Les Français : des sacrés farceurs !

Publié le 28 mars 2011 par Jlhuss

C’est presque un non évènemen t. Confirmant la tendance enregistrée la semaine dernière, le deuxième tour des élections cantonales n’aura pas réservé de surprises majeures, de retournements inattendus. Quelquefois pourtant, les deuxièmes tours viennent corriger, parfois gommer, les aspérités du premier : rien de tel hier.
Certains auraient pu penser que la participation serait plus forte après le psychodrame joué autour du FN la semaine passée. Il n’en est rien. C’est bien toujours au parti des abstentionnistes que revient la victoire : aucun sursaut démocratique n’aura surgit hier. Cette abstention, en dépit des explications toutes plus alambiquées les unes que les autres, devrait être pour les politiques de tous les bords, la plus vive des préoccupations.

Pas de surprise non plus du côté des élus du FN  ;  ils ne sont finalement que deux dans les départements et les commentateurs se plaisent à signaler bêtement et en boucle cette modeste représentation effective par rapport à la totalisation des voix de ce parti au niveau national. Il n’y a pourtant absolument pas lieu  de s’en étonner compte tenu du type de scrutin et d’une répartition des sièges qui favorise ceux qui rassemblent largement au-delà de leur base militante et franchissent la barre de la majorité absolue des suffrages exprimés. C’est un seuil qui demeure le plus souvent infranchissable pour le FN, « front républicain  » ou pas. Au final ce dernier enregistre un peu plus de 11% des voix au niveau national et l’on mesure mieux aujourd’hui l’énorme facétie qui s’est déroulée devant nos yeux avec cette cacophonie et ces cris d’orfraie après le premier tour. Cette palinodie n’aura même pas servie à mobiliser les électeurs potentiels des partis de gouvernement. “Malgré un échec relatif sur le nombre d’élus, Marine Le Pen a vu dans ses scores du second tour des cantonales le signe d’”un vote d’adhésion” pour son parti et plus seulement d’un vote de protestation”. Cela reste à prouver.

Pour ce qui concerne le PS, la victoire est incontestable; il devra cependant l’appréhender avec précaution, tant il est vrai que le total des gauches est majoritaire (49,9%)  mais avec des nuances en demi-teinte : une percée incontestable des verts et du “front de gauche”. Cette nouvelle répartition des voix de gauche marque un rééquilibrage qui ne fait plus du PS le mastodonte super dominateur qu’avait su imposer François Mitterrand. Ce rééquilibrage et la réélection attendue de François Hollande à la tête de la Corrèze, associée à l’annonce imminente de sa candidature à la candidature pour 2012, comportent tous les questionnements d’une période difficile à gérer pour le parti de “l’alternance”. Martine Aubry le déclare, le PS a “un devoir de victoire” pour 2012; c’est une chose de le dire mais sans doute plus difficile qu’il n’y paraît à réaliser.

Personne n’aura été surpris non plus par la défaite de l’UMP, à nouveau dans des élections intermédiaires. On le sait, elles ne sont en général pas favorables à la formation qui assume la responsabilité du pouvoir exécutif national. Les revers de Mme Merkel en Allemagne en attestent. Avec un peu moins de 36% seulement des suffrages au niveau national, il apparaît difficile pour la formation au pouvoir de faire sauter les bouchons de Champagne. Certes, Jean-François Copé est heureux pour son département et souligne malicieusement la perte par le PS du Val d’Oise , fief de DSK. Une hirondelle ne fait pas le printemps et il est préférable effectivement de parler du Val d’Oise plutôt que des péripéties des Hautes-Seine se terminant à l’avantage d’un Patrick Devedjian conforté et d’une Isabelle Balkany battue. Mais attention aux petits combats qui peuvent parfois engendrer de grandes conséquences.

Croyez-vous un instant que le non-événement génère le vide ? Pas du tout : il n’en faut pas plus pour relancer dès le soir d’un scrutin à peine analysé, la corrida des sondages pour 2012 ! Sur toutes les enquêtes ainsi pratiquées, en rafale, Nicolas Sarkozy se retrouve éliminé du second tour de la présidentielle future, quel que soit le candidat(e) de la gauche, Hollande compris, avec un bonus pour DSK … A peine fini, c’est reparti !

Entre nous … Ils doivent bien rire les 55% d’abstentionnistes devant ces interprétations d’un message qu’ils ont refusé d’envoyer, et même les autres … Les Français sont de sacrés farceurs !