Un diagnostic à 65$… sur Skype

Publié le 28 mars 2011 par Suzanneb

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Nos représentants élus DEVRAIENT NOUS PROTÉGER contre l'appétit des industriels... mais ils préfèrent se remplir les poches !

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Par suzanne

Migraine, manque d’estime de soi, acné, fatigue, cholestérol, difficulté à gérer la colère, rides et ridules, dépression: Nancy Chénier offre sur son site www.votredocteurprive.com… des consultations par le système de communication Skype au tarif de 65$ l’heure. Et elle offre même des conseils de santé pour votre chien à 12,99$ la question.

Nancy Chénier, qui se présente comme «docteure», est très active sur Twitter. Elle soutient que «tous les maux débutent dans l’intoxication du système digestif». Elle affirme qu’il faut éviter de manger du blé parce qu’il «produit de la colle dans les intestins» et que le «cancer évolue bien dans un corps acide et rempli de toxines».

Afin d’en savoir plus sur les services qu’offre Mme Chénier, La Presse a demandé une consultation pour un problème de migraines chroniques. Dans les secondes suivantes, un accusé de réception nous a fait savoir que la demande serait traitée dans les plus brefs délais.

Questionnée sur sa formation et ses soins, Mme Chénier a dit qu’elle était naturopathe. Elle a offert une consultation sur Skype pour 65$ l’heure. Si l’on n’a pas accès à Skype, on n’a qu’à remplir un questionnaire (liste des médicaments, alimentation quotidienne, produits naturels, nature et quantité de liquides bus, tabagisme) pour recevoir une réponse détaillée au coût de 32,99$.

Pas une docteure

La loi qui encadre la pratique de la médecine au Québec est assez claire: il est illégal de se donner le titre de médecin ou de prétendre être habilité à exercer la médecine à moins de détenir un permis du Collège des médecins du Québec. La loi énumère aussi les actes «réservés» aux médecins, notamment le fait «d’exercer une surveillance clinique de la condition des personnes malades dont l’état de santé présente des risques, de déterminer le traitement médical ou de prescrire les médicaments et autres substances».

Chaque année, le Collège reçoit environ une cinquantaine de demandes d’enquête pour exercice illégal de la médecine et usurpation du titre de médecin. De ce nombre, en 2009-2010, cinq enquêtes ont débouché sur des poursuites devant les tribunaux. Une quinzaine de cas se sont terminés par un aveu de culpabilité et un règlement à l’amiable.

Or, non seulement Nancy Chénier n’est pas médecin, mais elle n’est pas non plus naturopathe, a-t-elle admis lorsque La Presse l’a jointe de nouveau. «Je suis en autoformation depuis trois ans et en processus avec le Collège des médecines douces», a-t-elle écrit par courriel, sans répondre à une demande d’entrevue téléphonique. Ken Holland, de la direction des enquêtes du Collège des médecins sur l’exercice illégal de la médecine, était retenu par des audiences hier, mais il doit vérifier si ce dossier fait déjà l’objet d’une enquête, a expliqué la coordonnatrice aux relations publiques, Leslie Labranche.

Valérie Avid, porte-parole du Collège des médecines douces, où il faut plus de 1500 heures de cours afin d’obtenir un diplôme de naturopathe, a pour sa part affirmé que Mme Chénier n’est inscrite à aucun cours. «Hier, comme par hasard, elle a appelé pour prendre de l’information, a-t-elle ajouté. Déjà, c’est grave qu’elle se donne le titre docteur sur son site internet. Ça ne se fait pas, nous ne sommes pas médecins. En plus, elle n’aide en rien notre profession, qui peine déjà à se faire reconnaître.»

Pas pour les chiens

L’Association des naturopathes agréés du Québec (ANAQ), auprès de laquelle les naturopathes peuvent s’inscrire une fois leur diplôme obtenu, partage cet avis. «Nous ne faisons pas de naturopathie pour chiens, a ajouté le porte-parole, Gilles Parent, outré par les prétentions de Mme Chénier. Cette pratique est réservée aux vétérinaires. De plus, nous ne considérons pas que «tous les maux débutent dans l’intoxication du système digestif». La naturopathie considère que la santé est une question d’équilibre.»

À l’ANAQ comme au Collège des médecines douces, on encourage la population à dénoncer toute pratique douteuse. «On ne peut pas agir juridiquement contre les charlatans parce que le gouvernement ne nous a pas permis de nous doter d’un ordre professionnel, déplore M. Parent. C’est dommage, car il y a actuellement toutes sortes d’associations, de formations de naturopathe. Nous estimons qu’un ordre professionnel serait la meilleure façon d’encadrer la profession.»

En 1992, l’Office des professions du Québec a mandaté 300 experts pour se pencher sur la possibilité de doter les différentes médecines douces d’ordres professionnels. Dans son rapport, l’Office a conclu que la naturopathie n’a aucune base scientifique. Depuis, les acupuncteurs ont obtenu l’autorisation de se regrouper dans un ordre professionnel. «L’ostéopathie est actuellement à l’étude, a ajouté Lucie Boissonneault, porte-parole de l’Office. Mais dans le cas de la naturopathie, il n’y a jamais eu d’éléments nouveaux permettant de rouvrir le dossier. Et ce qu’il faut souligner, c’est que la loi exige que la formation soit reconnue par l’État.»

La Presse - Un diagnostic à 65$... sur Skype – Sara Champagne – 25 mars 2011

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Références pour ce billet

  1. http://www.votredocteurprive.com
    http://www.votredocteurprive.com
  2. La Presse - Un diagnostic à 65$... sur Skype – Sara Champagne – 25 mars 2011
    http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201103/25/01-4382978-un-diagnostic-a-65-sur-skype.php