Petits riens : Georgette Leblanc, Colette.

Par Bruno Leclercq

A la lecture du Mercure Musical, je tombe sur un articulet de Colette, sous forme de lettre à l'Ouvreuse, où l'auteur des Vrilles de la Vigne, conseille à son ami/mari (1) de se rendre aux théâtre des Mathurins où Georgette Leblanc joue dans La Mort de Tintagile, pièce de son compagnon Maeterlinck. En première partie Colette interprête un faune dans le mimodrame, Le Désir, l'Amour et la Chimère, de Francis de Croisset, musique de Jean Nouguès.
(1) 1906 est l'année du divorce Willy/Colette.

La Mort de Tintagiles. - « Ma chère Ouvreuse, venez donc aux Mathurins (I). Devant une assistance panachée, empanachée (Américaines éclatantes, gens de lettres et musiciens, peintres de mondaines et modèles d'iceulx) (II), Georgette Leblanc interprète l'angoissante légende de Maeterlinck, pieusement commentée par les musiques de M. Nouguès dont les connaisseurs m'ont déclaré apprécier l'atmosphère mystérieuse et qui me charme par l'intelligente déclamation des récitatifs.
« Faut-il avouer que Georgette Leblanc me les fait parfois oublier, à moi profane, ces musiques ? Blanche à éblouir, sous de lourdes étoffes où le rose cramoisi et le rouge ancien s'affrontent – intervalle de seconde risqué et magnifique – elle est une Ygraine dont les beaux bras faibles se meurtrissent à la porte de fer ; une tragique et tendre soeur qui meurt dans sa chevelure blonde, après des brisements d'ongles contre la porte terrible, après des cris et des plaintes dont le public demeure un long instant frémissant et silencieux.
« Your loving,

« Colette »
Le Mercure Musical, 15 janvier 1906.

(I) Les théâtre des Mathurins est alors dirigé par Georgette Leblanc.
(II) La représentation du 4 janvier 1906 à lieu en présence de Mary Garden et de la Duse.


Georgette Leblanc
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