Entre nous la confiance est rompue

Publié le 18 décembre 2007 par Kesjendi

Dans la foulée de la crise des subprimes, la sphère financière connaît actuellement une grave crise de confiance qui a obligé les principales banques centrales à intervenir pour éviter que la situation ne devienne catastrophique.Comment en arrive-t-on à ce genre de situation ?

Le système est bâti sur la confiance mutuelle des acteurs financiers, hors actuellement cette
confiance est rompue.

Tentative d’explication :

Je suis trader et mon métier est pour simplifier d’acheter/vendre des devises et prêter/emprunter de l’argent. Tout cela se fait sur un marché de gré à gré, c’est à dire qu’on se met d’accord sur une transaction (en général par téléphone) qui se finalise ensuite sous 2 jours.

Cela implique d’avoir confiance en son interlocuteur, car (et on omet ici volontairement les outils de couverture des risques) si jamais il n’honore pas sa partie du deal, ça peut poser un gros problème : imaginons qu’il m’a vendu des dollars en échange d’euros et que le moment venu il ne me fournisse pas les dollars en question. Dans l’intervalle j’ai moi-même vendus ces dollars à une ou plusieurs autres contrepartie : pour compenser sa défaillance je vais devoir emprunter ces dollars ce qui va me coûter de l’argent.

Pour résumer, si un jour une de mes contrepartie me plante, ma confiance va quelque peu s’émousser. Comme je ne peux pas lui refuser une transaction, la seule chose que je peux faire c’est fixer un prix suffisamment cher pour couvrir le risque que je pense courir avec lui, ou alors fixer un prix tellement cher que mon interlocuteur refusera de faire la transaction.

C’est en gros ce qui se passe dans le prolongement de la crise des subprimes : certains ont besoin
d’emprunter de l’argent mais ceux qui pourraient prêter craignent de ne pas être remboursés comme convenu, ils fixent donc des taux exorbitants, ce qui fait que le taux de marché augmente. Si le taux de marché augmente trop et surtout sur une trop longue période, il risque d’y avoir engorgement poussant à la faillite certains des emprunteurs les plus fragiles.

C’est là qu’interviennent les banques centrales en mettant à disposition des liquidités à des prix inférieurs au prix de marché. Ainsi, les emprunteurs pourront couvrir leurs besoins immédiats, mais surtout les prêteurs seront incités à baisser leurs taux pour revenir dans le jeu (et oui, ils sont pragmatiques : si les transactions se font quand même, autant qu’elles se fassent avec eux).

Voilà donc ce qui se joue actuellement : les banques centrales essaient de sauver les meubles
pour tenter d’éviter qu’une crise liée à l’incurie de l’économie américaine ne devienne mondiale.