À bout de souffle ? À pleins poumons !

Par Mcetv

Quand la caméra filme la vélocité, la spontanéité, l’irrévérence… Le cinéma devient enfin palpitant. À bout de souffle de Jean-Luc Godard est sorti en 1960 et reste une pièce unique d’impertinence


Jean-Paul  Belmondo, à pleine vitesse au volant de la voiture qu’il vient de voler, s’adresse directement au spectateur, le regard vissé dans le sien : « Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville… Allez vous faire foutre ! » Le ton est donné, ça va vibrer.

Bébel incarne un délinquant qui veut vivre plus vite qu’il ne respire. Amoureux du défi, voire même du danger, il dérobe une voiture, pour aller de Marseille à Paris, mais l’histoire tourne évidemment mal. Et il tue un gendarme.

En cavale à Paris, il retrouve la craquante Jean Seberg. Pétillante, elle figure la jeune fille sage, mais de caractère. Ni femme fatale, ni vénéneuse, elle n’est pas non plus l’ingénue abandonnée à la bonté extrême. Non. Elle incarne une nouvelle héroïne.

Elle s’autorise à être amoureuse, imprudente, insolente, parce qu’elle veut vibrer : pourtant elle reste droite. Son sex-appeal fait tourner la tête d’un Belmondo impertinent qui perd la réalité de vue et sombre dans l’illusion. Plus la réalisation semble réaliste, plus la mise en scène est naturelle et plus l’homme s’évapore au service de l’impossible. La soif de vie, la quête de liberté et d’absolu enracinent le film dans la modernité. Les deux jeunes gens n’ont pas pris une ride à l’écran : le noir et blanc renforce même l’impétuosité du duo le plus sensuel de la Nouvelle Vague.

À bout de souffle, Jean-Luc Godard, 1960, avec Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg, Daniel Boulanger…

Bénédicte Crabouillet