Nucléaire: ni aveuglement, ni catastrophisme

Publié le 14 mars 2011 par Dornbusch

J’avais prévu de parler nucléaire pour décrire le lamentable état financier des 2 géants français mais cela attendra un peu pour coller à l’actualité et dire quelques mots sur la situation telle qu’elle se présente suite aux événements au Japon.

Tout d’abord pensons à ces milliers de victimes du tremblement de terre et du tsunami.

Coté nucléaire ma position sera simple: ni aveuglement, ni catastrophisme.

Pas de catastrophisme: le triple accident de la centrale de Fukushima est important mais il n’est pas non plus une catastrophe sans précédent. C’est un gros accident INDUSTRIEL, comparable à un autre accident nucléaire industriel celui de Three Miles Island, qui n’avait pas fait un mort. C’est un accident INDUSTRIEL bien inférieur à des accidents industriel comme Bhopal (25000 morts ?) qui n’a pas conduit à arrêter toutes les industries chimiques mondiales, inférieur peut être même à l’accident de l’usine AZF de Toulouse et ses 30 morts (Le seul accident du nucléaire civil qui ait été réellement meurtrier est Tchernobyl mais c’était sans doute plutôt un accident du système soviétique en décomposition que de la technologie nucléaire). L’industrie génère des accidents, automobiles (un demi million de morts par an dans le Monde), ferroviaire, aéronautique, chimique, pétrolière (les milliers de morts chaque année à proximité des pipe line nigérians…). Il n’y a pas de raison de diaboliser une industrie plutôt qu’une autre. Chaque industrie doit faire des efforts pour être chaque année plus sure, ces progrès doivent être encadrés par la loi et l’absence de progrès doit être sanctionné, le nucléaire comme les autres.

Pas d’aveuglement: 3 cœurs qui fondent c’est une vraie erreur de conception et de construction
3 points qui me frappent, ancien ingénieur nucléaire;

-les 3 réacteurs sont anciens. Construits par General Electric au tout début des années 70, sur la base de plans datant vraisemblablement de la fin des années 50.

-ce n’est pas le tremblement de terre qui a été déterminant, c’est le Tsunami, l’inondation.

-l’impression d’isolement, d’absence de communication et d’isolement des équipes qui ont gérés (avec une certaine maitrise) ce triple accident

Si l’on se retourne vers la France, la question n’est évidemment pas de proposer un démagogique référendum ou une fantaisiste « sortie du nucléaire »

Mais regardons quand même ce qu’on peut déduire de la situation japonaise;

-les réacteurs sont anciens. On notera qu’ils ont l’age moyen du parc américain construit dans les années 60 et 70. Le réacteurs français sont légèrement plus jeunes (mi 70, années 80 voir 90) mais la fermeture des tranches du contrat programme « CP0″ toutes antérieures à février 1974 (les six tranches de Fessenheim 1-2 et Bugey 2-5 ) pourrait être envisagées. Ce n’est pas si énorme, une dizaine de pour cent de la production totale, que EDF pourrait compenser s’il parvenait enfin à redresser sa lamentable productivité (75% a peine contre plus de 90% en Belgique)

-les réacteurs sont inondables; on a en fait en France frôlé une situation équivalente pendant les tempêtes de fin 1999 ou les générateurs de la centrale du Blayais en Gironde avaient été noyé (et la « récupération » de la situation plus qu’acrobatique). De plus en plus les réacteurs sont construits en bord de mer pour garantir le refroidissement (on se souvient des problèmes de certaines centrales pendant la canicule de 2003). Il faut sans doute re-examiner la sureté de chacun au regard de ce qui vient de se passer, et ne pas hésiter à fermer

-enfin la communication reste lamentable. A l’heure de Facebook, Tweeter et autres cette mauvaise communication pose problème.

Donc ni catastrophisme, ni aveuglement

Et quelle stratégie à terme:

Je reviendrai dans les prochains jours sur ces sujets avec les très interessantes propositions de Ségolène Royal et une analyse de la politique nucléaire de Sarkozy.

David Dornbusch

Secrétaire de la section socialiste de Fontenay sous Bois – Blog d’actualité politique de la 6° circonscription du Val de Marne (Fontenay sous Bois, Vincennes, Saint Mandé)