Gaza : Israël et les roquettes

Publié le 26 janvier 2008 par Menye Alain

La campagne médiatique israélienne se concentre ces jours-ci sur les roquettes tirées par les brigades de résistance palestinienne à partir de la bande de Gaza sur les colonies et les communes juives du sud. Pour Israël, c’est la raison qui justifie les massacres et le blocus criminel contre la bande de Gaza. Les responsables israéliens disent clairement que le blocus, les punitions collectives et les raids sanguinaires vont continuer tant que les tirs des roquettes continuent.
Cette campagne bien orchestrée rappelle une autre campagne similaire et avec les mêmes outils, une campagne qui a attaqué les opérations martyres en cherchant par tous les moyens à les incriminer et à les présenter comme le plus grand danger pour la sécurité du citoyen israélien, et qui a mobilisé le monde entier pour les arrêter.
Les roquettes palestiniennes ne sont pas du type Cruise ou Tomahawk, comme le sont al-Abbas ou al-Hussein, mais simplement des roquettes primitives inventées par le besoin et à cause de l’indifférence arabe officielle, afin de vaincre des murs électroniques en béton armé construits par les forces israéliennes tout au long des frontières de la bande, dans le but d’empêcher toute tentative d’infiltration de la part des brigades de résistance. Et c’est exactement pareil que ce même besoin avait aussi engendré les bombes humaines dans les années 90.
La campagne diabolique israélienne contre les bombes humaines palestiniennes a réussi à les arrêter et à mobiliser les gouvernements arabes et occidentaux pour les diaboliser, car ces bombes ont terrorisé les israéliens et les ont empêchés de fréquenter les discothèques, les casinos et les restaurants. Et maintenant nous voyons des indices qu’une deuxième campagne similaire contre les roquettes commence à être écoutée dans les milieux des régimes arabes officiels, ou du moins de quelques uns. Ceci est clairement reflété dans les articles de leurs auteurs [de ces régimes] qui rendent ces roquettes, et non pas les pratiques nazies israéliennes, responsables du blocus et des massacres dans la bande de Gaza.
Monsieur Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité Palestinienne à Ramallah, était le premier à se montrer positif vis-à-vis de ces campagnes israéliennes, quand il a fait des déclarations, hier soir, sur l’inutilité des tirs des roquettes, et, par conséquent, de la résistance armée.
La question qui se pose est de savoir quelles sont les alternatives disponibles pour les Palestiniens au cas où ils se soumettent aux pressions officielles israéliennes et arabes, et ils arrêtent complètement les tirs des roquettes, comme ils ont arrêté les opérations martyres il y a plus de deux ans ?!
Le Président Abbas négocie avec les Israéliens depuis plus de quinze ans, et précisément depuis qu’il avait inventé les négociations secrètes d’Oslo. Quels sont alors les résultats qu’il a obtenus grâce à cette attitude depuis ce temps là, alors que c’était lui qui nous disait que les accords d’Oslo aboutiraient à un état palestinien dans les cinq ans, et qui avait demandé d’arrêter l’Intifada et tout acte de résistance, afin d’être conforme à ces accords et de faciliter leur application ?
Clarifions l’image un peu plus et rappelons à ceux qui rendent responsables les tireurs de roquettes, et non pas les Israéliens, du blocus de Gaza et de ses massacres, ceux là parmi les gens raisonnés dans les deux camps palestinien et arabe, qu’une dizaine de rencontres publiques ou privées entre le Président Abbas et son homologue israélien Ehud Olmert, n’ont pas éliminé une seule barrière parmi les six cents barrières dans la Cisjordanie. Et que la participation à Annapolis sous les conditions israéliennes et américaines et avec une importante présence arabe, cela n’a causé le démantèlement d’aucune colonie sauvage et n’a pu empêcher la construction dans les colonies légales (autorisées par l’état sioniste et non pas par les lois internationales, ndt).
Le mouvement Hamas a proposé plus d’une fois d’arrêter les tirs de roquettes, et il a effectué des discussions avec les autres groupes de résistance à ce sujet afin de parvenir à une trêve, mais Israël a refusé toutes les offres à cet égard, car il veut détruire la résistance complètement, et veut ramener le peuple palestinien à son état précédent, c’est-à-dire comme un peuple mendiant qui vit sur les miettes d’assistance de la communauté internationale.
