Gilles Legardinier, de Highlander aux dossiers de presse

Par Cineblogywood @Cineblogywood

Artistes : Journalistes et blogueurs peuvent dire merci à Gilles Legardinier. Via sa société Coming Soon Productions, il rédige des dossiers de presse pour des films français et des grosses productions américaines. C'est donc grâce à lui que nous accédons aux infos de base qui nous permettent d'écrire nos papiers. Autant dire que Gilles se fait allègrement copier mais il le vit bien : après tout, c'est la raison d'être d'un dossier de presse.
A Cineblogywood, nous avons voulu en savoir un peu plus sur la manière de travailler de Gilles et tenter de le faire parler du tournage d'Highlander, auquel il a participé. Coup de projecteur sur un homme de l'ombre.
Cineblogywood : Comment en es-tu venu à concevoir des dossiers de presse de films ?Gilles Legardinier : En pur passionné de cinéma, j’ai commencé par travailler sur les plateaux anglo-saxons et j’ai fini par connaître un peu de monde. Un jour, une revue m’a demandé d’écrire un témoignage sur un tournage auquel j’avais assisté, et le studio qui distribuait ce film a trouvé que c’était bien écrit. Ils m’ont proposé de travailler sur un premier dossier de presse, en 1991. C’était parti…
Quand commences-tu à travailler sur le dossier de presse d'un film ? C’est très variable. Parfois, on écrit le dossier de presse des mois avant, à l’aide d’interviews que l’on fait pendant le tournage, parfois on attend les éléments rassemblés par la production, qui peuvent arriver quelques semaines seulement avant la sortie du film sur les écrans.
A partir de quels éléments travailles-tu : le scénario, des interviews... ?Tout dépend du degré d’implication. Il nous arrive de retravailler le scénario comme consultants puis de suivre le tournage et de faire le dossier dans la foulée. Le plus souvent, notamment pour les films anglo-saxons, on part de documents de production que l’on traduit en les adaptant et parfois, en les complétant.
Est-ce toujours simple d'avoir accès à ces informations très en amont, surtout pour des productions qui pratiquent souvent le "secret défense" ?Nous travaillons avec de grands studios depuis des années et il existe une relation de confiance. Ils savent que rien ne sort de chez nous. Il n’y a donc pas de problème et nous avons accès aux infos dès qu’elles circulent en interne.
Quelle est ta plus belle rencontre/expérience dans le cadre d'un dossier de presse ?Impossible à dire... En presque 2000 dossiers et plus de 1000 interviews, on a eu l’occasion d’en voir des vertes et des pas mûres ! Du chagrin d’amour à la cuite, de l’entretien qui tourne à la séquence psy ou au fou rire qui dure une heure avec l’attachée de presse qui nous sépare comme des enfants à la maternelle, on en voit de belles. Mais ce qui domine globalement, c’est l’humanité et la chaleur des gens qui font ce métier. C’est un privilège rare de pouvoir leur poser des questions et de voir leur regard lorsqu’ils répondent. Après une vraie interview, tu sais à qui tu as affaire. [A lire : l'interview de John Malkovich par Gilles Legardinier pour le dossier de presse de Appelez-Moi Kubrick]
Tu n'as jamais de frustration à voir tes propos pompés par les journalistes et les blogueurs ? Aucune. Cela fait partie du métier et notre ambition est de servir les films et ceux qui nous font confiance. Pour raconter nos histoires et dire ce que nous pensons, nous avons nos propres romans et toutes nos activités annexes.
Justement, tu es également auteur de thrillers. Ton livre, L'Exil des Anges, a reçu le Prix Polar SNCF 2009 et fait l'objet d'une adaptation cinématographique. Où en est le projet ?Le roman a très vite été optionné mais c’est un film cher à réaliser et l’option n’a pas été levée. Parce que je respecte les spectateurs autant que les lecteurs, je préfère faire le film dans dix ans mais sans aucun compromis sur la qualité. Je vois trop de films qui ne devraient même pas arriver jusqu’aux yeux du public… Je n’ai pas envie que mon roman en devienne un de plus.
Te chargeras-tu du dossier de presse ? Si oui, comptes-tu interviewer le scénariste ?Ce serait assez drôle de faire le dossier de presse de ce film-là... Reste à savoir si on serait compétents. Même un chirurgien qui s’y connaît ne peut pas s’opérer lui-même…
Ton nouveau thriller, Nous étions les hommes, revisite en quelque sorte le livre de zombies, sauf que l'épidémie n'a rien de surnaturel puisqu'elle est liée à la maladie d'Alzheimer. Comment cette idée t'est-elle venue ?C’est d’abord un thriller sur la plus grande menace que nous ayons eu à affronter en tant qu’espèce. Alzheimer ne nous tue pas. La maladie nous prend ce qui fait de nous des humains. C’est pire que tout. Le roman parle un peu de cela, mais aussi et surtout de la façon dont les hommes réagissent face à ce défi. Il y a ceux qui souffrent, ceux qui soignent, ceux qui profitent. On ne doit pas perdre cette guerre-là. Le livre est une fiction qui soulève des problèmes bien réels et qui est loin de jouer la carte de la surenchère. Les premiers témoignages de lecteurs qui connaissent le problème – accompagnants, soignants, chercheurs – disent que mon histoire les touche et leur donne de l’espoir. Cela me bouleverse.
J'imagine que tu dois déjà travailler à ton prochain roman. Je sais que tu vas refuser de révéler quoi que ce soit mais juste pour nous, peux-tu nous donner un mot, un seul, qui est lié à ce thriller ?En novembre prochain sera publiée ma première comédie. Cela peut paraître surprenant mais en la lisant, tu verras qu’elle a bien été écrite par le même bonhomme ! Ce qui est humain me touche et me passionne. C’est juste une autre façon de l’aborder. Ensuite, ce sera un autre thriller, je suis en train de l’écrire…
Tu as participé au tournage d'Highlander, le film culte de Russell Mulcahy avec Christophe Lambert et Sean Connery. Tu es obligé de nous donner une anecdote !C’est effectivement sur ce film que j’ai découvert l’Ecosse et je ne m’en suis toujours pas remis. Ce fut une expérience énorme, comme sortie d’un rêve. C’est ma vie d’avant. J’en garde des contacts et quelques solides amitiés, privées.
Découvrez le site internet de Gilles Legardinier photo : Philippe Matsas
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