendre là jusqu'à lundi pour être sûr d'être bien équipé pour le MDS. Sur le coup de 13h je quitte quant à moi le 93 pour Poitiers, c'est l'anniversaire de ma mère et du coup je peux être là.
Au lieu de courir 220 kilomètres dans le désert, je cours 1h30 avec mes EVO barefoot, dans les chemins poitevins, une curieuse envie de sentir la terre sous mes pieds et de courir léger... Pour bien profiter de sensations physiques à défaut de découvrir un désert. Bon je pars tout de même, en principe, dans une grosse semaine pour la Grande Canarie, et il y a aussi une longue course de prévue là-bas...Je vais donc vite m'en remettre même si la bougeotte qui m'agite perpétuellement n'est pas satisfaite aujourd'hui !