Le G7 solidaire du Japon ?

Publié le 20 mars 2011 par Raphael57

Les catastrophes en série qui touchent  le Japon auront au moins eu une conséquence positive pour l'économie : les pays du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Royaume-Uni et Japon) se sont entendus, pour la première fois depuis 10 ans, sur la nécessité de mener une action concertée pour enrayer la flambée du yen dont on peut voir l'évolution sur le graphique ci-dessous (cliquer dessus pour l'agrandir). Attention, le taux de change y est coté USD/JPY, donc une baisse de la valeur correspond à un yen qui s'apprécie !

[ Source : Boursorama.com ]

En clair, ils ont joué les sapeurs pompiers financiers pour éviter que l'économie japonaise ne s'écroule, puisque sa (faible) croissance est essentiellement tirée par les exportations, qui pâtissent d'une devise trop forte ces derniers mois :

 

[ http://globaleconomicanalysis.blogspot.com ]

La Banque centrale japonaise était déjà intervenue en solitaire au mois de septembre pour faire baisser le yen, mais sans grand succès et avec pour conséquence de s'attirer les foudres de ses partenaires commerciaux. L'intervention concertée du 18 mars 2011 a, quant à elle, consisté pour les Banques centrales des économies du G7 à vendre massivement des yens contre du dollar ou de l’euro, afin de faire baisser la devise nippone.  Bien que le montant de l’intervention n’ait pas été dévoilé, on peut facilement imaginé qu'il fut conséquent au vu du résultat obtenu : après avoir atteint un sommet historique de 76,36 yens pour 1 dollar, le taux de change yen/dollar est ainsi passé dès le lendemain à 80,755 yens pour 1 dollar, comme le montre le graphique suivant (cliquer dessus pour l'agrandir) :

[ Source : Boursorama.com ]

Ce type d'actions, s'il reste plutôt rare, a déjà servi sous nos latitudes, puisqu'en septembre 2000 c’était l’euro qui avait été soutenu par les Banques centrales des pays du G7 pour éviter une trop forte dépréciation, quelques mois seulement après son lancement...

Reste donc une question importante : comment se fait-il que malgré toutes les catastrophes dont le Japon est victime (séisme, tsunami, accident nucléaire majeur), la devise nippone n'a cessé de s'apprécier face au dollar et à l'euro notamment ? L'explication la plus probable est à chercher au niveau des anticipations des spéculateurs : ces derniers parient en effet désormais sur un rapatriement massif de capitaux étrangers pour financer la reconstruction, à l'instar de ce qui s'était passé après le tremblement de terre de Kobe, en 1995, où le yen s'était alors apprécié de 20 % en trois mois !

Mais en économie, il n'y a pas de repas gratuit et encore moins de philanthropie. Si en plein il s'agit donc d'aider l'économie japonaise à se redresser, n'est-il pas possible d'en faire une lecture en creux qui montrerait que le Japon est le deuxième créancier des États-Unis et qu'il n'hésite pas à placer ses réserves également en titres d'État allemands ou français par exemple ? Or, si la croissance ne revient pas et que la facture de ce cataclysme s'alourdit trop, le Japon sera contraint de rapatrier ses liquidités placées à l'étranger... au grand dam des économies européennes et américaine qui devront trouver d'autres créanciers et certainement payer plus cher leurs dettes !