Gruff Rhys

Publié le 22 mars 2011 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

Categories: Chroniques CDs

INTERVIEW On le dit cramé, au bout du rouleau. Peut-être pas, mais un peu secoué, c’est certain. Le prolixe Gallois Gruff Rhys a reçu Lords of Rock, le samedi 5 février, sous les combles du Rocking Chair, à Vevey. Un café fumant à la main, il traverse sa loge, tend sa pogne et gratifie son interlocuteur d’un sourire enjoué. Avant de s’enfoncer dans le canapé, le regard fuyant, embarrassé par la présence du magnétophone. Sur un ton mi-sérieux, mi-rigolard, il se lance dans des explications emberlificotées. On suit tant bien que mal.

Leader des Super Fury Animals et moitié des brillants Neon Neon, l’artiste est de retour avec un troisième album solo, HOTEL SHAMPOO. L’enfant terrible de la pop anglaise pond un disque en dentelle et exorcise ses démons. Cette troisième escapade en solitaire confirme le talent d’un Gruff Rhys enclin aux suprises. En treize titres, il décline un répertoire pop mémorable, où se côtoie orchestre à cordes et formation mariachis.


“Je laisse les chansons venir à moi”


Lords: Jusque-là, comment se déroule votre tournée?

Gruff Rhys: On a commencé il y a deux semaines en Grande-Bretagne, c’était cool. C’était la première que je jouais avec mon backing band, Y Niwl, qui assure aussi la première partie. Et là, on arrive sur le continent. On a joué hier soir à Paris.

Vous êtes très occupé. Entre vos projets cinéma et musique, quand trouvez-vous le temps de respirer?

A la fin 2008, je me suis octroyé six mois de repos, pour pouvoir m’occuper de mes enfants. Les enregistrements, ça ne prend finalement pas beaucoup de temps. Pour HOTEL SHAMPOO, par exemple, j’ai seulement passé trois semaines en studios, avec aussi quelques semaines pour me documenter. Pour deux ans d’écriture. Je n’arrive pas à écrire tout d’un coup. Ca vient par période. Je laisse les chansons venir à moi.

Par contre, pour le documentaire Separado!, c’est un projet qui a duré cinq ans. On a tourné bout par bout, pendant une année et demi. Et rien que le montage nous a pris deux ans.

Et, vous avez même réalisé votre propre HOTEL SHAMPOO…

 Tout à fait. Je joue depuis près de quinze ans. Même plus, en fait. A l’époque, je passais déjà pas mal de temps dans des hôtels. Et chaque fois, je me disais: merde encore ces produits, quand je découvrais tous ces trucs gratuits et moches qu’on nous distribue. Il y a quinze ans, j’ai donc décidé de ramasser tout ça. Et puis, l’an dernier, il y en avait partout dans ma maison. Sur les escaliers, dans les tiroirs… Heureusement, jusque-là, ma copine a été assez compréhensive (rires). Mais, je me suis finalement décidé à les ranger dans des boîtes. Et là, j’en étais certain, j’en avais assez pour bâtir mon hôtel, comme je l’imaginais, pour pouvoir aussi dormir à l’intérieur. Comme une niche. Tu vois un peu la taille.

“On a aussi eu des problèmes avec la police. La vraie.”

Et comment s’est déroulé la construction?

En fait, une galerie, toute proche de chez moi, était entre deux expositions. On m’a donc proposé de m’installer et de construire mon hôtel durant trois jours. Durant la première journée, j’ai sélectionné toutes les bouteilles de shampoing. Le deuxième jour, j’ai collé tous les produits. Puis, j’ai fini par dormir dedans. Ca m’a permis de me débarrasser de tous ces trucs, de toutes ces chansons personnelles aussi. C’est un soulagement.

Après le tournage de Separado!, vous avez enchaîné avec le clip de “Shark Ridden Waters”. C’était comment de tourner avec Roxanne Mesquida?

La folie! (rires) Tu vois, je voulais montrer une sorte d’apparition des réseaux sociaux dans les années 60′s ou 70′s. Enfin, pas forcément une époque précise. Mais une ère assez proche de ce que l’on peut voir dans “Pierrot le fou”, de Jean-Luc Godard. J’ai rencontré le réalisateur, alors il m’a présenté ses idées et aussi, il m’a demandé: “tu veux qui avec toi dans ce clip? il faut qu’on soit ambitieux (rires)”. Même en ayant pas un sous, on lui a proposé, en pensant qu’elle allait refuser. On a tout mis en place pour tourner en France, sans avoir le moindre permis. Et, on ne pensait pas que Roxanne allait venir. Et, franchement, j’avais un peu peur. Je connais rien des règles des acteurs. Je n’avais jamais joué face à de véritables acteurs.

“On vit un peu la crise de la quarantaine”

Ca a aussi été assez mouvementé!

C’est sûr. Il y a aussi cette scène où je conduis la Ford Mustang rouge. Et, Roxanne me tape sur la tête, me lance des choses, me tape. C’était fou! On a aussi eu des problèmes avec la police. La vraie. On a dû quitter un village où l’on tournait. Une vraie aventure (rires).

Dans la vidéo, vous êtes déconnecté de la réalité. Etes-vous le même dans le quotidien?

Mon amie m’accuse toujours d’être distrait par cet univers virtuel. Pourtant, je mène une vie tout ce qu’il a de plus normal, dans une petite maison, avec des animaux. Le clip est une version fantaisiste de ma vie.

Il vous reste encore plusieurs semaines de concerts, après ça, vous avez des projets?

Je vais aller présenter un peu Separado! J’ai bien envie de me lancer dans un petit projet de bande-son, cette année.

Et pour Super Furry Animals?

Notre dernier album remonte à 2009. Depuis, on a fait des bébés, on a aussi d’autres projets. On vit un peu la crise de la quarantaine. Une fois que ce sera terminé, on sera prêt à se lancer dans une grosse tournée (rires).