Critiques en vrac 38: Paul – Numéro 4 – 100 Feet – Sans Identité

Par Geouf

Paul

Résumé: Deux geeks britanniques (Simon Pegg et Nick Frost) en balade aux Etats-Unis voient leur voyage bouleversé lorsqu’un alien du nom de Paul (Seth Rogen) leur demande de l’aider à échapper à des Men in Black qui veulent le disséquer.

Ecrit par Simon Pegg et Nick Frost, Paul devait au départ être mis en scène par leur compère de toujours Edgar Wright. Mais celui-ci ayant préférer se consacrer Scott Pilgrim vs the World, les deux acteurs ont confié le projet au très fréquentable Greg Mottola. Le résultat est un film hybride dans lequel on ressent clairement l’influence à la fois des deux stars de Hot Fuzz (dans les nombreuses blagues référentielles), et du réalisateur de Superbad (dans le choix des acteurs et les dialogues assez crus). Mais miraculeusement, le mélange, qui aurait pu être vite indigeste, fonctionne plutôt bien. Le début du film est un peu poussif, malgré l’abattage de Seth Rogen en alien gouailleur et fumeur de joint, mais celui-ci finit par décoller au bout d’une petite demi-heure, lorsque le trio de fugitifs embarque avec eux Ruth (Kristen Wiig, excellente), une jeune femme bigote (et borgne !). L’occasion pour Frost et Pegg de se moquer ouvertement de la bigoterie américaine lors de savoureux échanges entre Paul et Ruth. Le reste du film continue sur un rythme infernal, partagé entre clins d’œil savoureux (mais pas trop envahissants) pour les fans de science-fiction (Paul soufflant à Spielberg l’idée d’ET, les héros qui arrivent dans un bar où un groupe joue la musique de la cantina dans Star Wars), dialogues hilarants et comique de situation bien trouvé (la traversée de la ville avec Paul déguisé en cowboy). Le casting est aux petits oignons, avec notamment plusieurs membres de l’entourage de Mottola (Bill Hader, Paul Bateman, Jo Lo Truglio), ainsi qu’une apparition pleine d’autodérision de Sigourney Weaver en méchante de service. Et bien entendu, Pegg et Frost oblige, Paul est aussi une jolie histoire d’amitié, avec des personnages vraiment attachants.

Bref, si Paul n’atteint pas les sommets de Shaun of the Dead et Hot Fuzz, il reste néanmoins une excellente comédie, tout à fait à même de faire fonctionner les zygomatiques à plein régime.

Note : 7.5/10

USA, 2011
Réalisation : Greg Mottola
Scénario : Simon Pegg, Nick Frost
Avec : Simon Pegg, Nick Frost, Seth Rogen, Paul Bateman, Kristen Wiig, Sigourney Weaver, Bill Hader, Jo Lo Truglio

Numéro 4 (I am Number Four)

Résumé: Malgré son apparence d’ado ordinaire, John Smith est un alien, envoyé sur Terre avec huit autres enfants lors de la destruction de sa planète. Poursuivi par les Mogadoriens, les extraterrestres qui ont détruit sa planète, John est constamment en fuite. Ses seules chances de survie sont son gardien, un homme qui l’accompagne pour le protéger, et le fait que les Mogadoriens ne peuvent le tuer lui et ses semblables que dans un ordre précis. Seul problème, les trois premiers sont morts, et John est le numéro quatre…

