Edward aux mains d'argent (Edward Scissorhands)

Publié le 10 mars 2011 par Cinephileamateur

De : Tim Burton.
Avec : Johnny Depp, Winona Ryder, Dianne Wiest, Anthony Michael Hall, O-Lan Jones, Kathy Baker, Robert Oliveri, Conchata Ferrell, Caroline Aaron, Alan Arkin, Vincent Price, Dick Anthony Williams...
Genre : Drame - Fantastique - Comédie.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 45.
Date de sortie : 10 avril 1991.
Synopsis : Edward n'est pas un garçon ordinaire. Création d'un inventeur, il a reçu un cœur pour aimer, un cerveau pour comprendre. Mais son concepteur est mort avant d'avoir pu terminer son œuvre et Edward se retrouve avec des lames de métal et des instruments tranchants en guise de doigts.
Bien qu'il soit culte, cela faisais un sacré moment maintenant que je n'avais pas revu "Edward aux mains d'argent" et j'avoue qu'en commençant mon cycle sur Tim Burton, j'étais assez impatient de retomber sur ce film que je souhaitais redécouvrir et dont je n'avais encore jusque là écris aucun avis.
De tout les films de Tim Burton, celui ci est à mes yeux l'un de ses films (si ce n'est pas LE ;-) ) qui collent le mieux à son univers et qui m'apporte tout ce dont je viens chercher quand je vois un film de ce cinéaste. Partant d'une histoire fantastique assez simple croisement entre "Frankenstein" et "Pinocchio", cette histoire nous entraine dans un conte à la fois drôle et touchant. Dès le début on se laisse emporter par la magie de ce film et par son côté féerique. C'est ainsi alors que derrière sa simplicité, cette histoire nous montre une très belle histoire d'amour tout en abordant des thèmes chers au réalisateur comme la peur de l'autre par exemple en livrant également un portrait assez acide sur une société qui nous oblige à rentrer dans des cases pour se faire accepter. Bénéficiant de plusieurs angles de lecture, j'ai trouvé cette histoire fascinante. J'ai aimé son ton assez comique d'un premier abord qui va partir dans une grande tragédie shakespearienne au fur et à mesure que l'intrigue avance. Magnifiquement bien écris, l'histoire alterne ainsi à merveille avec plusieurs registre sans jamais nous perdre et en restant crédible. Tout en douceur, chaque point de cette histoire est abordé avec finesse et subtilité. Ici le monstre n'est pas celui qu'on croit bien au contraire, le héros principal nous apportant une très belle leçon de vie. Innocent, cette découverte du monde, de l'amour, de la vie, cette naïveté, ce côté enfantin nous permet de nous remettre en question je trouve tandis que le film combat de façon intelligente cette politique qu'à notre société de coller des étiquettes aux gens et de voir pas plus loin que le bout de son nez. Dans un monde égoïste, hypocrite qui sonne affreusement creux et faux, le spectateur ne peut que être touché par ce destin tragique. Personnellement, même après plusieurs visionnage, j'ai toujours la larme à l'œil face à cette histoire que je trouve extrêmement poignante. Rien n'est gratuit, tout trouve ici sa justification et comme si cela ne suffisait pas que le scénario aborde avec maitrise de nombreux thèmes, cette histoire se présente à nous comme une poésie faisant de ce conte bien plus qu'une simple histoire linéaire raconté de façon plate.
Si la magie opère, c'est aussi en grande partie grâce à un Johnny Depp qui signe la sa première collaboration avec Tim Burton de bien belle manière. Le comédien nous montre dès ce film sa faculté à être un véritable caméléon et sous ses aspects de "création", c'est avec une excellente interprétation que Johnny Depp élève son personnage le rendant plus "humain" que n'importe lequel des protagonistes de cette histoire. Sans forcément jouer dans l'excès, l'acteur apporte beaucoup à son rôle avec une gestuelle minimaliste (la seule exagération étant volontaire lorsqu'ils utilise ses ciseaux ;-) ) mais un regard qui en dis beaucoup plus. Un énorme travail à été fourni sur le regard et c'est avec les yeux de l'acteur qu'une multitude d'émotions va venir nous envahir. Amour, colère, innocence, découverte, amusement... juste avec ses yeux Johnny Depp va donner vie à son personnage et humanisé comme rarement un personnage à été humanisé au cinéma. Si il tient le rôle titre de la plus belle façon qui soit, le reste de la distribution va elle aussi livrer une bonne prestation à commencer par une Winona Ryder excellente. La comédienne qui signe une nouvelle fois avec le cinéaste va vite nous faire oublier sa très bonne prestation déjà dans "Beetlejuice" et prouver qu'elle aussi est l'une des meilleures comédiennes de sa génération. Véritable caméléon comme Johnny Depp, l'actrice bénéficie aussi d'un des personnages qui évolue le mieux je trouve dans ce film. On va vite sentir à quel point les préjugés de son personnage vont bouger et à travers ce personnage, je pense que c'est sans doute celui qui permet le plus aux spectateurs de s'identifier. Tout comme elle, on va découvrir Edward pour ensuite sympathiser avec lui puis l'aimer craignant pour sa vie et trouvant injuste le sort qu'on peut lui réserver. Winona Ryder étant si bonne avec son personnage, j'en regretterai même qu'elle arrive tardivement dans cette histoire même si avec du recul cela s'avère toutefois nécessaire. J'ai bien aimé aussi l'évolution de Dianne Wiest qui dans sa première scène apparait quelque peu irritante avant de nous montrer un tout autre visage. D'ailleurs, ce changement radical qui va faire que son personnage passe d'irritable à très sympathique est assez ironique je trouve. Je sais pas si c'était le but ou si c'est juste moi qui me l'imagine comme ça mais j'aime l'idée que cela à été fait ainsi afin que dès le début le spectateur soit invité à combattre ses propres préjugés et évite de coller des étiquettes afin de mieux accueillir encore le personnage d'Edward et d'être plus touché par son sort mais aussi par les messages véhiculés par le scénario. Quoiqu'il en soit, Dianne Wiest est très bonne elle aussi. Kathy Baker s'en sors très bien elle aussi. Comme tout le voisinage son jeu est surjoué de façon volontaire et alors que son rôle n'est pas aussi simple que ça à interpréter la comédienne arrive à rester cohérente comme il le faut. Elle, ainsi que l'ensemble du voisinage qui adopte la même ligne de conduite dans le jeu (comme Conchata Ferrell) incarne à merveille les voisines types que l'on veut détester et qui passent leur temps à faire circuler des ragots tout en créant les étiquettes. Elles arrivent très bien à dessiner cette société soucieuse de l'image qu'elle véhicule et croyant posséder la bonne parole. Anthony Michael Hall incarne lui le parfait pourri qu'on aimerait faire taire tandis que j'ai bien aimé le jeu d'Alan Arkin. Les personnages joué par Robert Oliveri et O-Lan Jones apparaissent un peu plus transparent car ils ont peu d'importance mais les comédiens s'en sorte bien. J'ai en tout cas énormément aimé les apparitions de Vincent Price dans ce qui est son dernier film et qui se trouve dans un univers qui lui va comme un gant. On sens l'admiration que Tim Burton à pour ce comédien et même si là encore je le comprend du point de vue du scénario et du rythme général, je pense que son rôle d'inventeur aurait pu être développé et apporter d'autres choses.
