Chronique d'un 23 février ordinaire à Douala

Publié le 24 février 2011 par 237online @237online

Écrit par Cameroon Tribune   

Jeudi, 24 Février 2011 11:43

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Malgré des attroupements d'une poignée de politiciens vite dispersés par la police, les habitants de la ville ont tranquillement vaqué à leurs occupations hier. Six vendeurs de chaussures devisent à Akwa, tout en éclatant de rires. L'actualité internationale est au menu de leurs discussions. Au Boulevard Ahmadou Ahidjo hier en début d'après-midi, les activités économiques étaient à leur paroxysme. Les magasins, banques, et autres boutiques de prêt-à-porter avaient ouvert, comme d'habitude. Hommes et femmes, sans aucun souci ont vaqué à leurs occupations. Certains se disent même surpris quand on leur parle d'un quelconque appel à l'insurrection. « Je ne savais pas qu'il y avait quelque chose aujourd'hui. Vraiment, ces manifestations ne me concernent pas. Regardez mes chaussures. Si vous voulez les acheter, je vous les vends. Autrement dit, nous voulons faire notre business tranquillement », lance un vendeur. Au carrefour Tif, des élèves et commerçantes empruntaient leur «cargo », alors que plusieurs habitués de bars étaient attablés, sirotant leur breuvage.

Cependant, c'est à deux endroits précis hier que l'on a perçu quelque mouvement. A la salle des Fêtes d'Akwa, occupée par des dizaines de forces de l'ordre, six hommes politiques environ arborant le drapeau du Cameroun ont formé un groupe au rond-point faisant face au bâtiment. Parmi les politiciens, on pouvait reconnaître Anicet Ekane, Abanda Kpama, Robert Simo, Richard Ntondo, Hameni Bieleu. La tentative de regroupement a vite été dispersée par les éléments du délégué régional de la Sûreté nationale, Joachim Mbida Nkili. Interpellés, ils seront rapidement relâchés. Le lieu dit « Feu Rouge Bessengue » constituait l'autre point névralgique. Là, Kah Walla de l'association Cameroun O Bosso, et une dizaine de personnes arborant des T-shirts rouges ont essayé pendant une dizaine de minutes, de perturber la circulation, tout en chantant l'hymne national. Leur tentative de manifestation a vite été dispersée par les éléments du Groupement mobile d'intervention n°2 et de la gendarmerie. Ceci, sous les yeux hagards des « bendskineurs », qui n'ont même pas daigné apporter un quelconque soutien à la poignée de manifestants.

Les hommes politiques reconnaissent que la mobilisation populaire escomptée n'a pas eu lieu. Ce 23 février n'était donc qu'un pétard mouillé. « Elle n'a pas eu le succès attendu, la mobilisation populaire n'a pas été au rendez-vous », admet Abanda Kpama, du Manidem, avant d'annoncer qu'une réunion devrait se tenir dans les services du gouverneur, « pour lui faire part de notre position ». Au finish, les populations de Douala, visiblement échaudées par le souvenir de février 2008, ne veulent plus se lancer « à l'aventure ». François Moumbe, vendeur de sacs au carrefour Tif : « Nous sommes venus faire notre commerce aujourd'hui. On nous a tellement abusés. On est obligés de rester tranquille. Les marches ne servent plus à rien ».