Inventaire national des paratonnerres radioactifs

Publié le 29 mars 2011 par Toulouseweb
Paratonnerres radioactifs, la chasse est ouverte !
Le saviez-vous ? En France, des dizaines de paratonnerres radioactifs dispersés au-dessus de tout le territoire menacent la santé du public. Ils n’ont jamais été inventoriés. Un nouveau site Internet propose de mobiliser les internautes pour pallier cette lacune.
C’est au début du XXe siècle que le physicien hongrois Léo Szilárd, futur co-créateur de la Bombe A, eut l’idée de renforcer artificiellement l’ionisation de l’air autour de la pointe des paratonnerres destinés à nous protéger de la foudre. Il espérait ainsi augmenter leur efficacité. Seulement voilà, à cette époque, la technique la plus simple consistait à utiliser les facultés ionisantes du radium 226. Des sociétés françaises s’emparent alors du brevet et construisent des centaines de milliers d’appareils gavés de radionucléides. Ils sont en grande partie exportés dans le monde entier, en particulier dans nos anciennes colonies.
Bien qu’ils aient été interdits à partir de 1987, on estime qu’en France métropolitaine, il en aurait installé entre 30 000 et 50 000. En fait personne ne sait précisément combien ni les constructeurs, ni même les services décentralisés de l’état chargés de la radioprotection et de la gestion des déchets radioactifs (ASN, IRSN, ANDRA 1). Ils n’ont jamais été inventoriés !
Sur un toit d’EDF à Toulouse
On en trouve partout, sur des clochers, des hôpitaux, des écoles, des HLM, des usines, des châteaux etc. Ils dominent les plus grandes villes comme les plus modestes hameaux. Le plus souvent leurs propriétaires comme les édiles ne savent rien de la dangerosité de ces appareils. Vieillissantes, les sources radioactives en principe scellées qu’elles contiennent se dégradent avec le temps. Le radium 226 et/ou l’américium 241 2 peuvent alors se répandre dans la nature. Cela se produit tous les jours. Dans le centre de Toulouse, un appareil cassé a même été découvert au dessus d’un bâtiment administratifs …d’EDF ! Et les responsables n’étaient bien sûr pas au courant.
Safari-radium
Plus grave, les incidents soumis à classification et procès-verbal de l’ASN se multiplient. Du simple parad jeté en déchetterie à l’invraisemblable stock illégal de plusieurs centaines d’appareils découvert l’an dernier par les autorités. Il était temps d’agir. C’est ce que propose un nouveau site Internet toulousain intitulé :

Paratonnerres radioactifs : la chasse est ouverte !
Très documentées et abondamment illustrées, on découvre au fil des pages du site les modèles toxiques qu’il s’agit de photographier et de localiser sur une carte en ligne. Vous saurez aussi tout sur la législation encadrant ces appareils, leur dépose et leur transport. Un concours photo récompensera enfin les meilleures images de parads.
Un site original et d’utilité publique qui fait appel à la contribution citoyenne des internautes qui participent ainsi à un amusant « safari-radium ».
Encadré
Le 14 mai 1783, le Sieur de Vissery, avocat et scientifique de Saint-Omer est jugé à Arras. Son crime? Il a installé un paratonnerre sur le toit de sa maison, mais son voisinage redoute que l’engin n’attire la foudre et mette le feu à toute la ville. Brillamment défendu par un jeune avocat nommé Maximilien de Robespierre, le physicien est acquitté par le tribunal. Mais Robespierre n’imaginait pas que deux siècles plus tard, des dizaines de milliers de paratonnerres radioactifs (parads) menaceraient réellement la santé du public.
Au XVIIIe siècle, la nouvelle invention de Benjamin Franklin, destinée à conduire l’énergie de la foudre dans le sol afin de protéger les constructions, est simplement constituée d’une tige en métal qui domine les bâtiments et d’un câble qui la relie à la terre.
1) ASN = Autorité de sûreté nucléaire, IRSN = Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, Andra = Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.
2) Le radium 226 et l’américium 241 sont des éléments radioactifs (radionucléides) connus pour leurs effets cancérigènes et mutagènes sur les organismes vivants. Leur « période » ou demi-vie, soit le temps nécessaire pour qu’ils perdent la moitié seulement de leur radioactivité est de 12 000 ans pour le radium 226 et de « seulement » 400 ans pour l’américium 241.

Horraire
Permanent
Lieu
France
Mail
jc.tirat@orange.fr
Téléphone
06 70 90 30 12
Site Web
www.paratonnerres-radioactifs.fr