DANS LE SCRIPTORIUM, de Paul AUSTER

Par Geybuss

Roman - Livre de poche (Acte Sud) - 153 pages - 5.50 €

Parution originale en 2006

L'histoire : Un homme se réveille, la mémoire vide, dans une chambre inconnue. Sur un bureau sont bien rangés une pile de photographie et deux manuscrits qu'il entreprend de lire. La visite de quelques personnes interrompt régulièrement sa lecture.

La chambre est truffée de caméra et de micros invisible. Un observateur nous narre donc la journée de ce Monsieur BLANK (signifie vide), qui ne sait même pas qui il est, où il est, et s'il est libre de sortir ou pas...

Tentation : Curiosité et réputation de l'auteur dans la blogo

Fournisseur : Ma PAL !

Mon humble avis : Dès les premières lignes, j'ai su que je pénétrais dans un univers étrange et inédit pour moi ; celui du romancier américain qui parait incontournable : Paul Auster.

Suivant que l'on ait déjà lu certaines de ces oeuvres ou non, il semblerait (d''après d'autres billets) que la lecture de "dans le scriptorium" se fasse à différents niveaux; Je tairais le pourquoi histoire de ne pas éclaircir le véritable flou artistique entretenu dans ce livre.

J'ai été aimantée et captivée par ce roman du début à la fin et rarement l'impression d'être manipulée et baladée par un auteur n'a été aussi forte. Excepté dans les dernières pages, je n'ai jamais su vraiment si je lisais un livre d'anticipation, de SF, un roman dans une époque actuelle, dans le passé.... Je n'ai jamais été certaine de me trouver dans une cellule de prison, une chambre d'hôpital psychiatrique, dans un cerveau, dans un délire ou une vérité glaçante. Je m'agrippai à chaque nouvel indice qui m'aurait permis de me positionner, mais il était aussi tôt contredit par un autre. J'avais l'impression de lire un casse tête chinois ou un livre "rubicube", bref, quelque part, une histoire de dingue dans une dimension parallèle, dans un huit clos inquiétant.

J'ai aimé cette histoire de "livre dans un livre", cette façon de revisiter l'histoire américaine, la conquête de l'Ouest et le génocide indien.

Dans le scriptorium pourrait être qualifiée de parabole sur le pouvoir de l'écriture, de l'imagination et sur les relations entre un romancier et ses personnages.

Enfin, le thème de la peur de l'inconnu et de la vérité est amené de façon récurrente et directe : "Monsieur Blank ne bouge pas de là...Il a tellement peur de ce qu'il pourrait apprendre au sujet de la porte qu'il est incapable d'affronter le risque d'une confrontation avec la vérité".... ou en résumé, la politique de l'autruche que l'on pratique si souvent.

Quelques mots sur le style : il est clinique, descriptif, distant, extérieur, comme l'oeil qui observe Mr Blank a son insu. Il n'hésite pas à humilier Mr Blanck, ce qui est parfois déroutant.  En tout cas, il convient à merveille au sujet principal de ce roman : la manipulation des hommes entre eux, et des lecteurs par un auteur ! Paul Auster m'a emmenée en territoire inconnu et j'ai vraiment aimé ça.

"Quel meilleur moyen d'unir les populations que d'inventer un ennemi commun à qui déclarer la guerre ?"

Il semble que ce roman plaise plus à qui ne connaît pas l'univers d'Auster. Les lecteurs fidèles voient à priori vite où l'auteur veut en venir... 

L'avis de Chaplum