La pseudo-pissaladière de sardines et autres crudités rigolotes

Par Estebe

Salud, amigos

Ça aurait dû être une recette méga pronto de chez pronto. Une recette à la va-comme-je-t’y-pousse-dans-le-four. Une recette branchouille à deux balles, comme dans les magazines pour les dames, que tu te bricoles en trois minutes d’une main en te repoudrant le museau de l’autre.
Ben non.
Tout ça à cause du pote Jenny. Qui est un artisan notoire et scrupuleux. L’autre jour, on te dégaine une recette avec de la pâte feuilletée de supérette. Pof: Jenny s’énerve tout rouge. Sur le thème: «Au diable les saloperies industrielles! C’est plein de trucs cancérigènes. C’est dégueu. Viens donc acheter ta pâte chez les honnêtes boulangers de quartier». Et il avait raison, le bougre, bien sûr.
Voilà pourquoi la préparation de notre très couillonne mais slurpissime pseudo-pissaladière de sardines et crudités rigolotes vous occupera la moitié d’un jour de congés. Le topo, et par étapes, SVP.

Pour acheter une pâte feuilletée artisanale
, commencez par traverser la ville aux heures de pointe. Bravez les frimas, la mauvaise humeur policière, la petite délinquance galopante, le grand banditisme embusqué, la pollution atmosphérique et les scories de caniches diarrhéiques. Sans parler des aînés irascibles, des bébés braillards et des klaxons débiles. Traversez la ville donc, puis rentrez chez vous avec la pâte sous le bras. Ou l’inverse.
Abaissez votre trésor au rouleau. Parsemez de graines de sésame, poivrez. Repassez un coup de rouleau. Puis découpez en rectangles de 11,5 sur 3,4cm. Badigeonnez de jaune d’œuf battu. Et enfournez à 180°, une dizaine de minutes, en écrabouillant une ou deux fois la pâte en cours de cuisson, pour éviter qu’elle ne gonflâsse démesurément.
Pendant ce temps, lavez et émincez un bouquet de cerfeuil et quelques olives noires. Taillez trois radis et deux branches d’oignon frais en fines lamelles. Et égouttez une boîte de sardines de belle origine (Belle-îloise, Quiberonnaise ou tout autre phénix de la conserverie océane).
Le final? Héroïque. Coiffez chaque tartelette de radis, cerfeuil olive et oignon; une discrète giclée d’huile d’olive, une sardine, trois cristaux de fleur de sel et l’addition.
Grignotez ça en racontant à tout le monde que cette pâte exquise, ben, c’est vous qui l’avez faite de vos mimines.
Car jamais mensonge ne nuit.

Tchou!