l'espoir d'un avenir meilleur SCHIZOPHRENIE

Publié le 21 février 2011 par Darouich1

Parmi les maladies importantes, c'est la schizophrénie qui arrive au dernier rang des priorités de recherche, alors qu'elle a des répercussions énormes sur les plans humain et financier.

Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la plupart des travaux de recherche relevaient du domaine de la biologie. Cette ère a été suivie d'un interlude de dix à quinze ans, au cours duquel la psychiatrie a cherché à expliquer et à traiter les maladies mentales à partir de l'étude du comportement humain. Cette approche a donné lieu à l'élaboration de techniques psychanalytiques. Ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, cette forme de thérapie ne convient pas aux personnes atteintes de schizophrénie.

Les recherches actuelles sur les causes biologiques de la maladie datent de l'introduction des neuroleptiques au cours des années 1950, laquelle a amené un changement dans l'orientation des recherches sur la schizophrénie et sur ses causes possibles, en ce sens que l'approche neurochimique a détrôné l'étude du comportement. Il est désormais généralement admis que les symptômes de la maladie découlent d'un dérèglement des processus chimiques nécessaires au bon fonctionnement du cerveau. À l'heure actuelle, la recherche sur la schizophrénie vise avant tout à expliquer ce phénomène.

La recherche sur la schizophrénie est très désavantagée par rapport à la recherche sur d'autres maladies graves pour ce qui est du budget qui lui est consacré. L'intérêt des chercheurs pour cette affection mentale a, par contre, considérablement augmenté partout dans le monde ces dernières années. Aujourd'hui, plus qu'auparavant, les scientifiques entrevoient la possibilité de trouver des réponses à leurs interrogations au sujet de la schizophrénie et d'autres affections neurologiques (c'est-à-dire, qui touchent le système nerveux). M. Torrey indique, dans son ouvrage Surviving Schizophrenia (p. 129), que nous assistons actuellement à une explosion des connaissances dans les neurosciences, dont les effets s'étendent à la schizophrénie.

Nouvelles ressources

Banques de tissus cérébraux
Les banques de tissus cérébraux ont pour objet de fournir aux chercheurs les tissus dont ils ont besoin pour l'étude des affections neurologiques, dont la schizophrénie. La Canadian Brain Tissue Bank est située à Toronto et relève de la Coalition neurologique canadienne. (Voir l'Annexe II où il est question des activités de la banque de tissus cérébraux et du don des cerveaux pour l'avancement de la recherche.)

Techniques d'imagerie
La recherche dans les domaines de la neurologie et de la biochimie a beaucoup à gagner des nouvelles techniques d'imagerie cérébrale qui permettent aux chercheurs d'observer l'activité cérébrale directement chez des êtres humains vivants. C'est dire que l'étude du cerveau ne se limite plus à l'utilisation de tissus cérébraux prélevés sur des cadavres humains. (On trouvera à l'Annexe III une brève description des différents types d'imagerie.)

Laboratoires de sciences fondamentales
Comme nous l'avons vu plus haut, les neuroleptiques agissent sur les récepteurs dopaminergiques dans le cerveau et nuisent à la réception des messages transmis par la dopamine. Cette découverte a donné lieu à d'abondants travaux de recherche sur le système dopaminergique. Le docteur Philip Seeman de l'Université de Toronto fait figure d'avant-gardiste par ses recherches dans ce domaine. Grâce à ses efforts et à ceux d'autres chercheurs, on parvient à obtenir une idée de plus en plus précise de l'interaction des neurotransmetteurs.

Ces travaux devraient permettre entre autres d'améliorer sensiblement et dans un proche avenir le genre de médicaments utilisés pour le traitement de la schizophrénie.

Un de ces médicaments, connu sous le nom de Clozaril (Clozapine), a été introduit en 1989 aux États-Unis, et dès que la Direction générale de la protection de la santé de Santé et Bien-être social Canada aura donné son feu vert, il sera mis sur le marché et utilisé partout au Canada. Réputé efficace pour le traitement des cas qui sont résistants à d'autres types d'antipsychotiques, le Clozaril semble également utile pour le traitement des symptômes négatifs de la schizophrénie et l'atténuation des nombreux effets secondaires souvent associés aux neuroleptiques, par exemple, la raideur et les spasmes violents au niveau des yeux, du cou et du dos. Comme on attribue au Clozaril le pouvoir de réduire le nombre de globules blancs dont le sujet a besoin pour combattre la maladie, il faut examiner sérieusement la question avant de considérer ce médicament comme un neuroleptique classique.

Laboratoires d'études génétiques
Dans le domaine de la génétique, il est connu depuis longtemps que les membres de familles qui ont des antécédents de schizophrénie ont des risques accrus d'être atteints de cette maladie. Plus le lien de parenté avec la personne schizophrène est proche, plus les risques sont élevés. Actuellement, les chercheurs s'intéressent de très près au rôle joué par les gènes dans les maladies neurologiques. Dans bon nombre de maladies, des scientifiques ont entrepris des travaux d'envergure afin de trouver le gène ou les gènes défectueux. Leurs travaux ont porté fruits pour un certain nombre de maladies. Songeons, par exemple, à la découverte récente du gène défectueux responsable de la fibrose kystique, à l'hôpital pour enfants de Toronto.

