De Taniguchi à Carol Oates, mes lectures se suivent et ne se ressemblent pas...

Par Mylittlediscoveries

Pour commencer ce billet lecture, je vais vous parler d' "Une Anthologie", de Jirô Taniguchi. Mon premier manga...et certainement pas le dernier! ;o)

Le livre:

Proposé dans une édition cartonnée luxueuse déjà utilisée pour "Quartier lointain" et "Le Journal de mon père", du même Jirô Taniguchi, ce volume rassemble deux titres du maître japonais précédemment publiés chez Casterman: "Terre de rêves", recueil de cinq récits courts centrés sur la vie quotidienne, et "L’Homme de la toundra", autre recueil d’histoires courtes d’inspiration plus naturaliste. Deux autres histoires, inédites en français, viennent compléter cette anthologie de 504 pages.

L'auteur: Jirô Taniguchi est né le 12 août 1947 à Tottori. Il débute dans la bande dessinée en 1970 avec "Un Été desséché". De 1976 à 1979, il publie, avec le scénariste Natsuo Sekikawa, "Ville sans défense", "Le Vent d'ouest est blanc" et "Lindo 3". Puis ils s'attaquent, toujours ensemble, aux cinq volumes d’ "Au temps de Botchan". À partir de 1991, Jirô Taniguchi signe seul de nombreux albums, dont "L'Homme qui marche", "Le Journal de mon père", "Quartier Lointain" ou encore "Terre de rêve", publiés par Casterman. En 2004 paraît "L’Orme du Caucase", un recueil de nouvelles adaptées de l’œuvre de Ryûchirô Utsumi. "L’Homme de la toundra", son nouvel opus, sort dans la collection Sakka en 2006. Le premier volume de "Quartier Lointain" a remporté, lors du Festival d’Angoulême 2003, l’Alph’Art du meilleur scénario. Il a également reçu le prix Canal BD des librairies spécialisées (source: bd.casterman.com)   Mon avis: avant toute chose, je dois vous dire que je n'ai jamais été attirée par les mangas. J'ai ouvert celui-ci par pure curiosité...et parce que le sens de lecture "à l'européenne" me facilitait la tâche! Bien m'en a pris car cette plongée dans l'univers de Taniguchi, un univers de délicatesse, de légèreté, d'amour pour la nature, l'animal et l'homme, au travers d'une succession d'histoires très différentes les unes des autres, m'a enchantée. Bien sûr le recueil est inégal et il y a des histoires qui m'ont marquée plus que d'autres...à tel point qu'en lisant la fin de certaines j'avais les larmes aux yeux! Certains récits sont centrés sur la vie quotidienne, le lien qui unit des maîtres à leurs animaux domestiques, tandis que d'autres sont plus naturalistes ou épiques (ce sont mes préférées). On retrouve même un hommage à l'écrivain américain Jack London. Les dessins en noir et blanc sont très beaux, doux et épurés. Les histoires nous parlent et nous touchent. Assurément le mangaka sait y faire... Alors si comme moi vous n'avez jamais lu de manga, laissez-vous emporter par la magie de cette Anthologie. Voilà une excellente entrée en matière qui donne envie de découvrir les autres récits du maître japonais!   Petit plus: c'estun très beau livre, qui peut faire une bonne idée de cadeau!


  Je profite de ce billet pour dire que, comme vous tous certainement, je pense très fort aux Japonais en ce moment. J'ai préparé cet article avant les événements qui ont bouleversé le pays et évidemment aujourd'hui nous avons les larmes aux yeux pour d'autres raisons...   


Voici maintenant un livre très différent: "Rape, a love story" ou "Viol, une histoire d'amour", de l'Américaine Joyce Carol Oates. Un roman court, cru, dur, mais très bien écrit.

L'histoire: 

 4 juillet : feu d'artifice à Niagara Falls. En rentrant chez elles après la fête, Tina et sa fille ont la mauvaise idée de passer par le parc. Elles croisent des jeunes défoncés qui violent Tina et la laissent pour morte dans un hangar à bateaux. Très vite, la ville la condamne : ne serait-elle pas trop jolie pour être honnête ?

L'auteur:

Née en 1938 aux Etats-Unis dans le voisinage immédiat des chutes du Niagara, Joyce Carol Oates est l'auteur d'une œuvre considérable qui l'a placée au premier rang des écrivains contemporains.  Mon avis: En débutant la lecture de ce roman, je me suis demandée pourquoi j'avais choisi celui-ci. En fait la réponse est simple: j'avais envie de découvrir cette auteure et à la bibliothèque il n'y avait que trois de ses romans, dont deux étaient des gros pavés que je n'aurais pas eu le temps de lire en ce moment.Dès les premières pages, j'ai ressenti une sensation de malaise (qui ne m'a pas quittée) avec la description du viol collectif que subit Teena*, sous les yeux de sa fille Bethie. L'espoir revient avec la justice qui se met en marche, mais cet espoir est aussitôt déçu car les violeurs sont défendus par un avocat influent et peu scrupuleux contre lequel la parole de Teena et Bethie ne vaut pas grand-chose. Comble de l'horreur: le voisinage et la presse à scandale renversent même la situation en accusant la jeune femme de "l'avoir bien cherché"... Un policier protecteur essaiera de les venger à sa façon, sans rien attendre en retour.D'après ce que j'ai lu ici et là, pour beaucoup le titre ferait référence à l'amour que le policier porte à Teena, mais personnellement je l'ai interprété différemment. Pour moi il correspond plutôt aux sentiments que Bethie éprouve en secret pour ce policier qu'elle ne connaît pratiquement pas mais qui a été le seul, d'une certaine façon, à vouloir les protéger, elle et sa mère. Il s'agit certainement un peu des deux, mais le débat est ouvert! ;o) Du point de vue narratif, les chapitres sont très courts et les mots vont droits au but. C'est un livre très bien construit, bien écrit, et l'analyse est percutante. Mais il faut être prêt car ce roman est aussi choquant que son titre!

 * l'orthographe du prénom est différente dans les versions anglaise et française

Petit plus: une adaptation au cinéma par Harold Becker (avec entre autres Samuel L. Jackson) a semble-t-il été tournée en 2009 mais je n'ai pas trouvé sa date de sortie au cinéma. Le titre? "Vengeance: a love story". Affaire à suivre...