Tiré d’une future série de livres (seul le premier est paru à ce jour), Numéro 4 est une nouvelle tentative de studio de surfer sur la vague du fantastique à destination des ados initiée par Twilight. Le film suit les aventures d’un ado a priori ordinaire, mais qui est en fait un extraterrestre, et l’un des seuls survivants de la destruction de sa planète. Obligé de faire profil bas en se cachant dans une petite bourgade américaine pour échapper à d’autres aliens belliqueux, il découvre petit à petit qu’il possède des super pouvoirs. Un scénario qui n’est a priori pas sans rappeler les aventures cathodiques d’un certain Clark Kent, échoué dans la bourgade de Smallville. Pas étonnant, vu que les scénaristes de Numéro 4 ne sont autres que Miles Millar et Alfred Gough, créateurs de Smallville ! Et à la vision du film, on se dit que les deux compères ne se sont vraiment pas foulés pour adapter le bouquin, tant on a l’impression d’assister à un condensé des trois-quatre premières saisons de Smallville. Tous les grands passages de la série télé sont présents : le héros découvre ses pouvoirs à la puberté et apprend petit à petit à les maîtriser, il est amoureux de la copine du capitaine de l’équipe de foot, il est obligé de dire son secret à son meilleur pote, des bad guys qui ressemblent à l’armée du Général Zod, etc. On a même droit à la grotte (bon, ici c’est une cave, mais c’est pas très loin) avec les mystérieux symboles ! Du coup, il faut avouer qu’on s’ennuie un peu devant les aventures de Clark, euh, John, tant tout est prévisible et balisé. D’autant que les scénaristes ouvrent des portes pour les épisodes suivant, mais oublient de combler quelques trous (à commencer par expliquer pourquoi les aliens ne peuvent être tués que dans un certain ordre).

Heureusement, D. J. Caruso, en bon artisan à l’aise dans les teen movies (on lui doit déjà le sympathique Paranoïak, version ado de Fenêtre sur Cour) arrive à compenser le manque de rigueur du script par une direction d’acteur correcte et un climax final bien bourrin comme il faut, avec utilisation des pouvoirs à gogo et baston de monstres géants. C’est léger, mais ça permet de ne pas passer un trop mauvais moment devant le film. Et puis une baston finale qui dure plus de deux minutes, c’est déjà beaucoup plus que les climax mou du genou des aventures TV de Kal El…

Note : 5/10

USA, 2011
Réalisation : D. J. Caruso
Scénario : Alfred Gough, Miles Millar
Avec: Alex Pettyfer, Timothy Oliphant, Teresa Palmer, Dianna Agron, Kevin Durand

100 Feet

Résumé: Condamnée pour avoir tué son mari abusive en légitime défense, Marnie Watson (Famke Janssen) voit sa peine réduite à une assignation à domicile. Obligée de porter un bracelet électronique à la cheville, elle ne peut pas s’éloigner de plus de 30 mètres de la borne installée dans sa maison, sous peine de quoi elle devra retourner en prison. Seul problème, le fantôme de son défunt époux hante les lieux et est bien décidé à se venger de sa femme…

Le réalisateur Eric Red, surtout connu pour avoir écrit les scénarii de Hitcher et Aux Frontières de l’Aube, avait disparu des écrans depuis 1996, date à laquelle il avait réalisé le film Bad Moon (une histoire de loup-garou ayant comme particularité d’être racontée selon le point de vue du chien de la famille). Remis en selle par le scénario de la suite de Hitcher, il retourne à la réalisation pour une ghost story assez classique. La bonne idée du film, c’est de forcer l’héroïne à rester dans la maison hantée, là où n’importe quel personnage aurait pu fuir depuis longtemps. Eric Red exploite le concept plutôt correctement, notamment lors d’une descente dans la cave pleine de tension, mais le film peine parfois à passionner. Famke Janssen est impeccable, mais son personnage manque parfois un peu trop de vulnérabilité (on ne la sent jamais effrayée par les apparitions d’outre tombe de son mari) pour être pleinement crédible. Surtout que certaines incohérences viennent parfois un peu gâcher le film et que celui-ci manque un peu de tension (les apparitions du fantôme ne sont jamais vraiment effrayantes). Cependant, Eric Red profite d’un décor assez impressionnant, faisant de la maison de l’héroïne un personnage à part entière, et développant une ambiance assez lugubre. Et puis surtout le film, assez sage au niveau sang, propose une scène de mise à mort particulièrement gratinée et douloureuse, qui devrait durablement marquer les esprits. Le final est quant à lui assez raté malheureusement, multipliant les incohérences et les retournements de situations un peu idiots.