Grâce à leurs travaux d'observation qui leur ont valu une grande renommée, le Dr Bassett et le Dr Jones, de l'Université de la Colombie-Britannique, ont découvert une anomalie du chromosome 5 chez un oncle et son neveu. Les deux souffrent de schizophrénie et présentent plusieurs anomalies physiques identiques. À partir des travaux de ces chercheurs, des recherches ont été réalisées auprès d'un certain nombre de familles britanniques et islandaises ayant des antécédents familiaux de schizophrénie depuis plusieurs générations. Le Dr Gurling et le Dr Sherrington de l'University of London ont trouvé que le segment du chromosome 5 identifié par Basset et Jones semble jouer un rôle déterminant dans la transmission de la schizophrénie au sein de familles ayant des antécédents de schizophrénie. D'autres groupes de chercheurs, qui s'intéressent au même phénomène auprès du même type de familles, n'ont pas établi ce genre de rapprochement.

Programmes de sciences sociales
Les recherches en sciences sociales ouvrent également des perspectives encourageantes. À propos des travaux récents réalisés aux États-Unis et au Canada, à l'Université Laval et à l'Université McMaster, le Dr Heather Munroe-Blum, doyenne de la Faculté des services sociaux à l'Université de Toronto, a souligné que : « La plupart des études sur la question ont montré que les interventions psychosociales assorties d'une pharmacothérapie sont associées à des taux de récidive bien plus faibles, comparativement à la pharmacothérapie prise isolément (The Medical Post, 13 mars 1990). »

Efforts de coordination
Depuis quelques années, le National Institute of Mental Health aux États-Unis a décidé de lancer une attaque contre la schizophrénie en adoptant un plan national de recherche sur cette maladie. Ce plan englobe toutes les formes d'activités de recherche et se voit octroyer par l'État un budget annuel qui va croissant.

Au Canada, un atelier sur l'« étude multicentrique de la schizophrénie » a été tenu à Ottawa en octobre 1989, sous les auspices de Santé et Bien-être social Canada. Cette initiative a permis de regrouper d'éminents chercheurs des quatre coins du Canada et des représentants de groupes de malades, d'associations familiales bénévoles, d'organismes sociaux et de l'Administration fédérale.

Le compte rendu de l'atelier fait ressortir très clairement la nécessité d'adopter une stratégie nationale en matière de recherche. C'est dans cette optique qu'a été formé un groupe provisoire présidé par le Dr Barry Jones. Ce groupe aurait maintenant pour mandat de faire prendre conscience à la population et à ses représentants élus de l'importance des recherches dans le domaine de la schizophrénie et des besoins sur ce plan. Toujours d'après le compte rendu de l'atelier, il serait utile de dresser un répertoire de ressources humaines et autres qui pourraient être mises à contribution dans le cadre de ces recherches. Les participants à l'atelier ont convenu de la nécessité de mettre sur pied un organisme de coordination qui faciliterait la réalisation de ces objectifs.

Recherche : perspectives encourageantes

Les recherches sur la schizophrénie nous laissent maintenant entrevoir la possibilité de mieux comprendre la maladie et peut-être même de connaître parfaitement l'origine de cette affection. Déjà, il y a moyen de mieux traiter les patients et de leur offrir des services de soutien plus efficaces au sein de la collectivité. À plus long terme, il y a l'espoir de trouver un remède. Cependant, la concrétisation de ces possibilités dépend de la générosité des secteurs tant public que privé.

Résultats de recherche intéressants

La schizophrénie est plus répandue parmi les personnes nées en hiver et au début du printemps, ce qui suggère la présence d'une infection virale.

La proportion de complications à la naissance est plus élevée chez les sujets atteints de schizophrénie que dans la population générale, d'où l'hypothèse d'un rôle possible joué par un traumatisme cérébral subi tôt dans la vie.

Comme nous l'avons déjà signalé, les cas de schizophrénie s'observent souvent dans la même famille, ce qui porte à conclure à une transmission héréditaire.

On observe parfois des cas de schizophrénie et de psychose maniaco-dépressive au sein des mêmes familles. Autrement dit, le facteur héréditaire est peut-être une prédisposition à la psychose.

Les cas de dilatation de la citerne ou des ventricules cérébraux sont plus fréquents chez les schizophrènes que dans la population générale. Ce phénomène peut être causé par une infection ou un traumatisme subi au début de la vie, peut-être avant la naissance.

Les cas de mouvements oculaires saccadés sont très fréquents chez les schizophrènes, trouble qui semble héréditaire.

L'évolution de la schizophrénie est différente selon qu'il s'agit d'hommes ou de femmes. Par exemple, la maladie se manifeste généralement plus tôt dans la population masculine, ce qui porte à croire à l'existence d'un lien avec les hormones.

Certains sujets atteints de schizophrénie ont une plus forte densité de récepteurs de dopamine de type 2 que la moyenne des gens. Cette caractéristique est peut-être héréditaire.

Certains sujets schizophrènes semblent souffrir d'un problème de fonctionnement du lobe frontal, ce qui explique sans doute en partie les symptômes « négatifs ».

Certains sujets schizophrènes ont des troubles de fonctionnement de l'hémisphère cérébral droit ou gauche, plus particulièrement de l'hémisphère gauche.

Certains sujets schizophrènes ont des troubles au niveau de la mémoire, de l'éveil et de l'attention. Il est possible que des neurotransmetteurs communs y soient pour quelque chose.

Le pronostic est plus favorable à long terme qu'à court terme. Avec l'âge, les symptômes diminuent. Ce phénomène s'explique peut-être par une perte de cellules cérébrales.