Niveau mise en scène, je trouve que le travail de Tim Burton sur ce film est juste parfait. C'est pas pour rien d'ailleurs que ce long métrage est souvent cité en référence. Tout y est parfaitement bien cadré et la réalisation sers magnifiquement bien son propos sans se faire ressentir. Pourtant, on retrouve encore tout ce que le cinéaste affectionne avec cette utilisation des couleurs dans la ville qui s'avère justifiés rendant cette communauté aussi fausse et en carton pâte que l'image qu'elle véhicule tandis que le côté plus sombre du monde d'Edward va se retrouver paradoxalement plus réaliste, plus consistant et surtout plus vivant. Les décors sont bien exploités avec chaque mètre carré à sa place pour bien être sur le chemin imposé tout étant en même temps la signature du réalisateur qui une nouvelle fois crée son propre univers ce qui donne à cette ville sa propre identité. La caméra est toujours placé au bon endroit avec des angles de vue magnifique le tout sublimé par une très belle photographie. Visuellement, c'est vraiment très beau et de nombreux passages sortent du lot. C'est ainsi par exemple que j'ai énormément aimé la scène où Kim danse sous les copeaux de glace par exemple qui est juste magnifique où encore l'un des derniers plans où on voit Edward à sa fenêtre qui est brisé regardant ce qui passe alors que le voisinage arrive dans son château (qui est très beau et très burtonnien lui aussi ;-) ). Ce ne sont que des exemple parmi tant d'autres car j'aurais aussi pu citer le très beau travelling où Edward déchire son costume pour laisser apparaitre sa tenue d'origine qui visuellement est très forte aussi mais la mise en scène de Tim Burton se veut en tout cas très riche et très variés. L'exagération de certains effets visuels accentue le côté conte fantastique et dessin animé de cette œuvre tout en lui apportant encore un peu plus de poésie. J'ai aimé ce mélange des genres qui fait que malgré les couleurs environnantes, le film apparait alors assez sombre. Les maquillages sont eux aussi très bons et un bon travail à également été fait sur les costumes qui collent bien au caractère de chaque personnage et à leur univers (on sens par exemple que c'est pas naturel quand Edward porte un costume, ce dernier étant plus à l'aise et plus consistant tout de noir vêtu même si apparemment cette tenue aurait poser quelques soucis à Johnny Depp qui manquait d'oxygène ;-) ). Fidèle au cinéaste, Danny Elfman signe aussi une composition magnifique avec une ambiance qui colle bien au film. On y retrouve également sa patte mais en même temps à plusieurs moments j'ai trouvé que le compositeur avait pris des risques en nous proposant d'autres choses loin de ce qu'on à l'habitude d'entendre chez lui comme justement la fameuse scène sous les copeaux de glace par exemple. L'ensemble est en tout cas très rythmé, très dynamique et on ne vois pas le temps passé.
Au final, "Edward aux mains d'argent" est un film sublime qui mérite amplement son statut de film culte. Véritable référence pour toute une génération, ce film est une très belle leçon de cinéma mais aussi et avant tout une très belle leçon de vie qui nous apprend à être plus tolérant, plus ouvert et à combattre les différents préjugés et étiquettes que l'on peut avoir. Abordant plusieurs lecture, on peut prendre ce film comme simple divertissement ou comme une œuvre beaucoup plus profonde mais quoiqu'il en soit elle sera touché un maximum de monde. Il est difficile je pense de rester insensible face à ce très beau conte philosophique riche en poésie avec des acteurs au sommet de leur forme et une mise en scène burtonnienne comme on les aime. "Edward aux mains d'argent" est un film dont on ne se lasse pas et dont c'est toujours un plaisir pour moi que de le voir. Plus qu'une simple recommandation, ce long métrage est une œuvre indispensable à voir je pense et qui nous montre qu'un divertissement peut nous évader, nous faire rêver et aussi nous faire réfléchir sans que cela soit lourd. C'est pour des films de la sorte que j'aime le cinéma en tout cas et c'est ce genre de film que j'aime découvrir :-) .