Pas un très grand film, ni un DTV vraiment mémorable, mais une efficace petite série B qui fait passer un moment correct.

Note : 5/10

USA, 2008
Réalisation: Eric Red
Scénario: Eric Red
Avec: Famke Janssen, Bobby Cannavale, Ed Westwick, Michael Paré

Sans Identité (Unknown)

Résumé: Martin Harris (Liam Neeson), un chercheur en biotechnologie, se rend à Berlin pour un colloque, accompagné de sa femme. Arrivé à son hôtel, il s’aperçoit qu’il a oublié une valise à l’aéroport. Malencontreusement, le taxi qui le ramène a un accident qui le plonge dans un coma de quatre jours. A son réveil, il s’aperçoit qu’il est sujet à des trous de mémoires. Plus grave encore, lorsqu’il arrive à son hôtel, sa femme ne le reconnait pas, et un autre homme a pris sa place et son identité.

Au début des années 2000, tout le monde pensait que les nouvelles stars de l’action allaient s’appeler Vin Diesel, Jason Statham et Dwayne Johnson. Personne n’aurait pu prévoir que l’oscarisé Liam Neeson allait effectuer un virage aussi dramatique et de venir une star de l’action sur le tard, avec La Menace Fantôme, mais surtout avec le bourrin Taken. Du coup, succès surprise oblige, les producteurs opportunistes tentent de surfer sur la vague du film de Pierre Morel. On prend donc une autre capitale européenne (Berlin au lieu de Paris) et on lâche Liam Neeson dans celle-ci, cette fois à la recherche de son identité plutôt que de sa fille. Le problème, c’est que là où Taken s’affichait comme un actioner bourrin, à la fois efficace et totalement décérébré (production Besson oblige), Sans Identité tente de se la jouer thriller intelligent avec twist à la clé. Ce qui aurait pu fonctionner si le film n’était pas d’une part aussi prévisible et d’autre part aussi décalqué sur les aventures d’un certain Jason Bourne. Difficile en effet de ne pas griller le fin mot de l’histoire en moins de 20 minutes, surtout vu comme la bande-annonce dévoilait des pans entiers de l’intrigue. Mais au moins ça laisse pleinement le temps d’apprécier les incohérences du script ! Difficile aussi de ne pas être agacé par le décalquage sans finesse de la saga Bourne que constitue le film : le héros amnésique à Berlin, poursuivi par des tueurs sans qu’il sache pourquoi, et aidé par une jolie jeune femme blonde mêlée par accident à l’affaire… On retrouve même une longue poursuite en voiture en milieu de film ! Liam Neeson a beau apporter tout son professionnalisme et Diane Kruger tout son charme au film, on peine réellement à être passionné par celui-ci.

A la réalisation, Jaume Collet-Serra n’arrive pas mieux à rendre l’intrigue intéressante, malgré quelques rares sursauts (l’attaque dans l’hôpital). Etonnant de la part d’un réalisateur qui avait pourtant par le passé su tirer vers le haut des projets pas plus affolants que ça sur le papier (La Maison de Cire, et surtout Esther). On sent le réalisateur bridé par un cahier des charges trop lourd et limité par un budget trop important pour qu’il se permette d’appliquer sa patte.

Sans Identité est juste un énième blockbuster sans réelle âme, doté d’un script sans intérêt. Un objet de consommation courante, qui se laisse regarder, mais peine à provoquer des sursauts d’adrénaline et s’oublie aussitôt sorti de la salle…

Note : 5/10

USA, 2011
Réalisation : Jaume Collet-Serra
Scénario : Olivier Butcher, Steven Cornwell
Avec : Liam Neeson, Diane Kruger, January Jones, Aidan Quinn, Bruno Ganz, Frank Langella

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