The curse of the golden flower

Publié le 29 mars 2011 par Sébastien Michel
Film disponible en DVD
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Le retour de l'Empereur pour la fête du chrysanthème coïncide au climax de tous les complots qui se trament dans son dos. Alors que ses trois fils ont des rêvent de succession bien différents, l'Impératrice met la touche finale à un coup d'état fomenter depuis bien longtemps. Mais l'Empereur est-il à ce point si naïf ? Zhang Yimou, c'est d'abord la science de la démesure. Tout n'est que perpétuelle surenchère visuelle et numérique. Les armées sont monumentales, les décors très chargés et des plus chamarrés. Le réalisateur se donne les moyens de donner à son film beaucoup d'allure et une importance démesurée. Il faut aimer le style, d'autant plus que le long-métrage se compose principalement de deux parties : d'un côté, la mise en place de l'histoire, des personnages et des relations (souvent licencieuses) entre eux ; de l'autre, la guerre. Si la première est franchement longuette et très bavarde, la seconde met du temps à se mettre en place et fait furieusement échos au « Seigneur des Anneaux ». Oubliés les combats stylés où la chorégraphie transcende les images ? Oui, et c'est vraiment dommage car c'était surtout là que résidait la force de ce genre de cinéma. On assiste donc à des vagues de soldats se foncer les unes sur les autres sans jamais atteindre la poésie et l'exhalation du chef-d'œuvre de Peter Jackson.

Néanmoins, cette démesure est accompagnée d'un travail visuel toujours aussi saisissant mais qui repose un peu sur les mêmes principes des précédents films de Zhang Yimou. Donc oui, c'est beau, c'est de l'hystérie collective en matière de figurants, de couleurs, de décors, mais ce sont toujours le même genre d'artifices, les mêmes ficelles. A force d'avoir recours aux mêmes moyens, les images finissent par s'appauvrir de film en film, elle perdent leur dimension poétique et épique. Par ailleurs, on commence à s'habituer à la Chine médiévale, ce n'est pas donc dans ce film qu'on apprendra quoi que ce soit sur les mœurs et coutumes de l'époque.
Ce qui est surtout gênant dans « The curse of the golden flower », c'est que l'on retrouve encore le côté très manichéen de ses récits. Déjà vu dans « Hero » et « Le secret des poignards volants », il existe une vérité et une contre-vérité, il existe un bien et un mal, souvent traduits par des codes couleurs très appuyés et pas spécialement fins. Ces films deviennent donc assez vite indigestes et perdent automatiquement la poésie qui devrait se dégager de ces combats éthiques où le bien et le mal ne sont finalement qu'une question de point de vue.
Curieusement, le long-métrage de Zhang Yimou dérange aussi de part sa tendance à produire de l'anachronisme, à mettre ensemble des éléments qui semblent en total contradiction avec l'époque mise en scène. On veut bien croire aux milliers de serviteurs, aux armées aux proportions bibliques, aux gigantesques citadelles… Mais les décolletés pigeonnants, les couleurs flashy-turbo-gay, les lentilles de contact de Chow Yun-fat, les coucheries totalement improbables, c'est vraiment de trop.
Là où le film calme son monde, c'est avec son casting en or massif. En pur guest, pour la forme et la cool attitude du seigneur de guerre, Zhang Yimou se paie le luxe d'avoir une des plus grandes stars du cinéma de Hong Kong de tous les temps, l'immense Chow Yun-fat. S'il est loin de forcer son talent et si son mandarin ressemble plus à de la phonétique qu'à autre chose, ses apparitions sont toujours tripantes à souhait, avec le gage d'une interprétation juste grâce à des années de métier. Pour lui donner la réplique, il y a la sublime Gong Li qui abandonne les habits de geisha pour les très chargées parures d'impératrice. Aussi touchante que létale, son interprétation est en tout point remarquable. A noter la participation dans cette super production du jeune Jay Chou, gigantesque star de la chanson en Asie, qui souffre encore d'un certain amateurisme et d'un léger strabisme quand même un tantinet gênant.
Au final « the curse of the golden flower » se révèle sans surprises. Reposant sur un gros travail visuel et une distribution prestigieuse, le dernier long-métrage de Zhang Yimou n'atteint jamais l'onirisme et la poésie que pourrait prodiguer ce genre de cinéma, d'autant plus qu'à aucun moment, l'histoire n'est à la hauteur du reste. Un film de commande calibré pour l'Occident en somme… le tout est de savoir combien de temps cela va durer ?