Le canapé du psy et le magret du printemps arabe

Par Estebe

Bien le bonjour, les aminches hirsutes


Un de ces quatre, le Dr Slurp, il devrait peut-être aller poser son joufflu sur le canapé d’un psychiatre. Y’en a un bon, dit-on, juste au-dessus de la boucherie du coin. Il devrait lui balancer la moitié de son disque dur au museau. Lui raconter le tutu de la cousine Lulu et les lolos de la tante Nono. Lui causer de l’instit qui l’appelait cochon et de la fois où il avait vomi tout son quatre-heures sur le plastron de Ginette. C’est que, quand t’y phosphates un brin, le Dr Slurp ne tourne pas vraiment rond. Passer ses journées à échafauder des recettes débiles dedans sa cafetière, ça finit par la faire bouillir. Oui, Madame. C’est même la Faculté qui le dit.

Par exemple, prenez ce brave magret, qui ne lui avait rien fait. Il aurait pu le traiter gentiment. Se le griller direct à la régulière. Douze minutes côté gras, trois côté peau. Sel, poivre. Miam miam. Et l’addition. C’eut été net, orthodoxe et sans bavure. Nickel pour le timing, confort pour les gustatives.

Ben non. L’autre tordu de Dr Slurp, il a voulu ruser. Le magret, il te l’a envisagé une plombe avec l’air pensif du savant fou sur le point de trouver la formule. Il a farfouillé dans les grimoires. Il a trifouillé dans l’armoire à épices. Après, il a fait la danse du ventre. Puis il a chopé son grand couteau.

Un malade, je te dis, mûr pour consulter chez le toubib de l’âme.

Tiens même l’intitulé de sa recette, il témoigne d’un grand smog intérieur: minis mignons de magret grenadés pour le printemps arabe.

Pfff… n’importe quoi.

Prélim’s. Il faut vous acquérir une chose rare: de la mélasse de grenade, soit une réduction à la fois acidulée, sirupeuse et sucrée que l’on croise généralement dans les épiceries orientales qui se respectent. Bon, faut se méfier: ya mélasse de grenade et mélasse de grenade. L’industrielle et la délectable. La berk et la slurp. Louvoyez. Munissez-vous également d’un magret, de graines de sésame, de sumac, d’origan et de kamoun.

Synopsinge. Virez le gras de magret. Taillez-le en deux dans le sens de la longueur. Dans une jatte, touillez avec une chère rasade (hum… gag oriental) de mélasse de grenade, une grosse pincée d’origan, une autre de kamoun, une autre de sumac, sel, poivre. Puis roulez bien serré les demi-magrets dans du film alimentaire, façon boudin. Paf, au frigo, deux heures.

Faites chauffer à fond le four, avec le gril allumé. Installez la plaque dans la partie supérieure. Enfournez les magrets 7 minutes sous le gril, en les retournant à mi-course. Gare à la surcuisson. Doit sortir tout saignant de sa fournaise, le canard: noir dehors, rubicond dedans.

Epilogue. Découpez en jolis tronçons, avant de servir avec quoi que vous voulez comme garniture et comme pinard.
Ben oui, on ne va pas tout vous vaseliner quand même.

Bien à vous, les minous