Nous sommes le 22 Octobre 1962. Tennessee Williams a obtenu deux fois le Prix Pulitzer ( pour Un tramway nommé Désir en 1948 et pour La Chatte sur un toit brûlant en 1955). L’Amérique tremble sous la menace d’une guerre avec le bloc soviétique.
Le journaliste n’a pas vraiment la tête à écouter patiemment l’écrivain qui ne vit pas les mêmes enjeux. On se souvient d’autre duels mémorables qui ont couté leur poste à des animateurs du PAF ne parvenant pas à contrôler les débordements de tel chanteur ou humoriste …
Ce n’est pas à un vieux briscard comme Tennessee Williams qu’on apprend à grincer des dents. Celui qui a eu l’humour de prendre comme pseudonyme le surnom que ses camarades de fac lui avaient donné avec mépris ne va pas se laisser démonter par un jeune gominé qui se prend pour un dieu.
Les éléments biographiques abondent et on ne doute pas du soin et du sérieux avec lesquels Benoit Solès a écrit la pièce. Pour une première c’est un coup de maitre. Il nous offre un Tennessee Williams sans doute aussi vrai que possible qu’il incarne avec intelligence. Pour une fois j’aurais apprécié de l’entendre en anglais pour gouter la différence d’accent entre l’auteur du Sud et le journaliste de la cote Est.
Ce qui est moins crédible, de mon point de vue, c’est la situation dramatique. J’ignore si la rencontre eut bel et bien lieu. Je me suis surprise à rêver d’une transposition entre un Jean-Luc Delarue et le « solitaire à fortes tendances misanthropiques qui reconnait lui-même n’avoir envie de parler à personne, même à son chien », tel qu’il se décrit dans son dernier livre, brillamment couronné par le prestigieux, non pas Pulitzer, mais Goncourt, … Michel Houellebecq.
Chiche que je lui parle du spectacle si je le vois jeudi prochain à l’inauguration du Salon du Livre de Paris !
Appelez-moi Tennessee
Une pièce de Benoit Solès, mise en scène par Gilbert Pascal
avec : Frédéric Sahner et Benoit Solès
du mardi au samedi à 21 heures
le dimanche à 15 heures
relâche le lundi
Théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins 75008 Paris.
http://www.theatredesmathurins.com/