La Baltadja officielle du roi Abdallah

Publié le 17 mars 2011 par Naravas

La Baltadjia officielle du roi Abdallah

   Quelle différence y a-t-il entre des mercenaires ramenés par Kadhafi d’Afrique, pour perpétrer un massacre collectif contre ses propre citoyens, et des soldats dépêchés par l'Arabie saoudite, l'une des dictatures les plus rétrogrades de la planète, pour perpétrer de semblables tueries à l'encontre du peuple bahreïni désarmé ?
J’en vois plusieurs. D’abord, Kadhafi n’a pas reçu d’ordre des Américains pour tuer, l’Arabie saoudite, si. Mais pour qui prend-on l’opinion mondiale ? Se peut-il qu’il se passe quelque chose au Moyen Orient, immense réservoir pétrolier, sans l’aval des Américains ? La dernière fois qu’un dictateur a osé jouer à ce jeu, cela s’est très mal passé pour lui, et pour son peuple. Ensuite, la Baltadjia de Kadhafi est acheminée clandestinement vers Tripoli, via des avions algériens notamment, tandis que la Baltadjia saoudienne est officielle, bénie par les States, ce qui la dispense d’être clandestine. C’est donc avec une assurance presque sacrée que les mercenaires officiels saoudiens rentrent dans Manama et l’occupent contre le gré de son peuple.
Mais en plus d’être officielle, blanche (à l'encontre de celle du colonel Kadhafi qui est noire), en tenue réglementaire et bénie par la première puissance mondiale et ses services secrets, la Baltadjia du roi Abdallah envahit le Bahrein pour « casser du Chiite ». A chaque fois qu’on tue un manifestant bahreïni pro-démocratie, on affirme la suprématie de la Mecque sur Téhéran, du Prophète sur Ali et de Bukhari et Muslim sur les recueils de hadiths considérés comme apocryphes par l’orthodoxie sunnite. Mais la mise en garde du président iranien, tout fou qu’il est, n’est pas si insensée qu’on le pense. « Souvenez-vous de Saddam… », qui était autrefois l’allié des Américains.
Après le fiasco irakien, la puissance impérialiste dirigée par Obama change de stratégie et montre un visage plus humain. Elle ne fait plus d’intervention militaire directe, elle confie le « sale boulot » aux Baltadjia officielles arabes : que des Arabes tuent d’autres Arabes pour que la réputation et les intérêts américains soient sauvegardés !
Quant à la démocratie, elle a remplacé la notion de "civilisation" que les colonisations européennes ont utilisée pour dominer le monde. Aujourd'hui, la démocratie est devenue ce que l'on prétend défendre en massacrant impitoyablement les militants qui s'en revendiquent.