Le monde après la pluie, de Fabien Hertier… tour d'horizon et interview

Publié le 18 mars 2011 par Dominique_lin

Un titre qui pourrait être lié à une actualité sombre, mais qui évoque espoir et renouveau. Ne dit-on pas "après la pluie vient le beau temps"?
Même si le livre de Fabien Hertier aborde un épisode noir de notre histoire européenne, la guerre d'Espagne et à travers elle, la référence au fascisme, j'ai trouvé bien des raisons d'être optimiste en le lisant.
D'abord, par la qualité d'écriture de l'auteur. Oui, il existe de jeunes auteurs de talent qui ne naviguent pas sur des sujets à la mode. Dès la première page, il nous embarque dans son univers:
"La ville est là, assise dans une plaine grasse, avec ses toits de tuiles blondes ouverts comme des corolles, son clocher peuplé de froissements d'ailes, ses fontaines qui crachent l'eau de roche par d'antiques gargouilles".
Impossible de s'arrêter après avoir lu cette première phrase. Et tout le livre est ainsi, puissant, rythmé, envahissant. On passe de la douceur de Giono au tableau Guernica de Picasso, de l'éternelle odyssée d'Homère à la poésie de Rimbaud. Oui, le livre de Fabien Hertier fait trace et vous habite longtemps une fois refermé.
Si la forme est riche et généreuse, le fond du roman m'a beaucoup apporté. Cette guerre d'Espagne, seul conflit international où des volontaires venus de l'Europe entière ont versé leur sang pour une cause noble et juste : combattre le fascisme de Franco dans cette période noire des années trente où l'Europe connaissait la montée de la peste brune qui déboucha sur la deuxième guerre mondiale. Cette peste brune qui résiste encore, qui envahit les esprits, entretenue par des tribuns aux discours xénophobes et sécuritaires!
C'est aussi la mémoire de ce vieux berger qui passe son temps à tripoter nerveusement une douille de fusil au fond de sa poche, celle qu'on lui a extraite du corps après l'offensive de Madrid, cet homme hanté par le conflit, mais aussi par le souvenir d'une femme rencontrée là-bas.
Ce sont tous ces hommes, avec leurs raisons si différentes, affichées ou non, les brigades rouges venues de partout pour en découdre avec les armées de Franco. Les exaltés, les militants, les paumés ou ceux qui fuyaient jusqu'à leur ombre…

 Ce livre alterne entre la paix des collines de Haute Provence et l'enfer de la guerre, autant intérieure qu'extérieure.


 Fabien Hertier a vraiment réussi son premier roman.

Je vous propose d'écouter un extrait d'interview passé sur France Bleu Vaucluse le 17 mars 2011

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