la tour Eiffel

Publié le 26 février 2011 par Dubruel

« Depuis un mois, tous les journaux illustrés nous présentent l’image affreuse et fantastique d’une tour de 300 mètres qui s’élèvera sur Paris comme une corne unique et gigantesque. Ce monstre poursuit les yeux à la façon d’un cauchemar, hante l’esprit, effraie d’avance les pauvres gens naïfs qui ont conservé le goût de l’architecture artiste, de la ligne et des proportions.

Cette pointe de fer épouvantable n’est curieuse que par sa hauteur…Cela n’est ni beau, ni gracieux, ni élégant. C’est grand, voilà tout.

On dirait l’entreprise diabolique d’un chaudronnier atteint du délire des grandeurs.

Pourquoi cette tour, pourquoi cette corne ? Pour étonner qui ? Les imbéciles.

On a donc oublié que le mot art signifie quelque chose. Est-ce dans une forge à présent qu’on apprend l’architecture ? N’y a-t-il plus de marbre dans le flanc des montagnes pour faire des statues ou tenter d’élever des monuments. »

(Maupassant, Gil Blas, 19 octobre 1886)