En Wallonie, l’idée d’un rattachement à la France n’a pas la cote mais l’espoir fait vivre les militants

Publié le 18 mars 2011 par François Collette

La prise de conscience que le sort et l’avenir de la Wallonie sont intimement liés à un rattachement de celle-ci à la République est totalement absente du débat politique en Belgique francophone, n’en déplaise à ceux qui croient aux sondages. Pire, cette idée est taclée d’office par la majorité du peuple wallon.

Avant qu’une éventuelle discussion puisse naître en France sur l’opportunité ou non d’accueillir au sein de la République 3,5 millions de voisins francophones, il faudrait évidemment qu’une demande officielle, motivée et sans réserve soit faite par le peuple concerné. Au grand dam des militants, il faut bien constater que ce ne sera pas demain la veille. Ce rêve de quelques milliers de convaincus quelque peu utopistes est pour le moins un fantasme et il le restera encore longtemps.

Cacophonie, dissidence et absence de visibilité

Le mouvement « rattachiste », que certains préfèrent dénommer « réunioniste » dans le sens d’un retour à la ‘Mère Patrie’ d’avant 1815, souffre d’un double handicap interne : il est morcelé en groupuscules concurrents et sa vision des effets positifs d’un rattachement avec la France est purement virtuelle et théorique. Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement quand l’éclatement de la Belgique l’est pour l’heure tout autant ? La promotion de l’idée est donc très difficile à mener face à une opinion publique qui, globalement, aime la France mais pas trop les Français.

Le leader historique de la mouvance est le Rassemblement Wallonie France (RWF). Il n’a jamais récolté plus de 1,5 pc des suffrages aux scrutins fédéraux et régionaux et il ne compte aucun élu. Les conflits internes l’ont miné et des dissidences se sont créées, parmi lesquelles le GEWIF, Groupe d’Etudes pour la Wallonie intégrée à la France, qui milite pour une alliance progressive du type ‘Territoire d’Outre-Mer’ (!).

Outre le fait que les forces sont dispersées, aucun personnage charismatique n’est à même de fédérer tout ce petit monde ni, encore moins, de porter la bonne parole comme le fait Bart De Wever en Flandre. A cela il faut ajouter le manque flagrant de relais crédibles au sein de la classe politique française.

La classe politique wallonne, belge par intérêt plus que par conviction

A quelques exceptions près, la classe politique wallonne considère le mouvement rattachiste avec condescendance et mépris car il ne faut surtout pas aller dans son sens. Un rattachement à la République signifierait de facto une perte incalculable de pouvoir et d’influence pour les barons de la particratie. La Wallonie devenant une Région française comme les autres dans un Etat aussi centralisé, les postes de pouvoir et de représentation seraient très limités par rapport à ceux de la Wallonie qui foisonnent à tous les niveaux.

Le mode de scrutin majoritaire à deux tours fait aussi craindre le pire aux élus wallons habitués, pour la plupart, à être réélus quasi systématiquement du fait du scrutin à la proportionnelle. En Belgique, l’on vote pour un parti et non pas pour une personne. Les listes sont constituées de façon à ce que les barons soient toujours réélus. Coalition oblige, chaque parti conserve toujours un petit coin dans le marigot. 

Le rôle insidieux de la presse et des médias

La presse et les médias, subventionnés par la Communauté Française de Belgique (‘Wallonie-Bruxelles’) et dont le penchant belgicain n’est plus à démontrer, ne crachent évidemment pas dans la soupe. Peu de place y est consacrée aux faits et gestes des « rattachistes ». On y décèle aussi, diffus mais bien réel, un léger sentiment anti-français. Certains quotidiens prennent un malin plaisir à mettre en exergue les travers et cancans politico-pipoles de la France et de ses dirigeants pour bien faire comprendre que « nous, on ne mange pas de ce pain-là » et que l’herbe n’est pas plus verte de l’autre côté de la frontière, bien au contraire. 

Pédagogie et communication

Dans de telles conditions, on comprend aisément qu’il y a un immense travail pédagogique et de communication à entreprendre pour sensibiliser les Wallonnes et les Wallons au bien-fondé d’un rattachement à la France. Le mouvement rattachiste ne pourra compter que sur ses propres forces. La première tâche sera de rappeler l’Histoire qui unit nos deux peuples. La seconde, bien plus lourde, sera de vaincre le sentiment de méfiance et de défiance qui s’est durablement installé dans l’opinion publique envers tout ce qui est français Pour cela, il faut un grand communicateur charismatique et crédible mais pour l’instant il n’y en a pas.

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Cet article est aussi publié par AgoraVox et Vigile (Québec)