Le blocus de la bande de Gaza a mis à nu Israël et sa barbarie, comme il a mis à nu le régime arabe officiel et la complicité de ces chefs. Il a unifié l’opinion publique arabe pour la première fois depuis l’invasion de l’Irak et a montré sa force, bien que cette opinion ne se soit pas mobilisée comme il faut. En fait, la levée partielle du blocus est le résultat de ce réveil dans la rue arabe et de sa réaction, car les régimes arabes, les amis de Bush et particulièrement les danseurs de sabre avec lui, ils ont eu peur que cette barbarie israélienne n’aboutisse à l’explosion de ce grand réservoir congestionné sous leurs pieds.
Israël a subi des pertes à cause du blocus, car le monde n’a pas pu croire qu’un état, civilisé ou barbare, puisse couper l’électricité et les médicaments sur un peuple déjà encerclé et affamé, et qu’il provoque une catastrophe humanitaire, sanitaire et écologique similaire à ce qu’on a vu les écrans de télévision, et les images ne mentent pas.
Ehud Olmert et son équipe gouvernementale n’ont pas seulement fait du mal aux Palestiniens, mais aussi aux Juifs victimes du nazisme, en se comportant de cette méthode barbare. Car touts les lois internationales qui interdisent les punitions collectives, qui les considèrent comme des crimes de guerre, et qui font partie du patrimoine de l’humanité, toues ces lois sont les résultats des sacrifices de ces Juifs, et pour empêcher que cela se reproduise, que ce soit aux Juifs ou à tout autre peuple.
Les Israéliens appliquent à l’égard des Palestiniens ce que les Nazies ont aussi appliqué à l’égards de leurs grands-parents désarmés, quand ils ont transformé la bande de gaza d’une grande prison à un grand four de gaz, où les habitants n’ont qu’un choix parmi deux, soit la mort sous les balles et les éclats de bombes des chars israéliens, ou de mourir de faim, de froid et de maladie à cause de l’explosion des égouts due à la coupure d’électricité et l’arrêt des usines de retraitement.
Le gouvernement égyptien qui assume une responsabilité légale et morale sur la bande de Gaza, s’est comporté d’une manière qui manque des moindres sentiments d’empathie et d’humanité en blâmant aussi les palestiniens eux-mêmes, et en leur demandant via leur porte-parole de ne pas exporter leurs problèmes à l’Egypte, en réponse à la pénétration du passage de Rafah par une manifestation de femmes.
Quels sont ces problèmes que ces palestiniens encerclés et affamés exportent vers l’Egypte, l’état arabe musulman voisin, et dont le peuple avait déjà donné des milliers de martyrs pour défendre la dignité arabe humiliée en Palestine ? Est-ce que la demande d’ouvrir la porte de la prison pour évacuer les blessés et les malades est une exportation des problèmes ?
Le gouvernement égyptien a fermé la prison de Gaza sur ses détenus et a jeté la clé à la mer. Il a tourné le dos à la souffrance d’un million et demi de personnes comme s’il n’est pas concerné. Et cette attitude est la pire espèce des irresponsabilités et des indifférences envers des frères de la même foi et de la même appartenance.
Le Président Abbas a dit qu’il avait proposé d’assumer la responsabilité du contrôle des passages, mais qu’un côté refusait, en sous-entendant qu’il s’agissait du côté israélien, comme s’il avait peur de le désigner clairement. La peur domine certains de nos responsables jusqu’à un degré élevé, de telle manière qu’ils ne peuvent pas adresser le moindre blâme à Israël.
Le gouvernement israélien a effectué une opération calculée de décongestion en laissant passer quelques camions de fuel pour éviter une catastrophe humanitaire, comme cela a été déclaré par ses responsables. La catastrophe humanitaire continue et ne s’arrête pas, car le blocus continue et le fuel suffit à peine pour répondre au quart des besoins en courant électrique.
Améliorer un peu les conditions en envoyant des camions du fuel ne veut pas dire que la situation est devenue normale dans la bande de Gaza, et il ne faut pas que le prix de cette amélioration partielle soit l’abandon de la résistance, ceci tant que les fruits de l’alternative des négociations sont toujours plus de colonies, de barrières et d’humiliation pour le peuple palestinien.
http://www.alquds.co.uk/index.asp?fname=today\22z35.htm&storytitle=ffالمشكلة%20اسرائيل%20لا%20الصواريخfff&storytitleb=عبد%20الباري%20عطوان&storytitlec=

Abd-ul-Bari Atwan
23/01/2008
Al-Quds Al-Arabi