Photovoltaïque : Lettre ouverte au premier ministre

Publié le 23 février 2011 par Confortecologique

Confort écologique reproduit ci-après la lettre ouverte du collectif “Touche pas à mon panneau solaire” (TPAMPS), au Premier ministre.


Monsieur le Premier Ministre,

D’un revers de main vous venez de balayer les enseignements de la concertation Charpin. Votre ignorance de la réalité du terrain est consternante. Vous piétinez l’ensemble de la filière solaire. A-t-on jamais vu pareil capitaine de navire ignorer le cap à prendre, la valeur de l’équipage et le fonctionnement même d’un bateau ou d’une boussole? Comment se peut-il que vous n’ayez à ce point la moindre idée du travail que nous avons abattu depuis 4 ans?

Quels sont ces panneaux de piètre qualité dont vous parlez? Voulez-vous parler des panneaux chinois qu’EDF-EN installe à tour de bras, de la rafle de 75% du marché par ces “champions” nationaux du pompage de fonds publics et du contournement de l’esprit de la loi? Parlez-vous des équipes de saisonniers d’Europe de l’Est qui installent leurs centrales au sol et dorment sous des tentes? Sans doute mais vous ne le dites pas.

Nous, les PME-PMI, installateurs, développeurs et associatifs, le cœur battant de cette filière naissante et prometteuse, avons installé du matériel de qualité, dans le respect des règles de l’art et d’un cadre réglementaire particulièrement complexe. Nous avons créé 25.000 emplois au cœur de la crise. Nous vous avions alerté mi 2009 sur la nécessité de revoir le dispositif d’aide sous peine d’emballement, vous avez mis six mois à réagir et aujourd’hui vous nous rendez à la fois responsable et victime de la situation.

Vous nous avez conviés à une concertation. De cette “concertation” vous ne tirez rien mais vous reprenez à l’identique ce que vous annonciez déjà en août dernier et qui participe au dépeçage du Grenelle. Nous avons, depuis deux mois, fourni un travail de réflexion exceptionnel sur tous les aspects techniques, économiques et administratifs de cette filière, émettant des propositions constructives et réalistes qui permettent de maîtriser les coûts tout en gardant des volumes ambitieux. Cette concertation n’aura servi qu’à vous vanter d’avoir échangé avec nous, nous avons perdu notre temps et vous nous avez humiliés. Vous faites comme si nous n’existions pas, comme si vous connaissiez mieux que nous tous réunis la voie à prendre. Quelle honte. Quel suprême mépris.

Comme nous, vous savez que ce que la France investit aujourd’hui dans le renouvelable, c’est ce qu’elle gagnera demain et ce qu’elle ne dépensera plus après demain. Comme nous, vous savez qu’en permettant aux français de produire leur électricité localement, vous leur garantissez, à horizon 2020, une électricité propre et indépendante moins chère que l’électricité nucléaire à même horizon. Comme nous, vous savez que les français attendent de vous de les accompagner avec ambition sur le chemin nécessaire de la transition énergétique, que vous ne les laissiez pas sur le trottoir avec un nucléaire dont le reste du monde n’aura que faire. Ce qui valait pour hier ne vaudra pas pour demain et vous ne pouvez plus profiter de la méconnaissance des français sur les progrès faramineux et continus des technologies du renouvelable déjà largement opérationnelles, et compétitives dans les toutes prochaines années.

Vous nous proposez aujourd’hui des choses qui existent déjà, nous ne pouvons être dupes: Nous ne vous avons pas attendu pour que nos fabricants adhèrent aux programmes de recyclage déjà effectifs; nous ne vous avons pas attendu pour respecter les critères de qualité technique, environnementale et esthétiques; nous ne vous avons pas attendu pour innover. Les appels d’offres, quant à eux, ont déjà prouvé leur totale inefficacité, si ce n’est pour les très gros acteurs, et sur les toitures, ce système est une simple aberration. Par contre nous vous avons attendu pour pérenniser en France une filière solaire digne de ce nom.

Plus globalement, votre mission de service public est de servir l’intérêt général dans une vision à long terme. Dans la gestion financière de ces vingt dernières années nous savons, malgré le discours actuel, que les dépenses n’ont pas augmenté comparées au P.I.B mais que ce sont les recettes qui ont été réduites comme peau de chagrin. Pour nous sortir de cette ornière vous pouvez faire le choix suivant : des économies intelligentes qui porteront les dépenses de demain, et des dépenses intelligentes qui porteront les économies et les recettes de demain. Les énergies renouvelables, entre autre, en sont un formidable exemple.

Le Président n’annonçait pas autre chose en 2009 et nous lui avions emboîté le pas. Cessez de nous faire croire que vous en faites de même aujourd’hui, mais agissez… intelligemment et vite!