Gainsbourg, évidemment.....

Par Michelleblack
Gainsbourg, 20 ans déjà et comment passer à côté puisqu'on en parle partout. Le temps qui passe et ne revient pas. Gainsbourg: tout est bon, rien à jeter et plus rien à dire car tout a été dit. Mais comment oublier le concert au Cirque Royal de Bruxelles en 1980 quand on a allumé nos briquets au moment où il a entonné "sa" Marseillaise tant critiquée, à l'époque, en France. Une fois de plus, ceux-là n'avaient rien compris, c'était sa manière à lui de saluer son pays. Gainsbourg-Gainsbarre. La provocation comme armure pour cacher la timidité, la sensibilité, le mal-être, les souffrances enfouies dans le subconscient.
Rien à f...de rien! Oui, et alors? Il faut des mecs comme lui pour secouer les esprits bien-pensants et, je n'ose ajouter: surtout les esprits bourgeois. Cela fait un bien fou de les voir s'offusquer....
Je sens une main sur mon épaule qui me remet dans le droit chemin et on me souffle à l'oreille: --Michelle, tu t'égares, reprends le fil, tu parlais de Gainsbourg.......
Gainsbourg, c'était notre pote, celui qui disait tout haut ce que nous et les autres pensions, pensaient tout bas, celui qui bousculait les idées reçues. Il collait à son époque.
"Je t'aime, moi non plus", c'était une bombe et j'ai mis des années avant d'en comprendre la signification! "69, année érotique", il n'y avait que lui qui pouvait écrire cette chanson et probablement qu'il ne serait jamais devenu Gainsbarre s'il avait vécu dans les années 2000. Cette dualité qu'il a, lui-même, qualifiée dans une interview*en 1987:
"Cela peut être de la schizophrénie, une maladie mentale...Non, ça va...Je crois que je vais retourner à Gainsbourg. C'est bientôt la fin du parcours. J'ai 60 ans dans trois mois......J'ai des jours de dépression. Si j'étais sûr de moi, je n'aurais pas fait le parcours de combattant que j'ai réalisé. Tenir 25 ans...Les gamins seraient pas là à mes concerts. Parce qu'ils sentent que le mec est intègre et qu'il est un peu comme ça, il vit sa vie, il s'en fout, se fout des autres. Il s'assure en tant qu'homme. Avec tous les coups de cravache que ça implique dans la vie et j'en ai eus. Indélébiles...Si j'avais pas Charlotte, Bambou, Lulu, je me flingue...."
La majorité d'entre nous a un petit Gainsbarre enfoui au plus profond de nous, non? Même si on ne se l'avoue pas. Quel poète, quel génie, ce type. Un écorché vif, un artiste, un vrai.
Je crois que la provocation sans talent est vulgaire. Avec le talent, elle devient géniale.
Merci à vous, Monsieur Gainsbourg, de susciter en nous tant d'émotions.
En m'installant derrière mon PC, ce matin, je me suis jurée de ne pas tomber dans le panneau de la petite video et tant pis, j'ai pas pu résister.
*Interview: décembre 1987. Hôtel Astoria. Extrait: Le Soir, samedi 26 et dimanche 27 février 2011. Propos recueillis par Thierry Coljon.