Ca tombe bien parce qu’en ce mardi 8 mars, j’avais un film immanquable sur mes tablettes : Halal, Police d’état. Immanquable en ce jour, car il semble que le lendemain, le film serait invisible sur Paris (il ne passe plus qu’Pathé Wepler sur Paris intramuros). La nouvelle comédie écrite et interprétée par Eric et Ramzy ne semble pas s’être transformée en succès du moment auprès du public parisien, malgré les excellentes critiques dont le film a joui dans la presse. Ce sont d’ailleurs ces critiques enthousiastes qui m’ont motivé, car je dois bien avouer que les films d’Éric et Ramzy, ce n’est pas trop ma came. Je suis loin de les avoir tous vus, mais ce que j’en ai vu m’a toujours convaincu que les deux compères ne sont pas les plus grands comiques de leur génération. Loin de là.
Avec les six ou sept autres spectateurs calés dans le fond de la salle, j’avais l’impression d’avoir le film pour moi tout seul, et au début ça m’a un peu fait peur. Je ne me souviens pas avoir ri pendant le premier quart d’heure du film, en fait. Ca sentait déjà la daube à la Double Zéros à plein nez. Et puis finalement, petit à petit, je me suis mis à rire. Des gags commençaient à faire mouche. L’esprit absurde de l’entreprise prenait nettement mieux que sur leurs précédents films. Je n’irais pas jusqu’à m’enflammer comme Péron dans Libé, mais force est de constater qu’Eric et Ramzy ont fait des progrès. L’un des points essentiels est qu’il parvienne à rendre leurs personnages sympathiques, ce qu’ils ont habituellement bien du mal à faire. Chez eux, débile rime trop souvent avec horripilant, ce qui pose problème.
Mais ici, entre les « blédards » posant pour leur calendrier, le concierge d’hôtel tendance Norman Bates, l'enlèvement extraterrestre qui imprime un accent français et les chinois qui s’appellent Cohen, les gags pullulent, et souvent dans le bon sens. Bon d’accord, ça pullule dans tous les sens, et plus d’une fois ça tombe à plat. Mais comparé aux précédentes aventures cinématographiques d’Eric et Ramzy qui tombaient constamment à plat, il y a du mieux.
A l’origine j’étais un peu hésitant pour Rio Sex Comedy. Une comédie franco-américano-brésilienne à Rio avec des couples explorant leur vie sexuelle (ainsi que ça en avait l’air) par le réalisateur du documentaire Mondovino, j’étais hautement craintif. Mais l’esprit festif qui semblait régner dans le film, plus la présence au générique du trop rare Bill Pullman, ont attisé ma curiosité. Et je crois bien que le terme technique en vigueur dans l’appréciation d’un film décrivant le mieux ce que j’ai ressenti devant Rio Sex Comedy est : je me suis éclaté. Excusé le langage très élaboré, mais il convient à merveille. Rio Sex Comedy est un film totalement foutraque. Totalement. Les personnages sont inconstants, les intrigues partent dans tous les sens, et le film est trop long… non vraiment, vu d’en haut, le film ne ressemble souvent à rien. Mais c’est pourtant bien cette confiture étrange à saisir qui fait tout le charme de Rio Sex Comedy. C’est un joyeux bordel dans lequel il fait bon être spectateur.